La crise du coronavirus n’est pas facile à vivre, et ce également pour les sportifs équestres: les uns trouvent le temps long, les autres ne supportent cette période que difficilement. Tout le monde est touché par la crise, certains plus, d’autres moins. Les organisateurs de manifestations ont également dû avaler la pilule. Mais aujourd’hui, les sons de cloche annonçant le début d’un parcours d’obstacles ou d’une reprise de dressage retentissent à nouveau.
Darioly Events SA se réjouit qu’enfin, le son de cloche de départ peut à nouveau retentir en Valais. © Stéphanie Florina
La longue attente touche à sa fin. Les cavaliers et les chevaux ont eu plus de temps que prévu et nécessaire pour se préparer à la saison de concours, le harnachement est réparé et propre, tout le monde est prêt. Selon la décision du Conseil fédéral du 27 mai 2020, des manifestations peuvent à nouveau avoir lieu, sous certaines conditions, depuis le 6 juin 2020. Une des personnes concernées qui se réjouit particulièrement de l’assouplissement des mesures est le Valaisan Michel Darioly, gérant de deux centres équestres, un à Sion et un à Martigny, et directeur de l’entreprise Darioly Events SA, dont l’activité principale est l’organisation de concours hippiques.
Aller de l’avant malgré les annulations
Cette année, Darioly Events SA avait prévu d’organiser neuf compétitions. Sept manifestations, dont le concours international de Verbier, ont cependant dû être annulées. En dépit des circonstances, l’entreprise valaisanne prévoit déjà l’organisation de cinq compétitions de Saut supplémentaires. «J’envisage l’avenir avec sérénité. Je pense que tous les organisateurs de manifestations qui peuvent se permettre de prendre ce risque devraient reprendre leur activité.» En effet, sans compétitions pas de cours d’équitation, sans cours d’équitation pas de commerce de chevaux, et ainsi de suite. Les différents secteurs économiques, et en particulier ceux de la filière du cheval, doivent progressivement se remettre en route.
En avant toute?!
«Nous avons prévu d’organiser les premières manifestations à la mi-juin. Pour ce faire, nous avons élaboré un concept particulier: nous proposons deux épreuves le matin, faisons ensuite deux heures de pause de midi, et reprenons avec deux épreuves supplémentaires l’après-midi», explique Michel Darioly. De cette manière, il y a suffisamment de temps à disposition entre les deux blocs d’épreuves pour permettre aux concurrents du matin de partir et à ceux de l’après-midi d’arriver, et éviter ainsi qu’un trop grand nombre de personnes ne se retrouve en même temps sur la place de concours.
Assouplissement des mesures grâce aux adaptations de règlement
L’homme d’affaires est convaincu que les modifications temporaires apportées aux règlements par le Fédération Suisse des Sports Equestres pendant cette période de la COVID-19 offrent quelques avantages de taille pour les organisateurs. Pour résumer, celles-ci soulagent les organisateurs au niveau des prix à distribuer et leur laissent plus de liberté de décision dans certains domaines. «Pour Darioly Events, cela signifie que certaines épreuves vont s’autofinancer, voire même produire un petit bénéfice, un coup de pouce évidemment bienvenu au vu de l’absence de nombreux sponsors», poursuit le Valaisan. Tel n’a que rarement été le cas pour certaines catégories ces dernières années. En effet, une fois tous les gains et redevances payées, certaines épreuves comptabilisaient parfois un déficit.
Pour les clubs hippiques organisateurs de concours, la situation est cependant plus compliquée. Bon nombre d’entre eux ne disposent pas de propres infrastructures et dépendent donc d’une certaine sécurité de planification à plus long terme. Si celle-ci n’est pas garantie, comme c’est le cas dans la situation actuelle, beaucoup estiment que le risque de maintenir la compétition est trop grand, sans parler de l’effectuer. «Les organisateurs qui ne s’exposent pas à de trop gros risques devraient essayer de mettre sur pied, d’une manière ou d’une autre et le plus rapidement possible, autant de manifestations qu’ils peuvent», argumente Michel Darioly.
La recherche de sponsors toujours difficile
En ce qui concerne le soutien financier de ce genre de manifestations, les organisateurs devront faire preuve d’encore un peu de patience, rester tolérant et attendre que l’économie reprenne. «Beaucoup de sponsors se sont désistés, je dois encore attendre un peu avant de reprendre contact avec eux pour les compétitions de juillet et d’août. Ce faisant, il faut procéder de manière stratégique, donc par exemple plutôt solliciter les entreprises de branches moins touchées par la crise du coronavirus, comme celle de l’immobilier ou de la construction», souligne le directeur de Darioly Events. Il est en revanche judicieux d’attendre encore un peu avant d’adresser des demandes de sponsoring à des restaurants, des hôtels ou d’autres entreprises du secteur touristique, histoire de les laisser reprendre leur souffle.
D’un point de vue global et au vu des circonstances, l’entreprise Darioly Events va relativement bien. Interrogé quant au résultat de ces derniers mois, Michel Darioly répond: «Nous n’avons pas réalisé de bénéfices, mais pas non plus enregistré de pertes.» La situation est cependant très différente dans les deux centres équestres et leurs écoles d’équitation. En effet, les coûts d’entretien des chevaux d’école ne se volatilisent pas lorsque le manège reste fermé, et la réponse de la Confédération quant à une demande de soutien financier fut également négative. Par contre, le Conseil fédéral doit encore répondre à la motion du conseiller national Olivier Feller dans laquelle le Conseil fédéral est chargé de prendre les mesures financières propres à tenir compte équitablement de la situation particulière des écoles d’équitation pendant la crise sanitaire liée à la COVID-19. Michel Darioly, lui non plus, n’a pas encore dit son dernier mot à ce sujet: «Je vais m’engager personnellement et entreprendre les démarches nécessaires auprès du canton pour récupérer au moins une partie des finances - tout d’abord pour couvrir les dépenses engendrées par l’entretien des chevaux et des poneys d’école en Valais, soit d’environ une centaine d’animaux.» Cette charge financière devrait pouvoir être portée par le canton, selon lui.
Profiter du temps disponible
Malgré tous les désagréments causés par la crise du coronavirus, Michel Darioly voit également les côtés positifs des deux derniers mois et demi en ce qui le concerne: «J’étais beaucoup moins stressé et j’avais nettement plus de temps pour ma famille et pour faire du sport régulièrement», dit le Valaisan, hilare. «Et si 2020 est une année blanche pour Darioly Events, il s’agira là d’un très bon résultat.» Toutes les personnes concernées doivent cependant faire preuve de tolérance, prendre leur mal en patience et respecter les mesures d’hygiène et toutes les autres réglementations émises afin qu’il ne faille pas faire machine arrière et que l’équipement de compétition pour cette saison ne disparaisse définitivement à la cave.
Nicole Basieux
Michel Darioly en interview à la buvette de son centre équestre à Martigny: «J’envisage l’avenir avec sérénité.» © Nicole Basieux