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Dossier: Interviews

Regards croisés: trois personnes, trois perspectives de la crise du coronavirus – partie 1

17 avril 2020 16:00

Tous les trois endossent des tâches importantes pour le sport équestre dans la situation actuelle et ils décrivent pour le «Bulletin» la manière dont ils voient les choses. Il s’agit du directeur de l’OSAV Hans Wyss, du président des SHP Martin H. Richner, et du vice-président de la FSSE Damian Müller.

Partie 1: Hans Wyss, directeur de l'OSAV

Hans Wyss avec son hongre Holstein de 23 ans Coral Key au CS de Kappelen-Lyss 2019. (© PhotoBujard) Hans Wyss avec son hongre Holstein de 23 ans Coral Key au CS de Kappelen-Lyss 2019. (© PhotoBujard)

Le directeur de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) Hans Wyss est un cavalier de Saut passionné et on le rencontre régulièrement sur les places de concours suisses où il dispute des épreuves jusqu’à la catégorie R/N125. Son Office épaule l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) pour interpréter l’Ordonnance 2 du Conseil fédéral sur les mesures destinées à lutter contre le coronavirus (ordonnance 2 COVID-19) dans l’optique des rapports avec les animaux et pour élaborer des recommandations et des directives appropriées.

«Bulletin»: Depuis l’entrée en vigueur de l’ordonnance 2 COVID-19, la page Internet de l’OSAV répond aux questions les plus fréquentes des sportifs équestres et des exploitants d’écuries. Quelle influence avez-vous sur l’interprétation des mesures du Conseil fédéral?

Hans Wyss: En principe, l’OSAV est peu impliqué dans les prises de décisions politiques. Dans le cas du COVID-19, il s’agit d’une maladie de l’être humain et le domaine des animaux domestiques n’est qu’une scène secondaire. Le Conseil fédéral a pris la décision clé de protéger la population avec des mesures spécifiques. Notre tâche consistait donc à aider l’OFSP à interpréter l’ordonnance pour ce qui touche aux contacts des personnes avec les animaux sachant que l’OSAV dispose d’une expertise approfondie à ce niveau.

Les activités de loisir organisées par une société ou toute autre institution comme par exemple des concours de sport équestre sont interdites – ce qui ne laisse place à aucun doute et à aucune marge de manoeuvre pour des dérogations. Et pourtant, les besoins élémentaires des chevaux doivent être couverts, et les bouger en fait également partie.

Toutes les questions concernant les chevaux adressées directement à l’administration fédérale ou par l’entremise des cantons mais également par la FSSE sont examinées en tenant compte de ces deux aspects. L’ordonnance du Conseil fédéral est et reste le cadre institutionnel et nous n’avons aucune influence sur elle.

Le directeur de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) Hans Wyss. (© BLV) Le directeur de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) Hans Wyss. (© BLV)

Les «questions fréquentes» de l’OSAV ont-elles un caractère obligatoire? Peut-on être amendé si on n’en tient pas compte?

Les réponses à nos «questions fréquentes» donnent l’interprétation juridique fondamentale de l’ordonnance 2 sur le COVID-19 de l’administration fédérale et elles sont contraignantes. L’application de l’ordonnance est du ressort des cantons. Nous entretenons d’étroits contacts avec les offices vétérinaires cantonaux afin d’assurer une application homogène dans toute la Suisse. Il appartient donc aux cantons et à leurs corps de police d’effectuer les contrôles et le cas échéant d’infliger des amendes si les mesures de la Confédération y compris leur interprétation selon les «questions fréquentes» ne sont pas respectées.

Comment voyez-vous l’avenir du sport équestre à court et à moyen terme au vu de la situation actuelle?

Je ne peux pas dire ce qui arrivera ces prochains jours et ces prochaines semaines – l’OSAV n’a aucune influence là-dessus. Une chose est sûre, à savoir le fait que les centres équestres sont violemment touchés par la situation actuelle. D’une part, et à l’instar de nombreux autres secteurs économiques – ils n’ont plus de rentrées d’argent mais en plus, ils ne peuvent pas s’annoncer au chômage partiel sachant qu’ils ont plutôt plus de travail que trop peu. Il faut en effet continuer à assurer le bien-être des chevaux du centre, donc les bouger même lorsque les activités de manège sont stoppées et les coûts d’entretien ne sont pas moins élevés. Si l’OSAV n’a aucune possibilité de soutenir directement les centres équestres, nous pouvons cependant confirmer et soutenir l’argumentation technique figurant dans le courrier adressé au SECO par la FSSE et les SHP.

