Swiss Equestrian
Menu
Cheval+

Podcast: Le cheval en point de mire

«Le cheval en point de mire»  (Fokus Pferd) est un format de podcast de Swiss Equestrian. Les différents épisodes offrent un regard authentique et proche de la réalité sur les coulisses de la Fédération. En compagnie d'invités passionnants, nous parlerons de sujets d'actualité et de nouveautés, nous mettrons en évidence les liens de cause à effet et nous mettrons en lumière les personnes travaillant dans le sport équestre sous un angle tout à fait privé. La passion du cheval a autant de facettes que d'histoires à raconter. Quelle que soit la forme sous laquelle nous traitons du cheval, nous sommes une communauté.

Version texte traduite en français

Bienvenue dans le nouveau format de podcasts de la Fédération Suisse des Sports Equestres. Avec mes invités, je vais donner un aperçu du quotidien de la fédération et aborder les questions importantes relatives au sport équestre suisse.   

Dans l’épisode pilote de cette série de podcasts, le président de la fédération Damian Müller parle de son rapport au sport équestre et comment il est devenu – en fait de manière tout à fait imprévue – président d’une fédération sportive qu’il a observée et jugée exclusivement de l’extérieur pendant de nombreuses années en tant que passionné de sport équestre.  

Bienvenue, Damian Müller. Aimerais-tu dire quelques mots sur toi ? Peut-être quelque chose qui ne figure pas dans ton CV ?

Merci de m’avoir invité pour cet entretien. J’ai commencé à l’âge de 14 ans en tant que speaker lors de manifestations de sport équestre et je me suis rapproché petit à petit du sport équestre.  Parallèlement, j’ai également participé à des épreuves libres de saut d’obstacles et j’ai beaucoup pratiqué le football. Aujourd’hui, je monte encore à cheval, mais plus aussi souvent qu’avant. Lorsque c’est possible je fais une promenade décontractée le samedi pour me détendre en compagnie du cheval.

Comment es-tu arrivé à la FSSE et quelle était ta motivation ?

Etant donné que j’ai travaillé durant plus de 25 ans à des manifestations de sport équestre en tant que speaker, j’ai toujours eu un lien avec la fédération. Un jour, le président de l’époque, Charles Trolliet, m’a approché et invité à un entretien à Berne lors duquel il m’a demandé si j’avais envie d’assumer la fonction de vice-président au sein du comité de la FSSE sachant que si j’effectuais «correctement» mon travail, je pourrais éventuellement lui succéder. Or, à l’époque, ce n’était pas une priorité pour moi et je n’aurais jamais pensé devenir un jour président de cette fédération. Cependant, plus je m’intéressais à la fédération des sports équestres et aux personnes concernées et plus j’avais l’envie de m’investir pour ce sport et pour cette fédération. Pas directement avec le cheval, mais pour le cheval, pour les sportives et les sportifs équestres. C’est ce qui m’a motivé au quotidien à façonner cette fédération avec les collaboratrices et collaborateurs du secrétariat et à la faire progresser.   

Comment expliquerais-tu l’organisation et la structure de la FSSE à des personnes n’ayant rien à faire avec le cheval ?  

Les structures de la fédération sont compliquées. La fédération est l’organisation faîtière du sport équestre et elle regroupe également les associations régionales, les fédérations d’élevage et les associations spécialisées. Les associations régionales sont responsables de la promotion de la relève ainsi que de l’équitation de base. Elles regroupent à leur tour les clubs équestres qui ont pour mission essentielle d’accueillir tous les sportifs équestres et de former une communauté pouvant avoir une grande influence sur la pratique du sport équestre, en particulier au niveau local. Ensuite, nous avons le sport de compétition regroupant les athlètes des cadres de différentes disciplines qui forment des équipes envoyées aux championnats comme les championnats du monde ou les Jeux olympiques pour y représenter la Suisse et notre fédération. En outre, la fédération est responsable du déroulement correct des manifestations de sport équestre – conformément à nos règlements. C’est un aspect essentiel des tâches de la FSSE qui représentent une énorme gamme où le risque de se disperser existe toujours et où il faut savoir se focaliser sur l’essentiel, soit notamment la formation de la relève ainsi que la formation continue de tous les pratiquants des sports équestres.

Dans ta description, tu as cité en premier les clubs avec beaucoup de respect. Le nom de la fédération suggère en effet que le sport occupe la première place, mais ce n’est donc pas exclusivement le cas ?  

Les clubs équestres ont un rôle extrêmement important car ils proposent des cours de formation sérieux, ils motivent les jeunes membres à passer l’examen de brevet de la FSSE qui donne accès au sport de compétition ou qui leur permet d’obtenir une licence pour les compétitions de plus haut niveau. Je suis de l’avis que la formation de base et le brevet sont importants pour tous ceux qui pratiquent le sport équestre car ils leur permettent d’acquérir de solides connaissances pour les contacts et la détention des chevaux.  

Sur ta page d’accueil, on peut lire ta devise : «S’y attaquer et mettre en pratique». A quoi voudrais-tu t’attaquer et que voudrais-tu mettre en pratique au sein de la FSSE ?   

