Swiss Equestrian
Menu
Attelage
Attelage

Le bien-être des chevaux d’attelage en point de mire

17 mai 2023 16:45

Après que l’attelage a été soumis à de vives critiques au cours de la dernière saison de coupe du monde, de plus en plus d’acteurs ont proposé et même exigé que l’on y réponde de manière proactive et positive. Et ce tant pour le bien-être des chevaux que pour la pérennité de l’attelage en particulier, et des sports équestres en général.

La discipline d’attelage fascine quand elle va de paire avec l’harmonie. La discipline d’attelage fascine quand elle va de paire avec l’harmonie. | © Brigitte Gfeller

Des images peu flatteuses et des sujets dérangeants concernant les sports équestres apparaissent régulièrement dans les médias. Les gros titres sur la cruauté envers les animaux, la maltraitance et les abus choquent le grand public. A juste titre, devrait dire tout homme ou toute femme de cheval. Impossible et même impensable de fermer les yeux là-dessus. Tous les groupes concernés portent leur part de responsabilité afin de garantir des sports équestres attractifs et porteurs d’avenir. Différentes fédérations nationales et internationales ainsi que de nombreux membres de la filière équine en sont également bien conscients.

 

Une nouvelle commission pour l’éthique et le bien-être

C’est entre autres pour cette raison que la Fédération équestre internationale (FEI) a créé en juin dernier la Equine Ethics and Wellbeing Commission (EEWB). Elle souhaite ici réagir face aux préoccupations croissantes du public vis-à-vis des défis mondiaux tels que le changement climatique, l’utilisation des ressources et la protection des animaux, notamment dans le cadre des doutes émis par la société quant à l’utilisation des chevaux à des fins sportives.

Des athlètes heureux dans le sport d’attelage : c’est le genre d’images que nous voulons voir. | © Brigitte Gfeller Des athlètes heureux dans le sport d’attelage : c’est le genre d’images que nous voulons voir. | © Brigitte Gfeller

Un contrat social non écrit

Même dans le monde de l’attelage international, il s’agit de l’un des sujets, ou même du sujet le plus important. C’est pourquoi la FEI a organisé, mi-avril, son premier FEI Driving Forum. Celui-ci a eu lieu à l’occasion du concours international d’attelage de Kronenberg (NED). En tête de liste des sujets à traiter figuraient le bien-être des chevaux et la protection animale. Theo Ploegmakers, président de la Fédération européenne des sports équestres (EEF), et la professeure Kathalijne Visser-Ried, tous deux membres de la EEWB, ont présenté la problématique ainsi que divers résultats d’études et d’enquêtes. L’accent a été mis sur la dite « social license to operate » (ou SLO). En résumé, la SLO est un contrat social non écrit entre le grand public et une filière ou organisation.

Les sports équestres sont surveillés de près par le grand public parce qu’ils sont liés à l’utilisation d’un animal et que la perception de la société à cet égard est en train d’évoluer. Les gens tirent leurs propres conclusions, souvent sur la base de photos et de vidéos publiées dans les médias sociaux. Souvent, les décisions reposent non pas sur des faits, mais sur des émotions, toute réflexion objective sur le sujet étant alors exclue.

De la musique forte, un public frénétique, des obstacles étroitement construits - dans quelle mesure les manifestations d’attelage en salle sont-elles respectueuses des chevaux ? En photo : le meneur suisse d’attelage à quatre chevaux Jérôme Voutaz lors de l’épreuve de Coupe du monde à Leipzig (GER) en janvier 2023. | © FEI/Leanjo de Koster De la musique forte, un public frénétique, des obstacles étroitement construits - dans quelle mesure les manifestations d’attelage en salle sont-elles respectueuses des chevaux ? En photo : le meneur suisse d’attelage à quatre chevaux Jérôme Voutaz lors de l’épreuve de Coupe du monde à Leipzig (GER) en janvier 2023. | © FEI/Leanjo de Koster

