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«Nous avons tous une grande responsabilité envers les chevaux»

20 décembre 2021 09:00

Après douze ans à la tête du Comité de la Fédération Suisse des Sports Equestres, Charles Trolliet passe le relais. Le président sortant jette un regard rétrospectif mais tourne son regard vers l’avenir également.

Charles F. Trolliet honore le champion olympique de Londres 2012 Steve Guerdat. | © FSSE Charles F. Trolliet honore le champion olympique de Londres 2012 Steve Guerdat. | © FSSE

«Bulletin»: Charles Trolliet, huit ans de vice-présidence et douze ans de présidence au sein du Comité de la FSSE, sans parler des 25 ans d’activité en tant que vétérinaire FEI … Que diriez-vous, quels ont été les changements les plus marquants qu’ont vécu les sports équestres pendant ce temps?

Charles Trolliet: Un changement très important mais subtil que j’ai pu observer pendant cette période a été le passage du concept de la «protection des animaux» à celui du «bien-être animal». Dans le premier, il s’agissait de fixer au niveau légal des exigences minimales pour la détention et l’utilisation des animaux en général et des chevaux en particulier. On a stipulé quelles dimensions doivent avoir les boxes, pendant combien de temps les chevaux doivent pouvoir sortir du box, comment il faut les soigner et les nourrir, etc. Bref, il s’agissait de répondre aux besoins vitaux des chevaux afin de garantir leur existence. Par la suite, il s’y est rajouté une dimension plus psychologique ou éthique. Ainsi, la loi fédérale sur la protection des animaux stipule aujourd’hui dans sa première phrase: «La présente loi vise à protéger la dignité et le bien-être de l’animal.» C’est extraordinaire mais plus compliqué à mettre en oeuvre que le simple contrôle de la dimension des boxes!

 

Quel a été le moment le plus marquant, le plus beau souvenir de votre présidence?

Pour moi, un moment très fort de ma présidence rejoint ce que je viens de dire par rapport au bien-être des chevaux, même s’il est resté un peu dans l’ombre: il s’agit de l’adoption à l’unanimité de l’assemblée des membres de la FSSE du Code d’éthique de la FSSE avec ses principes éthiques dans trois domaines: le rapport avec le cheval, le rapport entre les personnes dans les sports équestres et l’éthique dans les compétitions. La FSSE a publié ce code éthique dans la brochure «Un coeur pour le cheval», un livret très précieux que chaque équitant devrait avoir lu.

Ce moment fort n’était pas très spectaculaire à l’oeil du public, mais c’est une thématique qui me tient à coeur. Et si on regarde les actualités équestres, on ne peut que constater qu’elle est plus brûlante que jamais.

Bien entendu, nous avons aussi pu vivre de grands exploits sportifs couronnés de médailles pendant ma présidence. Ce sont toujours des moments exceptionnels et je remercie ici tous les sportifs équestres et leur entourage qui nous ont fait vibrer lors de grandes échéances internationales.

 

Est-ce qu’il y a eu des moments vraiment difficiles?

Il y a des hauts et des bas dans toute activité humaine. Mais je ne regrette rien! Et il est évident que je vais continuer de suivre avec beaucoup d’intérêt le développement des activités de la FSSE.

 

Il y a-t-il un projet que vous auriez voulu mener à bien encore pendant votre présidence mais que vous n’avez pas pu commencer ou terminer?

Non, pas vraiment, car l’important est le résultat et pas la personne! Il est clair que certains projets prennent un peu plus de temps, vu la structure démocratique de la FSSE. Il faut développer un concept, puis consulter les associations membres qui consultent elles-mêmes leurs membres, ce qui engendre des propositions qui doivent de nouveau être mises en consultation auprès de tous les acteurs concernés! C’est parfois fastidieux, mais cela garantit qu’à la fin, on obtient des solutions issues d’un compromis bien suisse qui sont portées par une large majorité.

 

Si l’on regarde vers l’avenir: quelles seront selon vous les thématiques prédominantes ces prochaines années pour les sports équestres en général et pour la FSSE en particulier?

Nous avons tous une grande responsabilité envers les chevaux et tout ce qui les entoure. Dans ce contexte-là, la thématique de la cohabitation entre le cheval et le grand public va devenir de plus en plus importante à l’avenir. Il y a bien sûr le côté politique ou légal avec l’aménagement du territoire ou la circulation routière, mais il y a aussi l’image que se fait le grand public des sports équestres. Et cela concerne tous les équitants, qu’ils soient ambitieux sportivement ou pas! Il ne faut pas oublier que nous ne vivons pas dans une bulle avec nos chevaux. Il faut donc afficher un comportement respectueux envers les personnes que nous croisons avec nos chevaux et envers la nature dans laquelle nous nous déplaçons.

