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Dossier: Détention des chevaux, aménagement du territoire

Les divers rôles des chevaux: Utiliser des chevaux de trait: une protection active de l’environnement

23 août 2017 09:43

Dans de nombreuses villes, mais également pour de nombreux cavaliers ayant peu de rapport avec l’agriculture et la sylviculture, les chevaux de trait ne sont connus que pour leur participation à des spectacles nostalgiques. Et de citer en exemple le célèbre attelage à six de Feldschlösschen qui se produit lors de nombreux événements ou le tram hippomobile (Rösslitram) au zoo des enfants de Knie. Le fait qu’ici, des chevaux à sang froid soient utilisés pour des travaux dans les champs et les forêts - et ce heureusement de plus en plus souvent - n’est malheureusement pas assez connu.

Presque chaque famille suisse a pu admirer une fois ou l’autre lors d’événements comme l’OLMA ou la BEA l’attelage Feldschlösschen à six chevaux avec ses sang-froid belges à crinières blondes, parés et pomponnés, ou alors a fait un tour dans le Rösslitram du zoo des enfants à Rapperswil. Cependant, rares sont les enfants et les jeunes d’aujourd’hui qui ont pu observer des chevaux puissants qui labourent un champ avec une grande tension musculaire et un calme stoïque. Quant aux chevaux de débardage qui effectuent un lourd travail dans la forêt, ils sont aussi peu connus, voire encore moins. 

Les chevaux, des travailleurs de précision 

Celui qui a la chance d’observer une fois le travail d’un attelage composé de deux chevaux de débardage aura de la peine à se soustraire à la fascination exercée par ces «forçats». Lorsque ces robustes sang-froid tractent de lourds troncs d’arbres dans des endroits difficilement praticables sous les ordres de leur meneur, il s’agit d’un véritable travail de précision qui n’a rien de lourdaud. Effectuer des travaux forestiers avec des chevaux présente de grands avantages. Ces chevaux n’ont pas besoin de larges chemins de tractage et ils ne causent pratiquement aucun dommage au sol. Par contre, lorsque de lourds engins forestiers sont utilisés, il faut dans le pire des cas creuser de larges tranchées carrossables avec, à la clé, la perte de surfaces de production et une perturbation de l’écosystème. Les lourds véhicules tassent le sol, ce qui crée un déséquilibre dans le système d’eau de la forêt. Lorsqu’il pleut, les profonds sillons ont un effet de drainage permettant à l’eau de s’écouler en empêchant qu’une quantité suffisante d’eau nourricière s’infiltre dans le sol. 

A cela s’ajoute le fait que les véhicules spéciaux deviennent de plus en plus chers, que ce sont des gloutons au niveau de la consommation de carburant, et qu’ils engendrent des émissions polluantes et des nuisances sonores. Contrairement aux lourds engins forestiers, les chevaux de trait peuvent également être utilisés dans des réserves naturelles pour y faire leur travail de façon particulièrement respectueuse de l’environnement. Et même si une détention de chevaux moderne et respectueuse de l’espèce n’est pas, en soi, bon marché, elle est au bout du compte beaucoup plus économique que l’acquisition et la maintenance de véhicules spéciaux et de machines. 

En Suisse, ce sont souvent des franches-montagnes 

Ce sont surtout les sang-froid mi-lourds qui sont considérés comme des races aptes pour le débardage du bois. Pourtant, en principe, toutes les races peuvent être utilisées, du poney au plus puissant des sang-froid, en fonction de la taille des pièces de bois qu’ils doivent déplacer ou transporter. Lors du choix du cheval, le débardeur doit faire preuve de flair. En Suisse, on utilise souvent des franches-montagnes qui font partie des races de sang-froid légères - les types les plus modernes étant même des races de demi-sang lourds. L’important est que le cheval soit bien formé, qu’il soit bien initié à sa tâche, qu’il soit maniable et qu’il dispose de la puissance de tractage nécessaire, et bien entendu qu’il soit détenu de façon conforme et utilisé de manière adaptée, sans sollicitation exagérée. Particulièrement en été, avec des températures estivales, il est important d’adapter les temps de travail aux chevaux et non à la somme de travail devant être exécutée. Il convient de rappeler ici que dans la région asiatique, des éléphants sont utilisés pour transporter le bois, ce qui donne une bonne idée de la force musculaire requise pour ce travail, sachant cependant que les sortes de bois transportées en Asie par les éléphants sont en partie beaucoup plus lourdes que nos bois d’ici provenant des forêts de conifères, de feuillus et de forêts mixtes.

