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Dopage, médication, contamination, etc.: de quoi parle-t-on?

09 août 2015 08:00

La récente découverte de substances prohibées dans les échantillons prélevés dans des compétitions internationales sur trois chevaux suisses a amené de nombreux commentaires, tant dans les médias que dans le grand public. Ces commentaires montrent que ce sujet déclenche toujours des réactions passionnées mais que, bien souvent, les connaissances de base font défaut, ce qui conduit à des déclarations erronées, réductrices ou pour le moins incomplètes. Essayons donc d’y voir un peu plus clair dans cette thématique compliquée, qui mêle sport, droit, pharmacologie, chimie et bien-être des chevaux.

Qu’est-ce que le dopage?
La définition de l’Agence Mondiale Antidopage, qui est reprise par la FEI, déclare qu’il y a dopage quand les règles anti-dopage sont violées et qu’elles le sont, entre-autre, quand il y a «présence d’une substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs dans un échantillon». Le fait que cette substance ait été volontairement administrée ou non ne joue donc pas de rôle dans cette définition. Il existe d’autres violations telles que le refus d’un contrôle, la possession de substances interdites ou le trafic de telles substances. 

Mais pour les dictionnaires et pour le grand public, le dopage est le fait d’administrer, en vue d’une compétition,  des substances modifiant la performance, la plupart du temps de façon à l’augmenter. Il est clair que cette pratique est particulièrement choquante, puisqu’il y a là une volonté de tricher, parfois au détriment même de la santé ou du bien-être de l’athlète, humain mais surtout animal.

De quels produits parle-t-on?
En 2009, la FEI a mis en place une nouvelle «Réglementation antidopage et médication contrôlée pour les chevaux». Cette réglementation classe les substances prohibées en deux catégories, les substances interdites («banned substances») et les substances de médication contrôlée («controlled medication substances»). Cette dernière catégorie contient des produits qui ont une utilisés en tant que médicaments mais qui, parce qu’ils peuvent influencer la performance, ne doivent pas se trouver dans le corps du cheval quand il est en compétition.

Les «banned substances», elles, n’ont pas d’utilisation thérapeutique, leur présence ne peut donc pas être justifiée par un traitement, à quelque moment que ce soit. La liste des substances prohibées et leur classification en «banned» ou «controlled» est revue chaque année, pour s’adapter aux nouvelles découvertes et à l’évolution des connaissances.

Où trouve-t-on ces produits?
Les substances prohibées peuvent se trouver à plusieurs endroits. Il y a bien sûr tout d’abord les substances dopantes au sens le plus restrictif, c’est-à-dire celles dont le seul effet est de modifier la performance. En principe, elles ne se trouvent pas dans les médicaments vétérinaires mais on peut les rencontrer surtout dans certains produits destinés à l’homme. Elles peuvent aussi être fabriquées.

Une deuxième origine possible est bien sûr les médicaments, qu’ils soient utilisés pour soigner une maladie ou pour modifier une performance, ce qui est aussi possible. Il est parfois difficile de savoir dans quel but et comment le ou les produits ont été administrés et s’il s’agit donc d’une vraie volonté de tricher ou d’une négligence plus ou moins coupable.

Enfin des substances prohibées peuvent se trouver dans des plantes, dans divers fourrages et aliments ou dans des compléments alimentaires et des phytothérapeutiques. Il est donc important de bien contrôler leur source et leur composition. Mais lorsque les aliments ou compléments sont d’origine végétale, leur composition peut même varier d’un lot à l’autre, ce qui rend ce contrôle difficile. 

Lorsque des substances prohibées se sont introduites dans des aliments, des compléments alimentaires ou des phytothérapeutiques de façon imprévue et non volontaire, on parle de contamination. Ces contaminations peuvent avoir lieu aussi bien avec des substances «banned» qu’avec des substances «controlled».

Qu’est-ce que le délai de détection?
C’est le temps après lequel on ne trouve plus, ni dans le sang ni dans l’urine, de trace d’une substance ou de ces métabolites. Ce temps dépend de nombreux facteurs dont la dose, la façon dont la substance a été administrée (dans la nourriture, par injection intramusculaire ou intraveineuse, par application locale), le métabolisme propre de chaque cheval.