Crédibilité, optimisme, transparence et confiance

Le grand public ne fait aucune différence entre les chevaux utilisés en tant que partenaires de loisir et ceux utilisés à des fins de compétition. De même, il ne fait pas non plus de distinction entre les disciplines ni entre les activités réglementées et contrôlées ou non par la FEI. La crédibilité, l’optimisme, la transparence et la confiance font partie des principaux facteurs influençant la SLO. Si la société considère que ces facteurs sont réunis, la filière ou l’organisation peut fonctionner sans problème et les compétitions équestres, par exemple, peuvent avoir lieu. En revanche, si ce n’est pas le cas et si les gens n’ont pas confiance, si la filière ou l’organisation n’est pas crédible et manque de transparence, alors la société s’opposera à celle-ci.

 

Des résultats d’enquête sans équivoque

Des enquêtes menées par la FEI ont mis en évidence la nécessité d’agir et de prendre le sujet au sérieux. En résumé, 67 % des répondants sont d’avis que le cheval n’apprécie pas d’être utilisé à des fins sportives, le rapport des personnes actives dans le monde des sports équestres étant ici de 50-50. Dans une autre enquête menée auprès de 27 710 membres de la communauté équestre issus de 116 pays, des doutes ont été exprimés concernant toutes les disciplines, l’endurance arrivant toutefois en tête avec 73 %, suivie de l’attelage et du concours complet (68 %) ainsi que des courses hippiques et du saut d’obstacles (67 %). Parmi les parties prenantes des sports équestres, 78 % ont déclaré que les normes de protection animale devaient impérativement être améliorées

Le sport d’attelage mortil la poussière ? Ce n’est pas moins que l’acceptation sociale de la discipline qui est menacée. | © Brigitte Gfeller Le sport d’attelage mortil la poussière ? Ce n’est pas moins que l’acceptation sociale de la discipline qui est menacée. | © Brigitte Gfeller

La Protection suisse des animaux observe

En Suisse, la Protection suisse des animaux PSA s’intéresse depuis plusieurs années déjà aux sports équestres. Elle publie tous les ans un rapport sur les manifestations équestres organisées en Suisse. Lors de ses visites inopinées sur les terrains de concours, la PSA évalue aussi bien le comportement des cavalières et cavaliers (ou meneuses et meneurs) sur le paddock de détente que leur manière de traiter le cheval durant les épreuves. Il y a deux ans, les éloges étaient plutôt rares pour les meneuses et meneurs suisses. Des images peu flatteuses avaient alors marqué les esprits et la PSA avait exigé des améliorations, lesquelles ont déjà pu être constatées au cours des derniers mois.

 

Un dialogue ouvert et constructif

D’autres débats menés à l’occasion du FEI Driving Forum concernaient également des aspects très techniques, par exemple : l’épreuve de dressage doit-elle se dérouler sur une carrière de 40 × 80 mètres ou de 40 × 100 mètres ? Faut-il rabaisser le poids minimal des calèches marathon ? Des sujets concernant les trois disciplines, c’est-à-dire le dressage, le marathon et la maniabilité, ont également été abordés, un peu de temps étant toujours prévu pour les discussions. Malgré tout, de l’extérieur, certains ont eu l’impression que la place accordée aux discussions était insuffisante, que celles-ci manquaient d’ampleur et de profondeur et ne pouvaient donner lieu à des décisions mûres et fondées en faveur du bien-être équin et de la pérennité de l’attelage.

L’équitation étant déjà un sport marginal en soi, les différentes disciplines n’ont plus qu’un poids moindre. Afin de ne pas devoir céder à un large public, les acteurs de la filière équine qui, en fin de compte, sont tous dans le même bain devraient s’efforcer de tirer sur la même corde. Le plus important à ce sujet est sans doute la recherche d’un dialogue ouvert, constructif et avant tout orienté vers des solutions plaçant - sans concession - le bien-être du cheval au centre des préoccupations.

Nicole Basieux

Informations sur vos données
Des cookies sont utilisés sur ce site web pour améliorer la fonctionnalité et les comportements des prestations ainsi qu'à des fins statistiques. En cliquant sur le bouton Accepter, vous acceptez l'utilisation de cookies sur ce site web.