Pas une activité facile

Ce travail exige également beaucoup du débardeur - donc du professionnel qui représente désormais un métier presque disparu. Il est bien clair qu’il doit être un homme de cheval et un meneur expérimenté. Il doit également avoir de la force, de l’endurance, de l’habileté et une grande capacité de concentration. Mais contrairement aux conducteurs de machines, il bénéficie de quelques avantages. Il n’est pas soumis au bruit et aux gaz d’échappement et il ne doit pas rester constamment dans la même position assise, mais il agit avec tout son corps et il utilise - tout comme les chevaux - toute sa force musculaire. Aucun débardeur n’a besoin d’aller s’entraîner le soir dans des studios de fitness étouffants.

La protection de l’environnement en point de mire

Les chevaux sont de plus en plus utilisés et appréciés, non seulement dans la sylviculture, mais également et surtout dans l’agriculture, et ce particulièrement grâce aux activités de la communauté d’intérêts IG Arbeitspferde (voir l’encadré). Ernst Rytz, président et stratège de cette association, est persuadé que ces travailleurs quadrupèdes auront à l’avenir un rôle important à jouer tant dans l’agriculture que dans la sylviculture, et ce dans l’optique des objectifs environnementaux comme la réduction du CO2. Et il constate: «Afin de répondre à l’avenir aux objectifs exigés en matière de protection de l’environnement, la politique, l’économie et la société devront trouver des idées au cours des prochaines années. Les chevaux de trait auront certainement un rôle beaucoup plus important à jouer que durant les dernières décennies.» Il souligne cependant qu’il est important que les machines hippomobiles soient encore développées. «Les membres de l’IG Arbeitspferde exigent, de concert avec la scène internationale, le développement de machines plus modernes et plus efficaces permettant de faciliter le travail tant des chevaux que des personnes», selon Rytz qui ajoute que si le biodiesel et les pneus extralarges sont possibles pour les véhicules agricoles, ils sont deux fois plus polluants que l’utilisation de chevaux de trait.

Le cheval de trait a de l’avenir

On peut donc partir de l’idée que les sang-froid et les attelages redeviendront à plus long terme une image courante dans le paysage suisse, donc dans les champs et les prés, respectivement dans les forêts. Et il est réjouissant de constater que dans ce contexte, l’ancien type puissant de franches-montagnes pourrait regagner en popularité. Il reste à espérer que les débonnaires et travailleurs quadrupèdes parviendront à passionner de nombreux jeunes les incitant ainsi à réfléchir à un mode d’agriculture écologique et à soutenir les exploitations productives correspondantes. Et qui sait, le métier de débardeur pourrait redevenir en Suisse et dans les pays voisins une activité principale recherchée au lieu d’être, comme aujourd’hui, plus une activité accessoire, voire même un hobby.

Barbara Würmli

L’IG Arbeitspferde (Communauté d’intérêt du cheval de trait)

Anciennement, les chevaux étaient partout et les hommes étaient accompagnés par eux leur vie durant. L’agriculture était impensable sans chevaux, et il était impossible de transporter de lourdes charges sans leur aide.

Cependant, au cours des dernières décennies, l’effectif des chevaux a constamment diminué dans la sylviculture et l’agriculture, et les machines motorisées et les véhicules spéciaux ont conquis champs et forêts. En parallèle, l’intérêt des paysans et des transporteurs à appliquer de nouvelles technologies pour les véhicules hippomobiles a diminué. Un grand savoir s’est perdu et le parc de véhicules hippomobiles a été réduit à l’état d’expositions nostalgiques.

Celui qui voulait continuer à utiliser les chevaux comme compagnons de travail ne pouvait compter que sur lui-même, sur son génie inventif et sur son savoir-faire. Cela a donné lieu à une multitude de nouvelles idées, de nouvelles machines et de nouvelles méthodes que le paysan pouvait, la plupart du temps, n’utiliser que dans sa propre exploitation.

Qui donc de plus logique que l’idée de vouloir se saisir de ce problème avec des personnes partageant les mêmes idées. C’est pourquoi l’association IG Arbeitspferde a été créée en 1992 dans le but de conserver les connaissances et le savoir-faire touchant au cheval de trait et de transmettre tout cela aux générations futures.

La communauté d’intérêt ne s’attache pas uniquement à cultiver les tâches traditionnelles du cheval comme le débardage, les sorties de sociétés, le transport, la présence lors des réceptions d’Etat, lors du Sechseläuten, lors de mariages et lors de cortèges de carnaval. Elle ramène consciemment le cheval dans l’agriculture et elle trouve de nouvelles possibilités modernes d’utilisation dans l’enlèvement urbain des déchets verts, dans la pédagogie thérapeutique, dans l’exécution des peines et dans le domaine du tourisme éthique.

Pour de plus amples informations: www.igarbeitspferde.ch

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