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Corps et âme pour le sport: Le quotidien au rythme de la voltige

13 novembre 2017 11:34

Le club de voltige Lütisburg fête son 30e anniversaire et s’est offert le plus beau cadeau au mois d’août en remportant la médaille d’argent en groupe aux Championnats d’Europe de voltige. La famille Bischofberger se trouve à l’origine de cette histoire de réussite.

Au milieu des années 80, presque personne ne connaissait la voltige au Toggenburg. A l’écurie Bischofberger, le saut d’obstacles était la discipline de prédilection. Les deux fils de la famille prenaient le départ en compétition dès leur plus jeune âge. Le cadet, Bruno, reprit ensuite le centre équestre du père en tant que cavalier professionnel. L’aîné, Kurt, intégra l’entreprise de construction familiale comme maçon, bien qu’il resta fidèle au saut d’obstacle en épreuves régionales. Sa femme montait également régulièrement à cheval comme cavalière de loisir. En 1986, alors qu’elle n’avait que 10 ans, leur fille Monika participait également à de petites compétitions hippiques et pratiquait la gymnastique artistique à côté. 

Faire connaître la voltige 

C’est à cette époque que le couple Gebs, originaire du bastion de voltige Saint-Gall, approcha la famille Bischofberger avec la proposition de faire connaître la voltige au Toggenburg. Kurt Bischofberger se rappelle: 

«Nous trouvions l’idée intéressante et avions un cheval adapté à disposition, mais nous ne savions pas comment entraîner des enfants pour la voltige.» 

Annemarie Gebs eut alors l’idée que Monika, qui pratiquait aussi bien l’équitation que la gymnastique artistique, serait la voltigeuse parfaite et qu’elle pourrait apprendre la voltige chez eux à Saint-Gall et ensuite transmettre son savoir aux enfants du Toggenburg. Aussitôt dit, aussitôt fait: Monika, sportive polyvalente, devint membre du groupe Saint-Gall et maman Heidi apprit à longer.

Monika Bischofberger à la longe lors des championnats d’Europe à Eberreichsdorf. Monika Bischofberger à la longe lors des championnats d’Europe à Eberreichsdorf. (Image: Daniel Kaiser)

Les débuts avec huit enfants 

Le groupe de voltige fut fondé une année plus tard comme sous-section du club hippique de la Thur. L’aventure commença avec huit enfants et Till, le cheval de saut retraité. Heidi Bischofberger était à la longe et Monika montrait les figures aux enfants, d’abord sur le cheval d’arçon, puis à la longe. La fille cadette, Karin, participait également aux entraînements. Aujourd’hui elle-même mère de trois enfants, Monika Winkler-Bischofberger raconte en souriant:

Toute la famille s’est faite sa place dans le monde de la voltige de manière complètement naturelle. Comme j’avais du talent, j’ai rapidement intégré le premier groupe et ainsi transmis mon expérience aux enfants de Lütisburg.  Ma mère a suivi des cours  de longeur et mon père avait l’oeil pour les bons chevaux.

Sept médailles de championnat 

Le groupe de voltige Lütisburg s’est alors muté en club indépendant avec plusieurs groupes de compétition et des concours organisés. A l’écurie, auparavant remplie de chevaux de saut, ne se trouvaient presque plus que des chevaux de voltige, mis à part un sauteur pour Monika. Cette dernière dut cependant mettre fin à sa propre carrière de voltigeuse à l’âge de 16 ans suite à une blessure, mais continua comme entraîneuse de voltige et cavalière de saut d’obstacles. Aujourd’hui, un total de 53 filles et deux garçons répartis en huit groupes s’entraînent sur huit chevaux différents avec autant de longeuses. Le club de voltige Lütisburg a aussi accumulé une jolie collection de médailles: sept médailles de championnats internationaux, dont six en groupe et une en catégorie individuel. S’y ajoutent 16 médailles de championnats suisses, dix en groupe ainsi qu’une individuelle. 

Une retraite très active 

Les grands-parents, Heidi et Kurt Bischofberger, sont tous deux à la retraite depuis quelques années, mais cela ne se remarque pas. Ils dirigent toujours leur entreprise de construction, participent quotidiennement aux entraînements de voltige et s’occupent souvent de leurs cinq petits-enfants. En été, il n’est pas rare que le «Grand Seigneur» mette les chevaux au parc à 5h00 du matin, jette ensuite un oeil sur ses chantiers et soit de retour à l’écurie dès 16h00 de l’après-midi afin de donner un coup de main avec les chevaux pendant les entraînements. En plus de cela, il conduit le camion aux concours sur le territoire national comme à l’étranger, et ce souvent de nuit. Il est toujours accompagné par le cochauffeur Christoph Niederberger, médecin généraliste de profession, membre du comité du club et voltigeur amateur avec sa femme, également membre du comité.

A la question s’il ne souhaiterait pas profiter d’une retraite plus paisible, Kurt Bischofberger répond:  «Je ne vais pas rester assis à la maison et attendre la mort. Tant que ma santé le permettra, je travaillerai dans la construction. Les chevaux et la voltige sont un hobby pour moi.» 

