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Dossier: Médecine vétérinaire

Lésions des tendons chez les chevaux de loisir: un diagnostic choc

13 novembre 2017 10:27

Lorsque des chevaux de loisir subissent de graves blessures aux tendons, aux ligaments ou aux os, le choc est souvent très profond chez les propriétaires. Pratiquement aucun cavalier de loisir ne peut imaginer que ces chevaux, qui ne sont pas soumis à des sollicitations extrêmes, puissent se blesser sérieusement.

Même des propriétaires expérimentés de chevaux de loisir pensent souvent que des graves blessures comme les lésions des tendons, les déchirures des ligaments ou des fissures osseuses ne peuvent survenir que lors de grandes sollicitations et que de ce fait, elles frappent surtout les chevaux de sport. Or, les jambes des chevaux sont des membres très fragiles. Souvent, il suffit d’un faux pas lors d’une promenade, d’une glissade sur l’asphalte ou d’un changement rapide de direction au pré pour provoquer des blessures. 

Son petit monde s’écroule alors

Pour les cavaliers de loisir, un diagnostic de lésion des tendons est le plus souvent très choquant et il n’est pas rare que tout son petit monde s’écroule. Ils n’ont souvent qu’un seul cheval qui prend beaucoup de place dans leur vie. Et voilà que tout d’un coup, ils sont confrontés à de nombreuses questions fondamentales: mon cheval pourra-t-il à nouveau être monté? Quelle forme de thérapie dois-je choisir? Pourrai-je supporter les coûts élevés d’un traitement vétérinaire? Dans une telle situation difficile, il est important que les personnes concernées soient conseillées de façon optimale par les vétérinaires et qu’elles se sentent soutenues par leurs camarades cavaliers.

Une cavalière concernée raconte 

Anna Siebenhaar a vécu le diagnostic de lésion des tendons chez Arina, sa jument haflinger de 20 ans. Elle raconte: «Arina est une dame d’un certain âge mais elle a encore beaucoup de tempérament bien qu’elle ne reçoive pas de concentré alimentaire. 

Elle a besoin de beaucoup de mouvement. C’est pourquoi elle a un box avec un paddock extérieur. 

De plus, elle peut durant toute l’année - pour autant que le temps le permette - aller au pré avec le groupe et elle est bougée chaque jour jusqu’à deux heures. Au vu de son âge, il ne s’agit plus d’entraînements intensifs mais souvent d’un travail de dressage, après quoi elle peut bouger librement sur le carré de sable, de longues sorties montées ou de longues promenades à la main.» 

Anna Siebenhaar et Arina vont ensemble jusqu’au bout du monde - lors des bons comme des mauvais moments. Anna Siebenhaar et Arina vont ensemble jusqu’au bout du monde - lors des bons comme des mauvais moments.

D’en pleine forme à fortement boiteuse 

«J’ai acheté Arina lorsqu’elle avait 15 ans, après l’avoir eu en demi-pension durant un semestre», raconte Anna Siebenhaar. «Je savais qu’avant, elle avait participé à des épreuves de Reining. 

Comme elle n’avait jamais présenté de signes d’usure, je n’ai pas pensé qu’elle puisse avoir des problèmes liés à ses activités précédentes»

 Anna a elle-même monté Arina dans des épreuves Western, mais dans des disciplines moins exigeantes comme le Inhandtrail, le Trail ou des épreuves Allroundhorse. Malgré cela, lors de l’hiver 2016/17, après l’épreuve montée lors d’un Allroundhorse, la jument haflinger boitait légèrement au trot. Une vétérinaire qui avait examiné la jambe sur place n’a rien constaté, et le jour d’après, Arina marchait à nouveau droit. Elle a été mise au repos quelques jours avant d’être à nouveau travaillée. Deux semaines plus tard, Anna Siebenhaar a monté sa jument durant une heure sur le carré de sable avant de la laisser marcher librement. Elle se souvient: 

Malgré le fait que nous ayons déjà travaillé, Arina s’est encore ébattue durant  dix minutes en faisant quelques «stop and go». Et d’un coup, elle s’est mise  à boiter très fort.

Dans son box comme dans l’enclos attenant, Arina s’est montré très patiente en se détendant de temps à autre. Dans son box comme dans l’enclos attenant, Arina s’est montré très patiente en se détendant de temps à autre.

Diagnostic et décisions 

Elle a refroidi la jambe et attendu une journée. Au pas, Arina marchait à nouveau droit mais elle boitait au trot. Pourtant, la jambe ne présentait aucun échauffement et aucune enflure. La propriétaire a alors décidé de promener la jument à la main durant quelques jours. Ne constatant aucune amélioration, elle a amené Arina chez son vétérinaire Martin Kummer de la clinique pour chevaux Thurland. Une échographie a démontré que le tendon fléchisseur superficiel était déchiré et que la convalescence serait longue. Anna Siebenhaar se souvient: 

Heureusement, mon compagnon Walter était avec moi à la clinique. Je me sentais ainsi un peu épaulée  bien que ce diagnostic ait provoqué un tourbillon de pensées dans ma tête. 

Quoi qu’il en soit, elle a estimé avoir été bien conseillée par Martin Kummer. Celui-ci lui a expliqué la blessure sur la base des images de l’échographie, il l’a informée sur les possibilités de traitement et sur les coûts. «Les explications étaient bien compréhensibles et si quelque chose n’était pas claire, je lui ai posé la question.» Martin Kummer lui a proposé d’injecter de l’acide hyaluronique, de pratiquer la thérapie par ondes de choc radiales et de frictionner l’endroit blessé avec une crème favorisant l’irrigation sanguine. L’acide hyaluronique est un glycosaminoglycane représentant un partie importante du tissu conjonctif et il favorise sa régénération. Tout comme la crème, la thérapie par ondes de choc radiales favorise l’irrigation sanguine et la cicatrisation.

