Le phénomène est bien connu dans presque tous les domaines de la société: il est de plus en plus difficile de trouver des bénévoles motivés. C’est là qu’elles entrent en jeu: les organisations destinées à faciliter la recherche, la répartition et la rémunération des abeilles travailleuses. Une sorte de site de rencontre pour les organisateurs et leur future main-d’oeuvre. Serait-ce également une solution pour les manifestations équestres? Le «Bulletin» a mené l’enquête.
Les engagements des nombreux bénévoles dévoués doivent être soigneusement planifiés. (Photo: K. Stuppia)
Admettons-le, ce type d’être humain - appelons-le «homo benevolis» - est une espèce en voie de disparition. La plupart des gens n’ont pas assez de temps, d’envie ou tout simplement pas les contacts nécessaires pour se porter volontaire. Des associations aidant les organisateurs de manifestations à gérer leur équipe de bénévoles peuvent apporter du soutien et proposer des solutions intéressantes à ce problème. Le «Bulletin» a analysé deux de ces organisations d’un peu plus près: Volunteo, un prestataire français, et Swiss Volunteers. Cette dernière est une organisation nationale à but non lucratif destinée aux personnes souhaitant s’engager en tant que bénévoles et aux organisateurs nécessitant de nombreuses mains pour pouvoir mener à bien leur manifestation. Ces plateformes aident également les organisateurs à mieux gérer la répartition et, le cas échéant, la rémunération de leurs petits lutins et de leurs bonnes fées.
Promouvoir l’échange social
Le but de Swiss Volunteers est de favoriser l’échange social et de rassembler les gens autour d’une tâche utile à la société. Swiss Volunteers est une association et ne poursuit pas de buts commerciaux - et ne recherche donc pas le profit. Son financement est assuré par son partenariat avec «gaz energie». La plateforme Volunteo.com, administrée depuis la France, fonctionne selon un modèle similaire. Cette année, deux grandes manifestations hippiques en Suisse romande ont ainsi recherché, trouvé et coordonné leurs bénévoles grâce à cette plateforme: les organisateurs d’Equissima Lausanne d’une part, les organisateurs des Championnats suisses d’attelage 2019 de Coinsins d’autre part.
Lors de concours hippiques, il faut des équipes de bénévoles bien rodées, capables de prendre les choses en main. (Photo: K. Stuppia)
Baptême du feu aux Championnats suisses d’attelage
Cyril Maret, président du CO des Championnats suisses d’attelage, est satisfait du résultat: «Une fois que l’on connaît le système et le logiciel, on économise beaucoup de temps, de travail et d’énergie lors de la recherche et de la répartition des bénévoles.» Cependant, il s’agit tout de même d’un coup à prendre, étant donné que le logiciel est plutôt complexe et que son développement devrait donc impérativement être poursuivi, explique l’ancien membre du cadre d’attelage. En cas de problèmes avec le système, un numéro d’assistance peut être appelé à tout moment.
Veiller à éviter les doublons
«En tant qu’organisateur, il faut trouver comment visualiser les différentes listes, etc. et quels secteurs créer pour ensuite y répartir les bénévoles.» Une autre difficulté est, selon lui, l’inscription des volontaires potentiels. «Rien que cette étape est déjà trop pénible pour certains», explique Maret. Son équipe a aussi remarqué qu’en particulier lors de la première utilisation d’un tel logiciel, de nombreuses tâches sont encore effectuées à double, soit par habitude, soit parce que l’on ne fait pas (encore) entièrement confiance au système. Afin d’être vraiment efficace, il faudrait donc analyser attentivement les différents processus et les adapter si nécessaire.
Un bon rapport qualité-prix
Un point positif est très certainement le prix: «Pour les Championnats suisses à Coinsins, nous avions un budget total de 150 000 francs. Grâce à Volunteo, nous avons trouvé environ une centaine de bénévoles, ce qui nous a coûté environ 80 centimes par bénévole», résume le président du CO. Ce n’est pas cher si l’on considère le temps et le travail économisé par la personne responsable de cette tâche. Recommanderait-il donc le recours à de telles plateformes pour l’organisation de manifestations équestres? «Oui, je trouve que l’idée est vraiment bonne. Il serait cependant encore mieux, pour ne pas dire parfait, si la Fédération Suisse des Sports Equestres intégrait une telle plateforme de recherche de bénévoles dans son logiciel pour organisateurs ‹Rosson›.» Un seul logiciel pour l’entier de la manifestation faciliterait bien des choses, ajoute Maret.
Une table réservée pour les bénévoles dans la buvette témoigne de l’estime qu’on leur porte. (Photo: K. Stuppia)
La valorisation du travail comme facteur motivant
Selon Swiss Volunteers, en plus des avantages pour les organisateurs déjà mentionnés ci-dessus comme la recherche, l’administration et la répartition facilitées des bénévoles ainsi que les économies de temps, un autre facteur non moins important entre également en ligne de compte: la rémunération. En effet, la véritable valorisation du travail est souvent plus estimée qu’un salaire en espèces par exemple. Seules les personnes qui se sont senties valorisées lors de leur mission bénévole vont s’engager à nouveau. Swiss Volunteers offre par exemple la possibilité à chacun de ses bénévoles d’imprimer un certificat attestant ses heures de travail. Les bénévoles peuvent également participer à des tirages au sort et à des concours et profiter d’autres activités de reconnaissance ou de valorisation. Ce faisant, la plus haute priorité est accordée à la protection des données, affirme l’organisation.
31 ans de travail bénévole en 2018
Les chiffres de l’année 2018 de Swiss Volunteers relèvent des résultats époustouflants: en une année, les indispensables volontaires ont effectué près de 31 ans de travail bénévole, le tout lors de 108 manifestations en 270 304 heures. Tout au long de l’année, 15 728 petits lutins et bonnes fées au total se sont engagés comme bénévoles. La personne la plus assidue d’entre elles a comptabilisé un total de 620 heures de travail, ce qui correspond à 26 jours et 26 nuits. Il est également intéressant de constater qu’un nombre presque égal d’hommes et de femmes se portent volontaires, la proportion des bénévoles femmes étant tout de même légèrement supérieure. 40% des volontaires enregistrés ont entre 20 et 40 ans, 36% d’entre eux entre 40 et 60. En regardant de plus près, on peut donc constater que les personnes prêtes à faire du travail bénévole n’ont pas encore entièrement disparues et que des plateformes comme par exemple Swiss Volunteers ou Volunteo semblent aussi remplir leur fonction pour les manifestations équestres. Et vous? Etes-vous toujours à la recherche de vos abeilles travailleuses ou les avez-vous déjà trouvées?
Nicole Basieux