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Non, ce ne fut pas un massacre de chevaux

12 octobre 2020 09:00

Extrait du livre anniversaire de la Fédération Suisse des Sports Equestres «120 ans de sport équestre en Suisse»

Fin 1952, un scandale a ému la Suisse. Dans l’hebdomadaire «Die Nation», disparu juste après, le journaliste Hans Schwarz avait écrit que lors de la dissolution de la Régie fédérale des chevaux à Thoune, des centaines de chevaux auraient inutilement fini à l’abattoir, et parmi eux Hummer, le cheval de Dressage du capitaine Moser avec lequel ce dernier avait remporté l’or olympique en 1948. Le «massacre des chevaux de Thoune» a secoué la Suisse.

Le capitaine Hans Moser sur Hummer avant le départ aux JO. A droite, le sous-officier Gottfried Trachsel qui n’avait pas encore le droit de participer en 1948.  |  © FSSE/Roland von Siebenthal Le capitaine Hans Moser sur Hummer avant le départ aux JO. A droite, le sous-officier Gottfried Trachsel qui n’avait pas encore le droit de participer en 1948. | © FSSE/Roland von Siebenthal

Fin 1952, un scandale a ému la Suisse. Dans l’hebdomadaire «Die Nation», disparu juste après, le journaliste Hans Schwarz avait écrit que lors de la dissolution de la Régie fédérale des chevaux à Thoune, des centaines de chevaux auraient inutilement fini à l’abattoir, et parmi eux Hummer, le cheval de Dressage du capitaine Moser avec lequel ce dernier avait remporté l’or olympique en 1948. Le «massacre des chevaux de Thoune» a secoué la Suisse. L’auteur de ces accusations, Hans Schwarz (1895-1965), premier-lieutenant du train, s’était fait connaître au cours des années 30 pour avoir entrepris plusieurs randonnées équestres de plusieurs semaines en Europe. Schwarz combattait l’injustice - un journal l’avait décrit comme l’«enfant terrible du journalisme suisse». Plus tard, Schwarz allait être l’initiateur de la «Fondation pour le cheval», qui a ouvert en 1958 un centre pour les chevaux retraités au Roselet dans le Jura.

L’arrêté fédéral du 30 novembre 1948 a entraîné la liquidation sur deux ans de la Régie à Thoune. A cette époque, la Régie comptait 920 chevaux. 250 d’entre eux ont été transférés dans l’établissement de Berne, rebaptisé Dépôt fédéral des chevaux de l’armée (DFCA). 390 furent vendus ou donnés. 290, dont la moitié avait plus de 15 ans, ont été abattus. L’affaire a fait l’objet d’une enquête de la justice militaire. Le 10 juillet 1953, un premier procès s’est tenu pour l’accusation générale de «massacre de chevaux». L’interrogatoire de centaines de témoins a démontré pour les points essentiels l’inexactitude totale et le manque de fondement des accusations portées. Le cas «Hummer» a été traité plus tard par le tribunal de division, et ce pour deux raisons: 1. la nécessité d’abattre Hummer était particulièrement contestée. Un large public aurait voulu que le cheval soit sauvé. 2. le dernier commandant de la Régie et son liquidateur, le colonel Max Thommen, étaient également accusés d’avoir fait exécuter des travaux militaires auxiliaires sur la place civile du concours de Thoune sans établir de facture.

Le tribunal de division a siégé le 1er octobre 1953 dans le château de Thoune. Le colonel Thommen devait répondre de l’accusation suivante: «Non-respect des directives de service, dilapidation de matériel et gestion déloyale du fait de l’abattage du cheval Hummer et de l’exécution de travaux sur la nouvelle place de concours de Thoune par les ateliers et le personnel de la RFC, soit 3088 heures de travail représentant une valeur de 5000 francs, sans que cela soit facturé.»

Le tribunal a établi que

  1. dans le cadre de la liquidation, aucun cheval n’avait été abattu sans que le commandant ait consulté au préalable l’un des vétérinaires de la Régie et l’écuyer concerné.
  2. la décision d’abattre Hummer était basée sur le fait que le cheval souffrait depuis des mois de boiterie et qu’il avait beaucoup de peine à marcher. Les résultats de l’autopsie avaient révélé des signes typiques d’une fourbure chronique (laminitis).
  3. l’affaire des travaux gratuits correspondait à une tradition justifiée selon le sens militaire des activités hors service. Le cas échéant, la «Société pour le sport équestre de Thoune» pourrait établir une facture de 39 000 francs.

Verdict du juge de la division: acquittement sur toute la ligne et paiement des frais de justice par la caisse du tribunal.

Il restait encore la procédure civile contre Hans Schwarz, intentée par Thommen, par le lieutenant-colonel Hans Meier, par le vétérinaire en chef du DFCA, le colonel Jack de Charrière, et par le divisionnaire Pierre de Muralt contre Schwarz et «Die Nation» pour atteinte aux intérêts personnels. Le 4 décembre 1956, la dernière convention d’accord dans l’affaire du «massacre de chevaux» était conclue devant la cour d’appel du canton de Berne. Schwarz a reconnu que les accusations diffamatoires étaient inexactes. Il a retiré ses accusations et a donné satisfaction aux plaignants. Schwarz a revendiqué à sa décharge qu’il avait agi en son âme et conscience en se basant sur des informations reçues.

Max E. Ammann

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