Une détention des chevaux adaptée à l’espèce est toujours un sujet d’actualité sachant néanmoins que la notion d’«adaptée à l’espèce» est plus appropriée à la détention d’animaux sauvages qu’à la détention d’animaux domestiqués depuis des millénaires comme le sont les chevaux.
Du foin de diverses qualités ou plutôt du haylage ou de l’ensilage? Le choix de la sorte de foin est déjà en science en soi.
En Ukraine, on a trouvé des dents de chevaux qui pourraient dater d’environ 4000 ans avant J.-C. Ces dents ont montré des traces d’usure provenant des brides anciennes. Il est donc absolument possible que les humains aient utilisé les chevaux depuis déjà 6000 ans.
Dès lors, on peut se poser la question de savoir si une détention adaptée à l’espèce consiste à offrir aux chevaux actuels la même vie que celle des chevaux sauvages préhistoriques. La question est de toute manière inutile sachant que la Suisse n’a jamais eu d’immenses steppes et que ce qui reste de terres intactes naturelles diminue de plus en plus. Donc, il n’y a tout bonnement pas de place pour une détention des chevaux sur de vastes espaces. Il s’agit donc d’assurer que les besoins primitifs encore existants des chevaux soient satisfaits aussi bien que possible.
Global correspond à l’esprit actuel
Il semble donc logique de tabler sur une détention globale des chevaux. Mais que signifie globale? Cela signifie approcher et traiter un thème de manière clairvoyante en tenant compte d’un nombre aussi grand que possible d’aspects et de causalités. On parle de globalité lorsque qu’une chose est intacte, indemne et complète. Et ce sont exactement les aspects les plus importants de la détention globale des chevaux. Les chevaux doivent être considérés et traités dans leur aspect global. Leur détention doit permettre de satisfaire leurs besoins naturels et de s’assurer qu’ils sont intacts et indemnes physiquement et psychiquement, donc qu’ils sont en bonne santé et qu’ils le restent.
Un animal grégaire reste un animal grégaire
Or, comment préserver la bonne santé physique et psychique d’un cheval? On ne va pas loin avec la médiation et le yoga chez les chevaux. La nature du cheval consiste à s’intégrer dans un troupeau. Dans ce troupeau, chaque cheval a sa place hiérarchique. Les plus forts - en principe l’étalon dominant et les juments les plus hautes dans la hiérarchie - endossent la responsabilité en gérant quasiment la vie du troupeau. La jument dominante conduit le troupeau vers les meilleurs pâturages et points d’eau et elle est constamment en éveil afin d’alerter les autres chevaux en cas de danger. L’étalon marche souvent derrière le troupeau, il a une certaine fonction de protection et il assure les arrières du troupeau. Sa tâche consiste à saillir les juments les plus fortes, les plus courageuses et les plus intelligentes afin d’assurer la conservation de l’espèce. De plus, il est constamment sur ses gardes afin qu’aucun étalon étranger lui vole ses juments. Les chevaux - et surtout ceux de rang inférieur - peuvent ainsi se sentir protégés et en sécurité.
La sécurité est déterminante
Donc, nos chevaux domestiques ont surtout besoin de sécurité à tous les niveaux. Afin qu’ils se sentent protégés et en sécurité sous la garde des humains, une vie de groupe ordonnée avec des structures claires est nécessaire. Or, la notion de groupe ne signifie pas forcément une détention en groupe des chevaux car une détention individuelle avec un contact social limité avec d’autres congénères et des humains comme composant fixe de la structure de troupeau peut offrir aux chevaux la sécurité et le sentiment d’être protégés, pour autant que cette détention individuelle soit adaptée et organisée dans le respect du cheval. Suffisamment de sorties libres ciblées, si possible au grand air, une alimentation adaptée ainsi que des bons soins rendent une telle détention cohérente.
Aujourd’hui, il existe des dizaines de possibilités d’application. Des boxes individuels avec possibilités de contact en passant par les boxes avec accès direct à un enclos jusqu’à la stabulation libre. A cela s’ajoute une très large offre de litières, de programmes d’alimentation et de systèmes d’abreuvement parmi laquelle il est presque impossible de s’y retrouver, ainsi que de nombreuses variétés de sols pour manèges et places de sable ainsi que pour les places en copeaux pérmanentes afin de conserver les enclos extérieurs le plus sec possible.
Ferrer les chevaux? Médecine classique ou médecines alternatives?
A partir du moment où il s’est décidé pour une forme de détention et qu’il a trouvé le fourrage adapté aux exigences du cheval, le détenteur de chevaux est désormais confronté à de nombreuses autres décisions. Les chevaux doivent-ils être ferrés ou rester sabots nus? En cas de maladie, doit-il faire confiance à la médecine classique ou souhaite-t-il intégrer également des thérapies alternatives? De plus, il doit concocter des plans d’entraînement et d’engagement pour les chevaux de sport et établir des programmes d’élevage dans le haras. Bref, la détention moderne de chevaux (de sport) est une véritable science. Une science qui a besoin d’experts dans les domaines les plus divers pour conseiller et soutenir tant les détenteurs de chevaux de loisir que les professionnels du cheval.
La HAFL forme des professionnels du cheval
Les formations courantes de gardiens de chevaux AFP et de professionnels du cheval CFC dans différentes orientations sont connues, tout comme les études de médecine vétérinaire et les métiers comme celui de maréchal-ferrant. Par contre, les études en agronomie avec orientation en sciences équines proposées à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires HAFL à Zollikofen BE le sont encore trop peu. Cette formation combine les connaissances agronomiques de base au savoir spécifique aux chevaux. Ainsi, les étudiants apprennent à traiter de manière scientifique et critique les problématiques de l’agriculture et de l’industrie équine.
Cette formation ouvre la voie à de belles chances de carrière dans les métiers les plus divers liés au cheval avec, à la clé, des positions de dirigeants et des fonctions exigeantes dans les manèges, les exploitations de détention de chevaux et l’élevage chevalin, mais également dans la construction d’écuries et d’installations pour le sport équestre, ou en tant qu’assistants de recherche dans les universités et les instituts de recherches. Les diplômé(e)s ayant suivi ces études sont également très recherché(e)s dans le management événementiel, dans le marketing et en tant que journalistes pour les publications spécialisées destinées aux cavaliers et aux milieux de l’élevage chevalin. Et enfin, tous les métiers de la branche agraire sont accessible - en plus de l’industrie équine - sachant que cette formation est en premier lieu une formation en agronomie et que l’orientation choisie apporte une plus-value complémentaire.
Pour les jeunes qui aimeraient, d’une part, faire des études d’agronomie mais qui, d’autre part, rêvent d’un métier lié au cheval, cela vaut le coup d’envisager cette formation académique.
Barbara Würmli
Plus d'informations:
La détention en groupe est la forme de détention la plus naturelle mais elle n’est adaptée que sous réserve pour les chevaux de sport, sachant que ceux-ci sont pour la plupart ferrés et que le risque de blessures est nettement plus élevé dans le groupe que dans la détention en boxes.
Les participants à la journée découverte à la HAFL ont pu s’impliquer concrètement et écouter les battements du coeur ainsi que les bruits de l’intestin des chevaux.