Sa femme intervient: «J’espérais faire quelques voyages dans nos vieux jours, mais, étant donné que Kurt n’aime pas prendre l’avion, il n’en est rien.» C’est là que Kurt et Monika éclatent de rire et lancent à l’unisson: 

Mais nous sommes tout le temps en voyage avec les concours à l’étranger, que veux-tu de plus?

Tous rient alors de bon coeur et se mettent d’accord sur le fait qu’ils apprécient les tournées avec toute la famille et les chevaux. Il arrive aussi que la fille cadette, Karin, accompagne l’équipe aux championnats. En tant que physiothérapeute, elle apprécie le fait de passer quelques jours en famille et de soutenir les voltigeuses. 

Les trois enfants de Monika sont toujours de la partie lors des voyages de voltige et profitent du temps passé avec leur grand-maman Heidi Bischofberger. Les trois enfants de Monika sont toujours de la partie lors des voyages de voltige et profitent du temps passé avec leur grand-maman Heidi Bischofberger. (Image: màd)

L’organisation est essentielle

Pour la chef sportive Monika Winkler-Bischofberger, le quotidien entre famille, travail et sport n’est pas toujours facile. Elle et son mari - l’ancien footballeur professionnel Patrick Winkler - doivent organiser chaque jour minutieusement. Il travaille à 100% comme coach pour personnes à la recherche d’un emploi à l’Office de l’économie et du travail et entraîne la première équipe du FC Balzers. Elle occupe un poste à 40% en tant que pédagogue curative scolaire dans une petite classe et entraîne les groupes de voltige cinq jours par semaine. Elle explique:

Patrick et moi ne serions pas heureux si nous n’avions pas notre sport.

Cependant, si nos enfants - Yael, qui aura bientôt 6 ans, et les jumeaux de 3 ans Yaron et Lean - avaient de la difficulté avec notre quotidien peu commun, nous changerions tout de suite quelque chose.» Jusque-là, les enfants sont présents à tous les entraînements de voltige.

L’écurie est une place de jeux pour eux. La plupart du temps, ils y mangent aussi leur souper, ce qu’ils trouvent bien plus amusant qu’à table à la maison. De plus, ils voient leurs grands-parents presque tous les jours, ce qu’ils adorent.

Kurt Bischofberger est d’un grand soutien pour toute l’équipe, que ce soit au quotidien à l’écurie avec ses chevaux ou lors de championnats internationaux. Kurt Bischofberger est d’un grand soutien pour toute l’équipe, que ce soit au quotidien à l’écurie avec ses chevaux ou lors de championnats internationaux. (Image: màd)

Des concours à l’étranger intensifs

Ce qui demande le plus de travail à la famille Bischofberger sont les départs à l’étranger, qui doivent être préparés longtemps à l’avance. Les demandes de congé des voltigeuses doivent être signées, il faut décider quatre jours avant le départ ce qu’il faut laver et préparer, les chevaux sont à présenter au vétérinaire officiel et l’autorisation de circuler de nuit pour le camion doit être organisée. Rien que pour charger le camion, l’équipe doit compter près de deux heures. Kurt et son cochauffeur partent en général le mercredi soir, Heidi et Monika suivent avec les enfants et le groupe de voltige le jeudi. Monika explique: «Les concours à l’étranger auxquels nous participons avec le premier groupe et les voltigeurs individuels sont les plus durs pour moi. Nous avons alors au moins trois chevaux avec nous. Les jours d’épreuve, je les monte le matin, les détends à la longe avant l’épreuve et les présente ensuite au départ.

Je suis très reconnaissante envers mes parents car ils s’occupent de mes enfants et veillent à ce que tout se passe bien pendant les préparatifs. A la maison, mon père donne un coup de main avec les chevaux et les travaux d’écurie. Le fait d’avoir toujours les mêmes personnes de confiance autour de moi rend beaucoup de choses plus faciles.

Projets d’avenir

A la question de qu’est-ce qu’il adviendra du club de voltige Lütisburg une fois que ses parents ne pourront plus s’investir activement, Monika répond: «Nous y réfléchissons, mais nous n’avons pas de plan concret. Il est probable que nous réduisions un jour nos effectifs. Notre succès n’est pas garanti, il n’est pas sûr que nous fournissions toujours l’équipe nationale. Un groupe ambitieux peut nous dépasser à tout moment. J’y suis préparée.

J’ai soif de réussite, mais je ne suis pas obsédée par le succès.»

Au cours des 30 dernières années, le club de voltige Lütisburg et la familie Bischofberger ont donné la possibilité à de nombreux jeunes de combiner leur amour des chevaux et de l’acrobatie et d’impressionner les spectateurs lors de leurs représentations en Suisse et à l’étranger. Le plus grand objectif d’avenir pour toutes les personnes concernées est donc de motiver la relève pour ce sport particulier.

Barbara Würmli

La longeuse Monika Bischofberger dit: «J’ai soif de réussite, mais je ne suis pas obsédée par le succès.» La longeuse Monika Bischofberger dit: «J’ai soif de réussite, mais je ne suis pas obsédée par le succès.» (Image: Daniel Kaiser)

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