Lorsqu’un assouplissement des mesures sera décidé, il est bien clair que les activités de loisir ne seront pas prioritaires. Mais avec les mesures actuelles, le bien-être animal peut être garanti et c’est le plus important. Pour les centres équestres, il est souhaitable qu’une bonne solution acceptable du point de vue économique soit trouvée. Par contre, les cavaliers de loisir devront dans un premier temps mettre leurs ambitions en veilleuse – tout comme tous les autres sportifs.

Hans Wyss (au milieu) avec Bijörn von Salis et Christine Stückelberger en tant que journaliste au Championnat d’Europe de Dressage à Goodwood (GBR) en 1987 (© Elisabeth Weiland) Hans Wyss (au milieu) avec Bijörn von Salis et Christine Stückelberger en tant que journaliste au Championnat d’Europe de Dressage à Goodwood (GBR) en 1987 (© Elisabeth Weiland)

Vous êtes vous-même un cavalier de Saut. Comment vivez-vous la situation actuelle avec vos chevaux?

J’ai quatre chevaux à la maison et je respecte les règles. Je pars seul en promenade et les chevaux ont une aire de sortie ainsi que le pré lorsque le temps le permet. 

Nous devons tous prendre conscience que la situation actuelle est très sérieuse et qu’elle nous occupera encore longtemps. Nous sommes tous tenus de respecter scrupuleusement les règles d’hygiène et de distance sociale. Chacun d’entre nous peut contribuer à ce que cette période difficile ne doive pas être prolongée inutilement.

Interview menée par
Cornelia Heimgartner

Autres acteurs de la filière du cheval

Il y a-t-il d’autres acteurs de la filière du cheval qui ont pris des initiatives propres dans le cadre de la crise actuelle en vue de soutenir la branche équine?

Consciente de la responsabilité de l’humain envers les animaux en tant que créatures vivantes, la Protection suisse des animaux PSA s’engage pour le respect du bien-être, de la vie et de la dignité des animaux. Ses efforts tendent surtout à assurer une détention respectueuse des espèces et des pratiques responsables et pleines d’égards envers les animaux. La PSA promeut le travail de protection des animaux sur le plan national et international et elle soutient ses membres dans le domaine de la protection des animaux. La Section Chevaux est dirigée par la zoologue diplômée Sandra Schaefler et elle s’engage pour une détention respectueuse de l’espèce et pour des pratiques qui ménagent les
chevaux.

Sandra Schaefler: La Protection suisse des animaux PSA a réévalué chaque jour (et déjà avant la déclaration de situation extraordinaire concernant l’évolution de la pandémie) les conséquences des mesures de l’OFSP pour les animaux et les détenteurs d’animaux. Elle a eu des contacts étroits avec l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) et elle a invité à tenir constamment compte du bien-être animal lors de cette crise. Au cours des dernières semaines, la PSA s’est penchée intensivement sur le sujet des «passages aux frontières» et elle s’est engagée pour les propriétaires de chevaux qui ont leur chevaux à l’étranger, sachant que la situation est particulièrement critique pour les propriétaires qui doivent s’en occuper eux-mêmes et dont le passage à la frontière et le retour en Suisse sont refusés ou sont rendus difficiles. Afin d’éviter des souffrances animales, la PSA a pris contact avec l’Administration fédérale des douanes (AFD) en la priant de trouver une solution. De plus, elle s’est également adressée au Land du Bade-Wurtemberg. En outre, la PSA a soutenu la demande de la FSSE et des SHP au SECO de trouver une solution pour les écoles d’équitation, sachant que les chevaux de ces exploitations doivent continuer à être bien soignés. Il est en effet essentiel d’assurer leurs soins de base avec des possibilités de sorties quotidiennes.

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