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«De l’excellent sport équestre – avec une invitation à la réflexion»

15 octobre 2014 13:41

L’une des tâches du chef de la délégation est, également, de veiller à la bonne humeur au sein de l’équipe L’une des tâches du chef de la délégation est, également, de veiller à la bonne humeur au sein de l’équipe

Les Jeux Equestres Mondiaux 2014 en Normandie appartiennent maintenant au passé. Avec un peu de recul et distance géographique, la Fédération Suisse des Sports Equestres FSSE tire un premier bilan, lors de son entretien avec le chef de la délégation Claude Nordmann.

«Bulletin»: Claude Nordmann, vous étiez plongé au cœur des WEG durant deux semaines. Que vous est-il resté de cette importante manifestation?
Lorsque je repense aux WEG, il me reste de magnifiques impressions d’un très beau sport équestre ainsi que d’une très bonne ambiance. Pour les athlètes et les personnes officielles, l’événement était vraiment réussi. La manière dont les spectateurs l’ont vécu est un autre sujet. Mais, pour les participants, les compétitions étaient bien organisées: les aspects techniques tels que les types de sol ainsi que les infrastructures ont été parfaitement gérés par les organisateurs – malgré des conditions météorologiques  parfois défavorables.
Toutefois, il y a eu à mon avis également quelques points négatifs: en général, trop d’athlètes étaient au départ des diverses disciplines. Les épreuves étaient ainsi très longues et les écarts de performance entre les nations étaient parfois grands – voire même trop grands. Dans la discipline dressage par exemple, 100 paires étaient au départ, ce qui signifie huit heures de concours par jour. Ceci est tout simplement trop pour les cavaliers et les juges. Il serait certainement préférable de pouvoir réaliser des qualifications continentales avant les Jeux Equestres Mondiaux; celles-ci pourraient être endurcies mais toutefois restées plus accessibles que les critères de qualification pour les Jeux Olympiques d’été.

Le butin des cavaliers suisses aux WEG en Normandie consiste en trois médailles: bronze par équipe en endurance, bronze individuel en voltige dames et argent par équipe en voltige. Etes-vous satisfait?
Oui et non. Je suis très satisfait des résultats en endurance et en voltige. Ceux-ci étaient en fait mieux que prévu. Pour le saut d’obstacles, l’attelage et le reining, les performances sont restées inférieurs aux attentes.

L’endurance et la voltige appartiennent plutôt aux disciplines en marge des sports équestres et ne sont pas olympiques comme le saut d’obstacles, le dressage ou le concours complet. Pourquoi justement les cavaliers de saut suisses n’ont contre toute attente pas réussi à se placer dans les premiers rangs?
En premier lieu je tiens à préciser que la discipline voltige s’est beaucoup développée ces dernières années. Elle possède un grand avenir devant elle. En endurance, on trouve selon les statistiques de la FEI le deuxième plus grand nombre de licenciés.
(pensif) Quant à votre question pourquoi le saut d’obstacles n’a pas mieux réussi, je ne peux qu’émettre des suppositions. L’ambiance au sein de l’équipe était bonne et les préparatifs se sont déroulées de manière irréprochable.
L’équipe suisse ne s’était pas non plus présentée sous son meilleur jour lors des WEG dans le Kentucky il y a quatre ans. A Aix-la-Chapelle 2006, ils avaient pourtant atteint le cinquième rang. Les chevaux ont déjà souvent participé à de nombreux tournois de haut niveau dans la saison, et une certaine fatigue latente se fait quand même sentir chez l’un ou l’autre athlète de pointe. Par ailleurs, la Suisse possède très peu de chevaux de niveau en comparaison avec l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Grande-Bretagne. Il est donc nécessaire de gérer toute la saison de manière optimale avec ce petit nombre. 

Qu’a coûté l’expédition WEG à la FSSE?
Les comptes ne sont pas encore achevés. Nous pouvons toutefois dire que le budget a été tenu. Celui-ci était chiffré entre  400 000 et 500 000 francs suisses. La FSSE accumule chaque année des provisions, qui peuvent être engagées pour de telles grandes manifestations. En comparaison avec les autres nations, la Suisse ne peut malheureusement pas avoir recours à une grosse aide financière de la part de l’Etat ou de sponsors privés.

La voix de la critique se fait de plus en plus entendre: trop d’argent pour trop peu de rendement … trop d’argent dans les disciplines principales que sont le saut d’obstacles, le dressage ou le concours complet, mais trop peu dans les disciplines annexes, qui ont cependant fourni de bien meilleurs résultats du côté suisse aux WEG de cette année.
Lorsque l’on veut développer un sport, il faut impérativement une élite. C’est seulement ainsi que s’intéressent les sponsors qui investissent de l’argent. Une élite coûte beaucoup, mais elle apporte également plus financièrement que la base. Car sans élite, pas d’argent. C’est pourquoi l’élite doit impérativement prendre le départ de Jeux Equestres Mondiaux.
Quel est le problème? Pourquoi y a-t-il dans le sport équestre suisse seulement peu de sponsors, qui paient de gros montants?
Regardons en France, Allemagne ou Grande-Bretagne; la filière équine est énorme en comparaison avec la Suisse. Il s’écoule dans ces pays beaucoup d’argent, que ce soit dans l’élevage, dans le milieu des courses mais aussi dans d’autres disciplines telles que le saut d’obstacles ou le dressage. En France, le sport équestre occupe la troisième place lorsque l’on compte le nombre de licenciés. Dans chacun de ces trois pays, on compte une population de plus d’un million de chevaux  – en Suisse, elle n’est que de 100 000. Puisque l’industrie équine dans d‘autres pays représente un énorme secteur économique, le soutien de l’état est ­également sensiblement plus élevé. En Grande-Bretagne par exemple, une grande partie de l’argent provient des loteries. Le sport de pointe a généralement un poids plus important dans d’autres pays qu’en Suisse.

