Après une pause de deux ans due à la pandémie, l’édition 2022 d’Equiday a pu se dérouler au Haras national suisse. A six postes informatifs, les participants ont obtenu un concentré de connaissances sur les thèmes de la production de fourrage et de la gestion des prairies. Une approche divertissante, pratique et basée sur les dernières connaissances issues de la recherche.

Suffit-il de planter des piquets aux quatre coins de n’importe quelle surface herbeuse et d’y installer une clôture électrique pour que la prairie pour chevaux soit prête? Loin s’en faut. Si seulement c’était si simple … Au contraire, de nombreuses composantes entrent en jeu dans ce domaine spécialisé. Plus de 170 personnes intéressées de toute la Suisse se sont rendues mi-mai au Haras national à Avenches pour la 6e édition d’Equiday organisée sur deux jours traitant de la production de fourrage et de la gestion des prairies. Dans les meilleures conditions possibles, des experts ont transmis l’essentiel des thèmes de la production de fourrage et de la gestion des prairies à six postes différents dans et autour du Haras national.

La plupart des gens ont déjà entendu ou lu beaucoup de choses quelque part. Mais des informations aussi détaillées et aussi spécifiques sont vite oubliées, surtout si l’on ne s’y intéresse pas de manière approfondie et régulière. Les détenteurs de chevaux et les exploitants de pensions pour chevaux y sont pourtant contraints. Or, ça ne fait toutefois pas de mal à un propriétaire de cheval ou à un cavalier qui partage un cheval de se renseigner sur ces sujets.

Plantes toxiques et parasites

Les plantes toxiques et leurs conséquences sont un sujet toujours désagréable. Le séneçon jacobé est partout et la plupart des gens le savent: il s’agit d’une plante qui est toujours toxique, qu’elle soit fraîche dans le pré ou séchée dans le foin, contrairement à la renoncule que les chevaux ne touchent en général pas et qui ne pose plus de problème dans le foin séché. Les participants à cette journée pratique ont pu se rafraîchir la mémoire et se perfectionner en botanique à un poste consacré précisément à ce type de thèmes de médecine vétérinaire en rapport avec les prairies.

Dans ce contexte, le vaste domaine des parasites illustré par des vers en bocaux est également passionnant. La question de la gestion optimale des parasites a donc été soulevée: «Le mieux est de demander conseil à son vétérinaire. Ces spécialistes connaissent généralement l’ensemble de l’exploitation et ils peuvent évaluer la façon de vermifuger de manière très ciblée et individuelle après une analyse des crottins», a expliqué Alessandra Ramseyer, vétérinaire à l’Institut suisse de médecine équine (ISME)

Qu’est-ce qui pousse ici?

Un autre poste était consacré à la composition des plantes dans le pré. Quelles sont les herbes et les fleurs qui poussent dans ma prairie? Et quel mélange de semences faut-il utiliser si l’on veut semer un pâturage pour chevaux ou une surface d’herbe pour le foin des chevaux? Dans des pots de fleurs ainsi que sur des carrés de terre bien préparés en plein air, les participantes et les participants ont pu observer et toucher les différentes herbes, du dactyle à la fétuque élevée en passant par le pâturin des prés - des graminées adaptées aux pâturages pour chevaux - ainsi que les différents ray-grass moins adaptés selon les cas car ils contiennent beaucoup de fructane.

Et c’est quoi déjà le fructane? Les fructanes sont des molécules de sucre à longue chaîne. Ils sont produits par les plantes comme hydrates de carbone de stockage. Chez les chevaux, une trop grande quantité de fructane peut toutefois entraîner la fourbure tant redoutée. Chaque question a reçu une réponse et les participants ont presque toujours eu suffisamment de temps et d’espace aux différents postes pour discuter et pour échanger leurs expériences

Un pâturage mixte avec des bovins, des ânes ou des moutons?

De nombreux propriétaires d’écuries ne disposent pas d’un espace infini et donc d’une surface de pâturage illimitée. De plus, la ferme et les pâturages doivent être bien pensés et surtout bien entretenus. Au poste «Systèmes de pâture», les participants ont découvert les différentes possibilités: est-ce que je mets par exemple à disposition de mes chevaux des pâturages rationnés? Quels sont les avantages et les inconvénients? A quoi faut-il faire attention? Ou bien un pâturage mixte avec des bovins, des ânes ou des moutons ferait-il l’affaire? Quels sont les problèmes qui peuvent survenir? En tant qu’éleveur expérimenté, Samuel Schär du Haras national suisse a pu donner des conseils et des astuces.

Prévenir le surpoids

Mais que faire lorsque le cheval prend de plus en plus de poids au pâturage en été? Au poste consacré à la prévention du surpoids, les participants ont découvert les aspects qui jouent en rôle dans la prise de poids ou non d’un cheval pendant la saison de pâture. Quand un cheval est-il trop gros? Comment éduquer mon oeil, comment contrôler le poids de mon cheval? Et qu’est-ce que le syndrome métabolique équin? La scientifique équine Anja Zollinger du Haras national a montré de manière compréhensible ce que signifie le surpoids chez le cheval et où en est aujourd’hui la recherche à ce sujet

Lois: l’esprit de clocher et les contradictions

Un autre point que l’on a tendance à oublier est le cadre légal de la détention des chevaux au pâturage. Qui est responsable si mes chevaux s’échappent du pré clôturé? Qui sera poursuivi si des enfants ou des chiens passent sans effort sous la clôture du pré et qu’un accident se produit? La spécialiste en la matière, Iris Bachmann, également du Haras national, a évoqué divers problèmes et solutions à l’aide d’exemples de cas clairs et impressionnants, sans oublier de rappeler que nous sommes en Suisse et que «l’esprit de clocher» y prévaut. Sans compter que certaines lois - qu’il faut bien sûr respecter et suivre - sont même contradictoires. La conclusion pragmatique bien qu’un peu décevante est que s’il n’est pas possible de respecter toutes les lois, on ne peut ou ne doit pas détenir de chevaux à l’endroit concerné …

Un foin de bonne qualité

Sur les prairies, on peut faire paître les chevaux ou conserver le fourrage sous forme de foin - ou combiner les deux. Ce thème a également fait l’objet d’éclairages passionnants. Qu’est-ce qui est judicieux et que signifie une «bonne qualité»? Divers échantillons de foin et de fourrage avaient été analysés au préalable et les participants ont pu les regarder, les toucher, les sentir et se faire ainsi leur propre opinion avant de consulter les résultats des analyses, et le toucher et l’odorat n’ont pas toujours suffi à distinguer le bon foin du moins bon.

A la fin de l’Equiday, tous les participants avaient appris beaucoup de choses nouvelles, passionnantes et précieuses sur les différents thèmes de la culture fourragère et de la gestion des pâturages pour le bien-être de leurs compagnons à quatre jambes.

Nicole Basieux