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Dossier: Formation

L’indépendance attire les jeunes professionnels du cheval

19 juin 2017 09:14

Chaque année, environ 80 professionnels du cheval avec certificat de capacité CFC et 40 gardiens de chevaux avec attestation fédérale de formation professionnelle AFP terminent leur formation. Certains restent dans leur entreprise d’apprentissage, d’autres changent de poste et parfois aussi de discipline équestre. De plus en plus de jeunes professionnels du cheval se mettent également à leur propre compte.

Les métiers liés au cheval sont des professions du secteur tertiaire que l’on exerçait auparavant presque toujours comme employé dans une entreprise. Les personnes ayant grandi dans un centre équestre avaient la possibilité de reprendre un jour l’exploitation de leurs parents. Se mettre à son propre compte d’une autre manière n’était que très rarement une option, étant donné qu’il était et est toujours pratiquement impossible de gagner suffisamment d’argent dans les métiers liés au cheval pour construire ou reprendre une exploitation équestre sans être soutenu financièrement par la famille ou un sponsor.

Les jeunes prêts à prendre un risque

Mais les temps changent. De plus en plus de jeunes adultes exerçant des métiers traditionnels ont des idées innovantes et réinventent ainsi leur profession. Des cuisiniers, auparavant presque exclusivement salariés ne pouvant que très rarement reprendre un restaurant, travaillent aujourd’hui en freelance ou sont engagés comme cuisiniers sur appel, aussi appelés chefs à domicile, pour des soirées privées ou des banquets, et offrent un service de traiteur. De tels exemples existent dans tous les domaines professionnels et ce développement touche également les métiers liés au cheval. Il est possible de se mettre à son propre compte avec uniquement un téléphone portable, de bons contacts et zéro capital si l’on est capable de communiquer ses capacités et que l’on sait se vendre. Cependant, l’indépendance a un prix, c’est-à-dire l’abandon de la sécurité qu’offre un emploi à long terme avec un salaire fixe.

De la persévérance pour atteindre son but

Le meilleur exemple pour le fait que l’on peut beaucoup atteindre à partir de presque rien est Aurelia Bibes, gérante du centre équestre «Dörfli» à Küssnacht (ZH). Bien que déjà mordue d’équitation étant enfant, elle a d’abord fait un apprentissage d’employée de service après l’école obligatoire. Ensuite, elle décida de faire une deuxième formation d’écuyère diplômée, selon l’appellation de l’époque. Elle réalisa cependant rapidement que personne ne mettait des chevaux de sport à disposition d’une jeune écuyère inconnue et qu’il était très difficile de mettre en oeuvre ses propres idées. Elle prit alors la décision de se mettre à son compte à mi-temps. Aujourd’hui, elle commente sa décision: «Plus j’avançais dans mon projet, plus je réalisais que je pourrais mieux transmettre mon savoir et ma philosophie concernant les chevaux en freelance qu’en tant qu’employée.»

Afin de conserver une certaine stabilité financière, Aurelia Bibes a continué de travailler à mi-temps comme employée de service pendant qu’elle développait son activité professionnelle indépendante d’écuyère et de monitrice d’équitation. Plus elle recevait de demandes, plus elle réduisait son temps de travail dans le service. Mais il y avait aussi des aspects négatifs. «Les nombreux déplacements en voiture chez mes clients m’ont coûté du temps et des nerfs, surtout en hiver lorsque les routes étaient mauvaises», explique-t-elle. «De plus, le fait que les clients ne s’intéressaient souvent qu’à la performance sportive, et non à ce qui serait bon pour le cheval ou ferait plaisir aux élèves, me dérangeait.»

Le rêve du propre centre équestre

C’est ainsi qu’est née l’idée de prendre à bail un centre équestre. Malgré quelques économies, reprendre une exploitation moderne n’était cependant pas possible. Elle s’est alors mise à la recherche d’une infrastructure plus ancienne avec des possibilités d’agrandissement, et est tombée sur le centre équestre «Dörfli» à Küssnacht. Une pension pour chevaux en faisait déjà partie et garantissait une source de revenu sûre dès le début. L’école d’équitation poney pour enfants a été développée au fur et à mesure, tout comme les travaux de rénovation et d’agrandissement qui ont duré cinq ans, étant donné que la gérante ambitieuse a financé le projet seule, sans capital étranger. Avec beaucoup d’amour et de sens du détail, elle a développé l’exploitation avec l’aide de ses proches. Aujourd’hui, le centre comprend une pension pour chevaux d’une part et une école d’équitation poney d’autre part, avec des cours pour enfants, des camps de vacances et des leçons d’équitation régulières. Aurelia Bibes se souvient: «Ça n’a pas été facile. Pendant la période de rénovation et de développement, je ne touchais presque pas de salaire, je n’avais pas de propre logement et j’investissais chaque franc gagné dans ce projet. Mais en voyant le résultat aujourd’hui, je suis très satisfaite et je ne regrette rien.»

Du fiasco à l’indépendance

Pour Iris Frischknecht, il en a été tout autrement. Ayant commencé un apprentissage d’écuyère directement après l’école secondaire, elle a dû interrompre sa formation après une année et demie car l’entreprise pour laquelle elle travaillait fit faillite. Iris raconte: «J’aurais pu terminer mon apprentissage à un autre endroit, mais j’ai reçu de nombreuses demandes de pensionnaires de mon ancienne place qui me demandaient si je souhaitais continuer de monter leurs chevaux contre rémunération. Apparemment, ma manière de m’occuper des chevaux leur plaisait, bien que je n’étais pas diplômée. J’ai accepté la proposition et je me suis retrouvée à mon propre compte sans l’avoir prévu.»

Aujourd’hui - plus de 16 ans plus tard - Iris Frischknecht donne des leçons d’équitation et forme des chevaux, ou les monte en cas d’absence de leur propriétaire. Elle travaille aussi comme meneuse de chevaux dans le domaine de l’hippothérapie et s’adonne à sa passion pour le dressage. Elle participe à des concours de dressage avec son propre cheval et les chevaux qu’elle forme pour ses clients. Travailler en tant qu’employée est pratiquement impensable pour elle aujourd’hui. «J’adore mon activité freelance et je souhaite l’exercer aussi longtemps que possible», explique-t-elle. Elle est persuadé de mieux pouvoir mettre en pratique sa philosophie en tant qu’indépendante. «En tant que salariée, je serais contrainte de travailler dans la précipitation et donc obligée d’adapter ma manière de travailler avec les chevaux. Pour moi, il est important de donner la priorité au cheval. Par conséquent, ce sont les clients ayant la même philosophie qui viennent vers moi.»

Plus de femmes en freelance

Dans le domaine du cheval, il semblerait que plus de jeunes femmes que d’hommes choisissent une activité indépendante en freelance, ce qui est probablement dû au fait que les hommes ont plus souvent la possibilité de présenter de bons chevaux en compétition et sont prêts à se charger de mandats plus importants. Les femmes cherchent en général plutôt à intégrer des approches plus globales, comme le horsemanship par exemple, dans leur travail, ce qui semble être plus facile en tant qu’indépendante qu’en tant qu’employée.

Barbara Würmli

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