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Les chevaux grossissent-ils moins grâce aux filets à foin?

14 janvier 2020 08:00

Si un cheval a un accès illimité au foin, combien de kilogrammes va-t-il manger en 24 heures si le foin lui est proposé soit dans un filet à foin, soit à même le sol? C’est la question qui a été traitée dans le cadre d’un travail d’étudiants de la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL).

Filet de foin prêt à la consommation (photo: HAFL) Filet de foin prêt à la consommation (photo: HAFL)

Le fourrage grossier: un besoin fondamental

Les chevaux sauvages vivant dans les steppes passent près de 16 heures par jour à manger. C’est leur seul moyen de couvrir leur besoin en nutriments avec la maigre nourriture des steppes. Pour cette raison, les longues durées de prise de nourriture sont l’un des besoins fondamentaux du cheval. Le schéma d’affourragement traditionnel des chevaux moyennant deux à trois repas par jour ne peut donc pas satisfaire ce besoin fondamental. Des troubles du comportement, comme le tic à l’air, le tic à l’ours et le grignotage de bois en sont souvent les conséquences. Cependant, si l’on voulait satisfaire ce besoin de longues durées de prise de nourriture en donnant libre accès au fourrage aux chevaux, ceux-ci emmagasineraient un surplus d’énergie considérable en raison de la richesse du fourrage d’aujourd’hui. Mis à part le fait que notre foin est plus énergétique que la maigre nourriture des steppes, nos chevaux de loisirs bougent également moins que leurs congénères à l’état sauvage. Pour cette raison, bon nombre de chevaux sont en surpoids. L’idéal serait donc d’offrir la possibilité aux chevaux de manger sur de longues durées sans pour autant qu’ils emmagasinent trop d’énergie.

 

Le test pratique

Dans le cadre d’un travail d’étude réalisé à la HAFL de Zollikofen, il a été étudié si la quantité de fourrage consommée en l’espace de 24 heures différait selon si les chevaux mangeaient le foin proposé à volonté depuis des filets à foin ou depuis le sol. Des études préalables ont montré que les chevaux mangeaient le foin proposé en filet plus lentement que celui donné à même le sol ou dans des mangeoires. Il n’a cependant jamais été clairement établi si la quantité totale consommée sur une durée de 24 heures était réellement inférieure ou si les chevaux mangeaient simplement plus longtemps selon le système d’affourragement.

Six chevaux détenus dans une écurie de pension et d’élevage ont participé au test pratique. Pour ce faire, ils se trouvaient dans des box individuels remplis de pellets de bois. Trois chevaux ont reçu leur foin dans un filet, les trois autres le mangeaient à même le sol. Les chevaux ont d’abord été habitués à leur régime d’alimentation respectif avant que les quantités de foins consommées ne soient mesurées pendant trois jours. Après cette première phase, les variantes d’affourragement ont été inversées: les chevaux d’abord nourris uniquement au filet ont ainsi reçu leur foin au sol et vice versa. De cette manière, les deux variantes ont été testées avec tous les chevaux.

 

Avec quel système d’affourragement le cheval mange-t-il le plus de foin?

Une différence a effectivement pu être constatée. Les chevaux recevant le foin à même le sol en mangeaient en moyenne 3,25 kg par 100 kg de masse corporelle, tandis que les chevaux nourris au filet en consommaient 2,82 kg par 100 kg de masse corporelle. En 24 heures, un cheval de 500 kg mangerait ainsi environ 16 kg de foin donné au sol, alors que ce même cheval n’en consommerait qu’environ 14 kg si le foin était placé dans un filet. Cela représente donc une différence de plus de 2 kg, ce qui signifie que les chevaux mangent le foin donné en filet non seulement plus lentement mais qu’ils en consomment également moins sur une durée de 24 heures.

Dans le cas présent, les mailles des filets à foin avaient une dimension de 3,5 cm. Une étude de l’institut de recherche Agroscope d’Avenches a pu démontrer que plus les mailles étaient serrées, plus les chevaux mangeaient lentement. Selon les recommandations d’affouragement courantes, la quantité minimale de foin par cheval et par jour est de 1,5 kg de matière sèche pour 100 kg de masse corporelle. Cela correspond donc à 1,7 kg de foin. Comme l’a montré le test pratique, les chevaux peuvent sans problème manger cette quantité minimale dans un filet à foin.

Il reste cependant à déterminer les répercussions que peut avoir l’affourragement au moyen de filets à foin. On peut partir du principe que les chevaux qui reçoivent leur foin dans un filet emmagasineront moins d’énergie, ce qui permet de contrecarrer la suralimentation. Cependant, il est possible que les chevaux développent des stratégies pour accéder plus rapidement à leur fourrage au fil du temps. Il est également difficile de prédire les conséquences que cette forme d’affourragement peut avoir sur les dents, la mâchoire et les gencives. Le port de tête oblique du cheval lors de la prise de nourriture depuis un filet peut également conduire à des problèmes. Il est concevable que les mailles en nylon des filets endommagent les gencives et les dents ou qu’elles les usent de manière non naturelle. De plus, il est nécessaire de bien réfléchir à la hauteur à laquelle les filets seront suspendus. De manière générale, ils ne devraient pas être accrochés trop haut, étant donné que le cheval mange l’herbe au pré avec l’encolure étirée vers le bas. Pour éviter que les chevaux ne se prennent les sabots dans les filets, ceux-ci ne devraient cependant pas être suspendus trop bas non plus.

L’affourragement avec des filets à foin peut être un moyen efficace pour garantir une prise de nourriture sur une longue durée sans que la quantité consommée ne soit trop élevée. Quel que soit le système d’affourragement utilisé, il est cependant primordial de veiller à ce que le mouvement du cheval et l’apport énergétique au moment de la prise de nourriture soient adaptés et à ce que les chevaux travaillent suffisamment.

Nos remerciements vont aux propriétaires de l’écurie de pension et d’élevage sans lesquels cette étude n’aurait pas pu être réalisée ainsi qu’à EQ-Bedding pour leur généreux soutien.

Andreas Scheurer et Tanja Tüscher

Pesée du foin destiné à être donné au sol. (Photo: HAFL) Pesée du foin destiné à être donné au sol. (Photo: HAFL)

A l’état sauvage, les chevaux passent 16 heures par jour à manger. (Photo: HAFL) A l’état sauvage, les chevaux passent 16 heures par jour à manger. (Photo: HAFL)

La quantité de foin placée dans le filet est pesée par des étudiants en agronomie avec orientation
 sciences équines. (Photo: HAFL) La quantité de foin placée dans le filet est pesée par des étudiants en agronomie avec orientation
 sciences équines. (Photo: HAFL)

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