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Dossier: Formation

Un blocage dans la tête ou la peur de la réussite

17 octobre 2016 09:02

Le cavalier et son cheval sont physiquement en forme et s’entraînent de manière optimale – l’on pourrait penser que tout va bien, mais la paire n’arrive pas à atteindre les mêmes performances en compétition. Qu’est-ce qui ne va pas? Peut-être que le cavalier se crispe, ne respire plus correctement ou a tout simplement peur de commettre une erreur. Dans une situation comme celle-ci, l’entraînement mental peut offrir des techniques intéressantes à l’athlète pour surmonter de telles difficultés.

La préparation mentale ne remplace pas l’entraînement avec le cheval ou les exercices de fitness du cavalier, elle peut cependant accompagner l’entraînement et aider à surmonter différentes situations, peu importe la discipline équestre pratiquée. Des facteurs perturbateurs, en particulier des distractions, des difficultés ou des problèmes peuvent survenir partout, que ce soit par exemple l’environnement qui influence surtout les jeunes cavaliers et cavalières, les parents, l’école, les amis ou l’ambiance un peu tendue sur la place d’échauffement.

Il est aussi impératif de résoudre les problèmes qui surviennent pendant les jours de préparation avant la compétition (par exemple des erreurs techniques dans les reprises à préparer). Si ces problèmes ne sont pas réglés, le cavalier risque de les mémoriser et de ne plus réussir à se concentrer ensuite. Tous ces facteurs peuvent déstabiliser le sportif et bien-sûr aussi son cheval, les chevaux étant des animaux très sensibles qui sentent souvent exactement comment se porte leur cavalier.

Les responsables de la relève des disciplines dressage et saut de la Fédération Suisse des Sports Equestres sont d’accord: «La possibilité de s’entraîner également au niveau mental est une aide supplémentaire, en particulier pour les jeunes cavaliers et cavalières», confirme Cornelia Notz, cheffe de l’équipe Saut Children et responsable de l’entraînement mental des cavaliers de la relève de saut depuis 2016. La responsable de la relève de la discipline dressage Heidi Bemelmans est du même avis:

«Lorsque la tension monte chez les participants, surtout avant des championnats et des compétitions importantes, un coach mental vaut de l’or.»

Elle raconte que l’équipe poney de cette année a pu participer à un championnat d’Europe pour la première fois. Lors du dernier entraînement, la coach mentale Esther Müller (cf. encadré) était également présente et a contribué à souder l’équipe. «Cela faisait vraiment plaisir à voir comment les jeunes se sont encouragés et soutenus mutuellement tout au long de la compétition», explique Heidi Bemelmans.

Essayer et découvrir

Cornelia Notz montre toujours différentes techniques à ses protégés, une des plus importantes étant la réflexion. De courts exercices de respiration peuvent également aider à contrôler un pouls trop élevé et favoriser la concentration. Les jeunes cavaliers aiment expérimenter et sont encore très ouverts à ce genre de techniques, les athlètes ayant déjà accompli de grands succès ne sont pas autant réceptifs. Mais les sportifs d’élite ont aussi leurs rituels qui font également partie d’une préparation mentale. Au final, ce qui fonctionne bien et qui convient à l’athlète ne devrait pas être changé. Un entraînement mental est quelque chose de très individuel et requiert avant tout l’envie, la motivation et le temps de l’athlète.

D’un point de vue général, c’est toujours l’être humain qui se trouve au premier plan: «Je demande par exemple aux cavaliers de s’observer eux-mêmes. Sur quoi se concentrent-ils lorsqu’ils montent à cheval? Sont-ils vraiment concentrés sur eux et leur cheval? Ou est-ce qu’ils se laissent distraire par les conditions externes?», explique Cornelia Notz. Il y en a plus d’un qui remarque alors qu’il attend des choses presque impossibles de son cheval et de lui-même car il n’est pas à son affaire mais complètement ailleurs avec ses pensées.

Pour Cornelia Notz, la préparation mentale est quelque chose de très positif pouvant contribuer à ce que les cavaliers de la relève réussissent le passage au niveau élite, qu’ils aient du succès et surtout qu’ils soient et restent heureux. La force mentale peut décider de la victoire ou de la défaite dans des situations de compétition très serrées.

«Les cavaliers heureux restent plus longtemps dans le sport et sont aussi plus satisfaits et sereins avec leurs chevaux au quotidien»,

dit-elle.

«Le sport d’élite est très exigeant de nos jours. Il n’est plus suffisant de bien monter techniquement, d’être très concentré et d’avoir de bons chevaux à disposition. Beaucoup de choses se jouent au niveau mental», confirme également Heidi Bemelmans, responsable de la relève de dressage suisse. Les vainqueurs sont ceux qui savent agir, pas seulement réagir, et qui forment une unité avec leur cheval.