Par conséquent, la formation de tous les équitants sera encore plus importante ces prochaines années. Je reviens ici une fois encore à la notion du bien-être du cheval: il est primordial que toutes les personnes qui entourent les chevaux arrivent à reconnaître si un cheval va réellement bien, physiquement et mentalement. En tant que vétérinaire FEI, je me trouve souvent sur des places de concours internationales, dans les écuries également. Et c’est là que je vois encore trop souvent des chevaux tristes. Certes, du point de vue de la protection des animaux, ces chevaux ne manquent de rien: ils ont à boire et à manger, une litière propre et des sabots bien soignés. Mais leur bien-être va bien au-
delà de ces besoins de base! Il faut apprendre à lire les signaux subtils de mal-être ou de stress chez le cheval, en chercher les causes et les éliminer. Il ne faut pas oublier qu’une souffrance psychique est souvent plus durable qu’une souffrance physique.

Assurer la santé mentale de nos chevaux exige une bonne pratique des activités équestres ainsi qu’une connaissance approfondie de la physiologie et de l’éthologie du cheval. La FSSE propose déjà un large éventail de très bonnes formations et je me réjouis de suivre le développement de futurs projets dans ce domaine-là.

Président de la FSSE de 2009 à 2021: Charles F. Trolliet | © FSSE/Marco Finsterwald Président de la FSSE de 2009 à 2021: Charles F. Trolliet | © FSSE/Marco Finsterwald

Et vous, quels sont vos projets d’avenir? Pensez-vous rester en contact avec les sports équestres?

Ce n’est pas en quittant la présidence de la FSSE que je vais diminuer mon engagement en faveur du cheval et des sports équestres! Je dirais même que je pourrai désormais faire certaines choses plus librement car je ne représente plus les opinions parfois nées de compromis bien suisses. Je ne me suis jamais senti bloqué par ma fonction mais j’ai peut-être défendu certaines positions de façon un peu plus timide que je ne pourrai le faire à l’avenir.

Je viens d’être élu président du Conseil et Observatoire Suisse de la Filière du Cheval (COFICHEV) et je vais engager de grands efforts pour que ce groupe soit encore plus perçu comme observateur compétent et impartial de la filière équine. Par ailleurs, je suis membre du conseil de la Fondation nationale du cheval Avenches, ce qui me conduira à continuer à occuper un siège dans le conseil d’administration de l’IENA Sàrl. Enfin, je poursuivrai bien entendu mon activité de vétérinaire officiel FEI. Voilà maintes possibilités d’utiliser mon savoir, mon réseau et surtout ma passion pour le bien du cheval et des sports équestres.

 

Quel message souhaitez-vous passer à votre successeur?

Ma succession à la présidence de la FSSE a été préparée de longue date et je suis profondément convaincu que Damian Müller est l’homme de la situation et qu’il représente une grande chance pour la FSSE. C’est en 2015 que nous nous sommes rencontrés pour la première fois et j’ai très vite senti que c’est non seulement un politicien habile mais aussi un homme de cheval intelligent, réfléchi et engagé.

Je lui passe les rênes de la fédération avec un sentiment de satisfaction et d’optimisme. Damian n’a pas besoin de mes conseils, mais je lui souhaite autant de plaisir que j’en ai eu moi-même en exerçant cette fonction.

 

Merci, cher Charles, pour ces années de travail inlassable au sein du comité de la FSSE et pour l’engagement passé et futur en faveur de nos amis les chevaux!

 

Propos recueillis par
Cornelia Heimgartner

Martin Habegger, membre du comité de la FSSE de 2009 à 2021 | © FSSE/Marco Finsterwald Martin Habegger, membre du comité de la FSSE de 2009 à 2021 | © FSSE/Marco Finsterwald

Corps et âme pour la formation

Lors de l’assemblée générale d’automne de la FSSE, Martin Habegger a également pris congé du comité. En tant que responsable de la formation, de la formation continue et du perfectionnement ainsi que de la promotion de la relève, le Bernois s’est engagé pendant douze ans, à sa manière réfléchie mais non moins convaincante, pour le transfert de connaissances dans le sport équestre.

En tant que professeur d’équitation diplômé, la pratique a toujours été pour lui une préoccupation majeure et elle le reste. Martin Habegger ne cesse de se perfectionner. Il est entraîneur de Swiss Olympic, moniteur et expert J+S, constructeur de parcours de Saut et expert en équitation pour la formation de base et les brevets.

Parmi ses plus grandes réalisations au sein du comité de la FSSE, on compte certainement la réorganisation de la formation avec l’introduction de la «formation de base Cheval» et de différents nouveaux brevets, afin de pouvoir gagner un public encore plus large à l’offre de formation de la FSSE et d’augmenter le niveau de performance pour l’entrée dans le sport de compétition.

A l’avenir, Martin Habegger restera au service du sport équestre suisse en tant que constructeur de parcours de Saut et expert en équitation, mais également en qualité d’organisateur de concours et directeur opérationnel de la Reitsportarena à Roggwil (BE).

La FSSE remercie chaleureusement Martin Habegger pour son engagement durant de longues années au sein du comité et dans le sport équestre suisse.

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