Ce délai est plus long que le «délai de retrait» qu’on trouve sur les emballages de médicaments et qui n’indique que le temps qu’il faut attendre pour pouvoir commercialiser la viande, le lait ou les œufs des animaux traités!

Qui est la «personne responsable»?
Il s’agit toujours du cavalier (ou du meneur) qui concourt avec le cheval. D’autres personnes (propriétaire, groom, vétérinaire, etc.) peuvent aussi avoir une coresponsabilité mais, quoiqu’il arrive, le cavalier restera la personne responsable au premier chef.

Quelles sont les sanctions encourues?
La FEI prévoit des sanctions différenciées selon la catégorie de substance prohibée. Les substances «banned» entrainent automatiquement une suspension provisoire du cheval et du cavalier, quelle que soit l’origine de ces produits. Par la suite, suivant les explications fournies, le tribunal de la FEI prendra des sanctions plus ou moins lourdes mais qui seront, dans la plupart des cas, plus sévères que s’il s’était agi d’une substance «controlled».

Pour ces dernières substances, la FEI prévoit que, s’il n’y a qu’une seule substance et qu’il s’agit de la première infraction, on puisse recourir à une procédure administrative qui accélère le processus. C’est la solution que choisissent souvent les personnes qui reconnaissent avoir fait preuve de négligence, par exemple en n’attendant pas assez longtemps avant d’engager le cheval en compétition après un traitement. Dans les cas où on trouve plusieurs substances ou dans les cas de récidive, c’est la procédure complète qui est appliquée.

Quelles que soient les substances, les sanctions comprennent la disqualification (qui est inévitable) ainsi que des suspensions qui peuvent être de durée variable, pour le cheval comme pour le cavalier et une amende d’un montant variable en fonction de la gravité du cas.

Nicole Basieux

Une réflexion éthique

Si un cheval a besoin, peu avant une compétition, d’un traitement suite à une blessure ou à une maladie, il ne s’agit pas seulement de tenir compte du temps de détection des médicaments! Chaque cavalier devrait également se poser la question de savoir si, suite à ce problème de santé, le cheval est de nouveau en forme et bien entraîné pour participer à une compétition. Selon la maladie ou la blessure, le cheval a besoin d’un temps de convalescence avant qu’il puisse à nouveau être engagé en compétition. La devise est donc: «Ne pas forcer!»

Comment cela se passe-t-il en Suisse?

En principe la FSSE applique par analogie la réglementation FEI. En particulier elle utilise la liste des substances prohibées de la FEI. Quelques petites modifications par rapport aux règlements FEI sont faites pour tenir compte des spécificités des épreuves nationales. Les sanctions sont semblables à celles de la FEI et chaque cas est jugé indépendamment.

Comment diminuer le risque d’avoir un contrôle positif?

  • Faire très attention à tous les produits alimentaires et complémentaires utilisés. S’assurer qu’ils ne contiennent pas de substances figurant dans la liste des substances prohibées.
  • Demander si nécessaire des précisions sur la composition et renoncer à utiliser les produits dont les producteurs ne peuvent ou ne veulent pas donner la composition.
  • Eviter l’automédication et n’utiliser des médicaments qu’en accord avec le vétérinaire en lui précisant bien quel est le planning de compétition.
  • Vérifier régulièrement la liste des substances prohibées, puisqu’elle est actualisée chaque année.
  • Ne pas utiliser les mêmes mangeoires ou seaux pour des chevaux recevant des médicaments et pour des chevaux qui n’en reçoivent pas. Dans la mesure du possible, ne pas utiliser de traitements oraux (= médicaments mélangés à la nourriture).
  • Ne pas changer les chevaux de boxes et, en particulier, ne pas mettre des chevaux qui n’ont pas de médicaments dans les boxes de chevaux en traitement.
  • Ne pas utiliser des médicaments pour des humains.
  • Bien distinguer entre les dispositions anti-dopage pour les chevaux et pour les athlètes humains.
  • Faire attention avec des informations trouvées sur internet.
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