Nicole Basieux

Trois questions à une coach mentale internationalement reconnue

Esther Müller est psychologue de formation et s’est spécialisée dans le domaine du coaching individuel. Elle est préparateur mental de sportifs d’élite et amateurs. Sa clientèle est composée de pilotes de Formule 1, de judokas, d’arbitres internationales de football tout comme d’employés et d’étudiants. Elle travaille également avec différents cavaliers et cavalières suisses issus de diverses disciplines, catégories et niveaux de performance.

«Bulletin»: Esther Müller, à quoi sert la préparation mentale en équitation?

Esther Müller: L’entraînement mental est un élément très important lorsque l’on se prépare à une performance avec laquelle l’on espère atteindre les objectifs fixés. Le cerveau joue un rôle très important déjà bien avant que l’on effectue un mouvement. Il fonctionne un peu comme un GPS, et ce pas uniquement pour les athlètes dans les sports équestres mais aussi pour pratiquement tous les domaines de la vie.

Comment travaillez-vous avec les athlètes qui viennent vous voir?

Tout d’abord, je dois rencontrer ces athlètes personnellement. C’est très important car il faut que le courant passe entre l’athlète et moi. Cela ne sert à rien d’aller voir un coach avec lequel l’on ne se sent pas bien ou en qui l’on a pas confiance. Si le courant passe entre nous, j’essaie de définir avec la personne quels sont ses besoins et ses objectifs. J’essaie toujours de coacher mes clients de manière complète, ce qui signifie que j’essaie aussi d’analyser l’environnement dans lequel ils vivent. Après cette analyse, l’athlète reçoit des exercices personnels qu’il doit faire régulièrement de manière indépendante. En tant que coach, je me vois un peu comme des roues d’appoint stabilisant le vélo sur lequel se trouve l’athlète jusqu’à ce qu’il puisse continuer son chemin sans ce soutien.

Quel genre d'exercices individuels vos sportifs doivent-ils effectuer?

Il y a eu beaucoup de progrès dans ce domaine ces dernières années. Ce sont des exercices très pratiques. À l’époque, l’on s’imaginait que lors de l’entraînement mental, le sportif fermait simplement les yeux afin de visualiser la compétition ou les mouvements à effectuer. Mais le coaching mental que je propose va bien plus loin: il stimule et relie les différentes zones du cerveau qui doivent fonctionner et inter-agir de manière optimale afin d’atteindre le succès.

Plus d’informations: www.mentalskills.ch

Exercices de concentration et de relaxation composés par «Sport-time»

Déjà dans les autres parties de la série sur la condition physique du cavalier parue dans le «Bulletin», différents aspects très importants concernant l’entraînement physique du cavalier ont pu être démontrés. Les différents contenus peuvent également être consultés sur le site web www.fnch.ch sous Cheval + > Dossiers > Formation. Le «Bulletin» et «Sport-time» vous souhaitent beaucoup de plaisir et de succès avec les exercices suivants!

Relaxation-éclair
Inspirer par le ventre, en expirant, détendre les muscles d’un coup comme lors d’un coup de foudre, laisser tomber les épaules, se détendre de plus en plus avec chaque inspiration.

Visualiser une marionnette avachie après que tous ses fils aient été coupés.

Source: Seiler & Stock, Handbuch Psycho-Training im Sport – Methoden im Überblick, Rowohlt Taschenbuch Verlag GmbH, 1994.

Décontraction progressive des muscles
Lors de la décontraction des muscles, l’on contracte d’abord intentionnellement un groupe de muscles au maximum avant de le décontracter ensuite complètement. Grâce au contraste entre la contraction et la décontraction, cette dernière apparaît plus clairement.

• Prendre une position assise confortable

• Faire le poing avec la main droite, contracter le bras droit au maximum

• Maintenir la contraction 3-5 secondes

• Ouvrir le poing, décontracter le bras

• Prendre conscience de la décontraction pendant 20-30 secondes

• Répéter l’exercice 2 fois, passer ensuite au bras gauche

Il est aussi possible de contracter et décontracter d’autres groupes de muscles.

Source: Seiler & Stock, Handbuch Psycho-Training im Sport – Methoden im Überblick, Rowohlt Taschenbuch Verlag GmbH, 1994.

Exercices au ralenti
Réduire la vitesse des mouvements et tout faire au ralenti, par exemple aussi parler à quelqu’un au ralenti.

Source: Bender&Draksal, Das Lexikon der Mentaltechniken – Die besten Methoden von A bis Z., Draksal Fachverlag Leipzig, 2009.

Compter intérieurement
Fermer les yeux, commencer à compter intérieurement en ne pensant qu’aux nombres. À chaque fois qu’une autre pensée apparaît (par ex. Que vais-je faire aujourd’hui?), recommencer à compter à zéro.

Source: Bender&Draksal, Das Lexikon der Mentaltechniken – Die besten Methoden von A bis Z., Draksal Fachverlag Leipzig, 2009.

Avant la compétition: visualiser et se concentrer encore une fois. Avant la compétition: visualiser et se concentrer encore une fois.

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