Nécrologie du prince Philip
Personne n’a été plus longtemps président de la Fédération Equestre Internationale (FEI) que le prince Philip qui endossa cette charge de 1964 à 1986. Au cours de ces 22 années, la FEI s’est transformée passant d’un club de vieux messieurs qui se réunissait une fois l’an dans le Grand Hôtel Palace décadent de Bruxelles à une fédération sportive moderne. En 1964, les passeports équins, les contrôles de dopage, le travail de relations publiques et le sponsoring étaient des notions totalement étrangères pour la FEI, mais bien des choses ont changé sous l’égide du prince Philip qui n’était pas un simple administrateur, mais un visionnaire et un réformateur sachant rester pragmatique.
Tout d’abord, en tant que président, le prince Philip a créé un classement annuel des Prix des nations «The Presidents Cup», et il a fait don d’une sculpture de son épouse à cheval comme prix d’honneur. Plus tard, il a reconnu le potentiel d’une Coupe du monde, une série globale d’épreuves individuelles.
Pour le journaliste suisse qui lui a présenté l’idée d’une Coupe du monde lors des Jeux Olympiques de Montréal en 1976, le prince Philip a été un interlocuteur cordial mais formel et distant. Aucune personne de l’extérieur ne pouvait l’appeler Philip, il restait toujours «His Royal Highness». Et lorsqu’en mai 1978, je lui ai expliqué le projet Coupe du monde au château de Windsor, le prince Philip a conclu la séance en disant que je devais diriger la Coupe du monde mais qu’il allait traduire le règlement de celle-ci de mon anglais américain en bon anglais.
Lors des entretiens avec le prince, j’ai découvert quelques particularités qui lui étaient propres. S’il disait «I see», on savait qu’il n’avait pas tout compris, voire rien compris du tout, et qu’il fallait tout réexpliquer. Par contre, s’il disait «I do not understand», cela ne voulait pas dire qu’il ne comprenait pas mais qu’il n’aimait pas ce qu’il avait entendu.
Prince Philip et Max E. Ammann lors de l’Assemblée générale de la FEI à Londres en 2005 | © Archives Max E. Ammann
Le prince Philip n’aimait pas les journalistes - à l’exception des journalistes de sport équestre. Et ses propos spontanés, souvent méchants ou insultants, mais également pleins d’esprit et de justesse sont restés dans les mémoires. Ainsi, au cours d’une assemblée de la FEI, lorsque la délégation de Pékin avait protesté contre le fait qu’on avait hissé le drapeau de Taiwan, il a répondu aux Chinois: «Vous pouvez utiliser un caleçon comme drapeau et jouer la Marche du colonel Bogey, cela ne m’intéresse absolument pas.»
Lors d’une conférence de presse avant les JO d’été de 1984 à Los Angeles, un reporter a demandé au prince Philip de commenter les mesures de sécurité. Sa réponse: «Je ne suis pas un spécialiste des questions sécuritaires, j’en suis une victime.»
A partir de 1968, le prince Philip s’est intéressé au sport d’Attelage et il l’a intégré à la FEI comme quatrième discipline. Il conduisait lui-même un attelage et il fut durant plusieurs années membre de l’équipe britannique des attelages à quatre lors des championnats d’Europe et du monde. En 1980, il remporta même l’or par équipe au CdM. Son meilleur résultat individuel est une sixième place au CdM 1982. Avant cela, il avait été un bon joueur de polo avec un handicap de cinq buts.
Durant sa présidence, la Voltige et l’Endurance ont également été intégrées comme disciplines à la FEI. Et c’est encore lui qui est à l’origine des premiers Jeux équestres mondiaux organisés à Stockholm en 1990, qui ont permis de présenter de manière impressionnante la diversité du sport équestre. Et le fait que ceux-ci tendent à disparaître l’a certainement attristé.
En conclusion, s’il nous est permis d’émettre un jugement, le prince Philip aujourd’hui décédé fut le meilleur président que la FEI ait jamais eu.
Max E. Ammann
Le jeune Suisse Christian Iseli est felicité par le prince Philipe à Frauenfeld en 1974. | © Archives Max E. Ammann
Prince Philip - visites équestres en Suisse
1974 août
Visite des 2es Championnats du monde des attelages à quatre à Frauenfeld
1979 octobre
Assemblée du Bureau de la FEI à Berne. Visite de l’hôpital vétérinaire, DFCA, Avenches, dîner au restaurant «Sternen» à Grosshöchstetten
1980 décembre
Assemblée générale de la FEI à Berne
1981 août
Participation aux Championnats d’Europe des attelages à quatre à Zoug. Remporte la médaille de bronze par équipes
1982 décembre
Assemblée générale de la FEI à Genève
1984 décembre
Assemblée générale de la FEI à Berne
Prinz Philip le meneur à quatre chevaux et ses participations aux compétitions internationales
Classements en individuel |
Calssements par équipes |
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Championnats du monde | ||
1976 Apeldoorn | 24 | – |
1978 Kecskemét | 28 | 3 |
1980 Windsor | 21 | 1 |
1982 Apeldoorn | 6 | 3 |
1984 Szilvásvárad | 18 | 3 |
Championnats d'Europe | ||
1973 Windsor | 17 | – |
1975 Sopot | 20 | 6 |
1981 Zug | 10 | 3 |
CAI Windsor: participation chaque année de 1977 à 1985 | ||
1er rang | 1982 | |
2e rang | 1977, 1979, 1980, 1981 | |
3e rang | 1985 | |
Participation à d’autres CAI: | ||
Deurne (NED), Tjolöholm (SWE), Flyinge (SWE) |