Revenons aux WEG. Est-ce que les critères de sélection devraient être renforcés dans certaines disciplines? Plus stricts que les critères de qualification de la FEI?
Dans la plupart des disciplines déjà, les critères de qualification suisses sont plus stricts que ceux de la FEI. C’était cependant une stratégie et une intention claire du comité de la FSSE, que lorsqu’il est possible et sportivement sensé, la Suisse devait prendre le départ avec une équipe – car les coûts n’étaient pas si exorbitants cette année. Voilà pourquoi il n’a peut-être pas été sélectionné dans chaque discipline de manière suffisamment stricte. Sur ce point, il faudra sûrement revoir nos idées sur la question pour 2018. D’un autre côté, l’attelage par exemple nous prouve qu’un brin de chance joue toujours un rôle dans la compétition, également lors des WEG: à cause d’une chute malheureuse durant le parcours de marathon, l’attelage à quatre de Werner Ulrich a été éliminé, laissant la place au nettement moins favori Toni Stofer, qui a pu se classer devant lui. 
Il est toutefois certainement indispensable que les cavaliers et chevaux aient obtenu préalablement de bons résultats lors de tournois internationaux. Ils doivent être par la suite en excellente forme au moment des WEG ou d’autres championnats. Une sélection nécessite ainsi une planification précoce.

La discipline reining a connu exactement cette situation. Plusieurs cavaliers et leurs chevaux ont bien rempli leurs critères de qualification FEI, mais pas les critères de sélection de la FSSE. Malgré ces critères sévères, la seule cavalière suisse n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu. Quelle en est la raison?
La discipline reining n’est actuellement qu’en cours de développement. Il manque encore de l’expérience. De plus, on sélectionne selon le principe de qualité avant celui de la quantité. Le fait qu’Adrienne Speidel ait pu prendre le départ en tant que cavalière individuelle s’explique entre autre par la relative proximité du site de la compétition de cette année. Les coûts ont ainsi été limités et l’expérience en valait la peine. Ceci s’applique en outre également à l’attelage: pour les WEG à l’étranger, les meneurs devraient toutefois se trouver dans le top 6 mondial.

Si vous deviez résumer les WEG 2014 en une phrase, quelle serait votre conclusion?
Je vais l’exprimer en trois points: 

  1. Les WEG 2014 étaient excellents du point de vue sportif. 
  2. En raison de problèmes organisationnels, ce festival équestre n’a cependant pas amené l’essentiel qui aurait pu être apporté au sport équestre en général. Il était dommage que les diverses disciplines n’aient pas été plus proches – parfois il s’agissait ainsi plus de courses pour le titre par discipline que de Jeux Mondiaux! 

L’ambiance au sein de la délégation suisse était très positive – c’était génial!

Les prochains Jeux Equestres Mondiaux dans quatre ans se dérouleront à nouveau sur le continent américain, au Bromont canadien près de Montréal. Que souhaitez-vous pour ces prochains Jeux?
Je souhaite que la FEI mène une réflexion sur chaque discipline pour les prochains WEG. La FEI est en fait déjà en train d’analyser les WEG de Normandie. J’ai également été invité à des discussions. En ne devant nommer que deux exemples: le nombre d’épreuves en saut d’obstacles dans un laps de temps si court est tout simplement trop élevé; ceci doit définitivement être modifié. En ce qui concerne le dressage, il est nécessaire de repenser les qualifications. Bien sûr, il est évident qu’il est beau d’avoir le plus de nations possibles au départ des WEG – mais le sport ne doit pas en souffrir. Et c’est le cas lorsque 100 cavaliers de dressage avec des niveaux très différents prennent le départ. Une solution serait, comme mentionné plus haut, d’organiser des qualifications continentales. Il reste également de quoi méditer dans la discipline attelage: est-il toujours encore convenu de n’avoir que des équipes d’attelages à quatre chevaux en compétition? Il n’y aura probablement pas beaucoup de nations présentes à Bromont, car elles ne pourront pas se permettre le transport plutôt onéreux. La solution serait peut-être de former des équipes avec chaque fois un attelage à un, deux et quatre chevaux, ce qui avait déjà été discuté avant le Kentucky.
Les critères de sélection seront probablement plus stricts, en raison des coûts élevés auxquels il faut s’attendre.
Il sera vraiment sympa d’avoir à nouveau les épreuves de toutes les disciplines au même endroit. Toutefois, ceci peut entraîner des problèmes, car il y a en ce moment trop peu d’infrastructure (hôtels, etc.) à disposition.

Nicole Basieux

Quels sont les devoirs du chef de délégation? «Anticiper l’imprévu»

Ses tâches sont très diversifiées et se jouent surtout dans les coulisses. Toutes les connexions convergent vers le chef de délégation: logistique, transport, organisation, sécurité, accréditations, calendriers, etc. Les manifestations-tests préalables ont pour lui une très grande importance. Avec son équipe, ils reconnaissent ensemble les sites de compétitions, les installations et l’environnement proche. Car, en effet, tout se doit d’être en ordre  pour un grand événement afin que les athlètes et leurs équipes se sentent à l’aise  et puissent ainsi réaliser leurs meilleures performances. Le chef de délégation travaille avec une équipe de personnes qui préparent toute la délégation de manière optimale. Il s’assure entre autre qu’une bonne ambiance règne sur place. 

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