Calculer les coûts

Bien que les propriétaires de chevaux puissent choisir d’appliquer une ou deux possibilités thérapeutiques, Anna Siebenhaar s’est décidée pour l’ensemble des thérapies et elle explique: «Après mon compagnon, Arina est ce que j’ai de plus important dans ma vie. C’est pourquoi je voulais le meilleur pour elle, même si cela devait engendrer des coûts élevés. Et sachant qu’en plus du traitement de médecine académique, j’ai fait appel à des thérapies alternatives comme la kinésiologie et que j’ai utilisé des guêtres de travail Back on Track, les coûts ont représenté une somme à quatre bons chiffres.» Un montant qui fait ravaler sa salive à plus d’un cavalier de loisir et qui prouve que chaque propriétaire de chevaux - qu’il s’agisse d’un cheval de sport ou d’un miniponey - doit toujours avoir une réserve ou alors qu’il doit faire assurer son cheval. 

Le soutien est important 

Chez Arina, la convalescence a duré neuf mois. Dans son box avec extérieur, c’était une patiente agréable. Mais les 20 minutes quotidiennes de marche au pas ont représenté un véritable défi pour la propriétaire. C’est pourquoi elle a utilisé un tranquillisant sur les conseils du vétérinaire. Et de nous expliquer: 

Avec ce médicament, c’était plus facile pour Arina. Pourtant quelquefois lors des promenades, elle ‹explosait› et j’avais une minute de frayeur en pensant qu’elle pourrait à nouveau boiter. Heureusement, il n’est rien arrivé. 

Elle constate qu’elle a eu beaucoup de soutien de la part de son partenaire et d’une camarade d’équitation. Son compagnon allait promener Arina lorsqu’elle était empêchée pour des raisons professionnelles et sa camarade, qui se trouvait dans l’écurie durant la journée, sortait régulièrement Arina durant une demi-heure au pré pour lui permettre de brouter. Ainsi, la patiente était bien occupée deux fois par jour. Anna Siebenhaar déclare: «Je travaille à 100% et j’ai besoin de 20 minutes pour aller à l’écurie. C’était très rare de pouvoir bouger Arina durant la pause de midi et il ne me restait que le soir. Or, comme on était en hiver, le cheval ne serait sorti que lorsqu’il faisait nuit. C’est pourquoi ce soutien a été tellement important.»

Le traitement est terminé

Entre-temps, la thérapie de la jument haflinger est terminée et elle peut à nouveau être sollicitée normalement. Sa propriétaire évite cependant de faire des projets d’avenir: 

Arina est considérée comme guérie et je galope avec elle mais je n’ai rien prévu de plus. 

Nous participerons peut-être à des petites épreuves Western ou à des courses de patrouille. Avant, nous franchissions également de petits obstacles. Mais sur les conseils du vétérinaire, cela n’est plus d’actualité.»

Barbara Würmli

Questions au vétérinaire Martin Kummer

«Lors des lésions des tendons, la patience et le temps sont ce qu’il y a de plus important»

Martin Kummer est depuis 2013 copropriétaire de la clinique pour chevaux Thurland à Niederuzwil et il a également oeuvré en tant que vétérinaire d’équipe des cavaliers suisses de saut. Auparavant, il avait travaillé durant onze ans dans le département de chirurgie équine à l’hôpital des animaux de Zurich, dont six ans en tant que médecin en chef et chef du département.

«Bulletin»: Pour les cavaliers de loisir, le diagnostic de lésion des tendons est souvent un choc car ils ne savent pas ce qui les attend durant la phase de convalescence et comment occuper au mieux les chevaux concernés. En plus du traitement médical, apportez-vous également votre soutien aux propriétaires en leur donnant des conseils dans ce domaine?
Martin Kummer: Les collaborateurs de la clinique Thurland soutiennent les propriétaires de chevaux en leur donnant des consignes très claires pour la période de convalescence. Il s’agit de plans détaillés en matière de thérapie et de mouvement, des indications sur le fait de savoir si le cheval peut être monté ou s’il doit simplement être mené, sur la manière dont les rations alimentaires doivent être réduites et bien plus encore.

Arrive-t-il parfois que des propriétaires de chevaux ne comprennent pas vos explications en rapport avec la blessure et sa thérapie et qu’ils ne se renseignent pas, ce qui entraîne des erreurs au niveau du traitement avec une prolongation du temps de convalescence à la clé?
Il n’y a pratiquement pas de problèmes de compréhension. Les propriétaires ayant peu de connaissances à ce niveau ont plutôt tendance à être trop prudents et ils préfèrent se renseigner une fois de trop que le contraire. Par ailleurs, nous convenons de dates pour le suivi médical, ce qui nous permet de voir si la thérapie fait effet et si la convalescence avance.

La thérapie pour de graves blessures des membres est souvent très coûteuse. Existe-t-il également des solutions pour que les propriétaires moins nantis puissent traiter leurs chevaux avec de bonnes chances de succès?
Absolument. Il faut toujours nous souvenir que des blessures des membres étaient déjà soignées il y a 30 ans alors qu’il n’était pas encore question par exemple de thérapie par ondes de choc radiales. Particulièrement lors de lésions des tendons, il faut beaucoup de patience et de temps. Et des mesures thérapeutiques comme le froid et les pommades favorisant l’irrigation sanguine n’engloutissent pas des sommes énormes. Cependant, les possibilités modernes comme les injections d’acide hyaluronique, la thérapie par ondes de choc radiales, etc. sont recommandées même si elles ne sont pas impérativement nécessaires.

Martin Kummer Martin Kummer

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