Si tu parles de mon site Internet, il ne s’agit pas d’un site en tant que président d’une fédération mais en tant que politicien. Cela étant, cette devise est effectivement une de mes marques de fabrique, sachant que dans le domaine associatif, il faut souvent faire preuve d’un peu plus de patience pour atteindre les objectifs fixés. Avant mon élection, j’ai toujours clairement dit qu’en tant que président de la FSSE, je ne laisserais pas intactes les pierres posées au cours des dix dernières années, mais que j’allais les retourner les unes après les autres pour voir si elles sont encore adaptées aux fondations. La stratégie 2030 a donc été lancée afin de voir où se trouve la fédération aujourd’hui, ou plutôt où elle doit être conduite et ce dont on a besoin pour pouvoir continuer à pratiquer notre sport. Les thèmes de l’éthique et du bien-être animal, c’est-à-dire la protection des animaux, sont également essentiels. Je crois que la fédération dispose d’un grand potentiel pour se développer et devenir une plaque tournante du savoir-faire du sport équestre en Suisse. Dans ce contexte, les cavalières et les cavaliers de loisirs non affiliés, respectivement non intégrés, sont très importants pour moi, car ils ne doivent pas de soustraire à leurs responsabilités et ils doivent contribuer à l’intérêt général du cheval. Cela comprend également l’engagement au sein d’un club afin d’assumer une responsabilité commune. Tout comme les cavaliers des cadres, ces pratiquants du sport équestre se retrouvent sous les feux de la rampe lorsqu’il s’agit de savoir s’ils s’occupent bien de leur cheval, s’ils le traitent correctement ou la manière dont ils se comportent avec lui dans l’espace public. Je dis toujours d’une manière un peu provocante que je pense qu’un cheval de l’élite est beaucoup mieux soigné qu’un cheval de loisir.

Merci beaucoup, Damian Müller, pour cet entretien intéressant. Dans le cadre de la série de podcasts, nous parlerons dans le prochain épisode du dernier thème abordé dans cet entretien, à savoir l’éthique pour les gens de cheval. Je m’en réjouis d’ores et déjà.  

Episode 1: Damian Müller, président FSSE, parle de l’éthique dans le sport équestre

Version texte traduite en français

Bienvenue dans le nouveau format de podcasts de la Fédération Suisse des Sports Equestres. En compagnie de mes invités, je souhaite donner un aperçu du quotidien de la fédération et aborder les grandes questions qui touchent le sport équestre suisse.

Dans cet épisode du podcast, le président de la fédération Damian Müller parle de l’éthique pour les gens de cheval. Chaque personne qui s’occupe de chevaux en tant que partenaire de sport, de loisir ou de travail affirmerait qu’elle souhaite le meilleur pour l’animal. Mais franchement, cela s’applique-t-il vraiment à chaque action et à chaque décision ? Savons-nous toujours précisément ce dont le cheval a besoin à un moment donné ? Une chose est sûre : le cheval domestiqué dépend de l’homme et il est en quelque sort à sa merci. Il convient donc de tenir compte de cette situation.

Damian Müller, il règne actuellement une certaine agitation autour du sport équestre et les voix critiques sont de plus en plus nombreuses. Que penses-tu de la situation dans son ensemble et comment l’affrontes-tu en tant que président de la fédération ?    

Nous disposons d’une législation sur la protection des animaux qui s'applique à l'ensemble de la société, qu'il s'agisse de chiens, de chats ou de chevaux. Elle définit clairement ce que l'on peut et ce que l'on ne peut pas faire. Pour la Fédération Suisse des Sports Equestres, cela signifie clairement que l'on doit respecter toutes ces dispositions légales et qu'une tolérance zéro s'applique à cet égard.

D’un autre côté, c’est un fait que des accidents sportifs peuvent se produire, que ce soit chez les humains ou, malheureusement, chez les chevaux.  Cela signifie que dans ces cas également, il faut prendre la meilleure décision possible pour le cheval, en collaboration avec le vétérinaire qui est toujours sur place, même lors des concours. Dans le pire des cas, cela peut signifier qu’il faut décider si l’animal peut continuer à vivre.

Pour nous, en tant que fédération de sports équestres, c'est aussi un grand défi. Déjà dans le cadre de la promotion de la relève, nous incitons les athlètes à se préoccuper du bien-être des chevaux. Cela implique aussi d'évaluer la condition physique du cheval, mais aussi celle du cavalier. Il ne faut pas qu'une ambition démesurée conduise au surmenage des chevaux. Au contraire, en tant que sportive ou sportif équestre, on porte la responsabilité du cheval et on sent alors si un cheval est surmené ou non.

L’éthique est une notion très floue que chacun définit à sa manière. Que signifie l’éthique pour toi ?

L’éthique est une notion très large. A la FSSE, nous avons divisé l’éthique en trois domaines : l’éthique dans les rapports avec le cheval, l’éthique dans les rapports avec les personnes dans le sport équestre et l’éthique dans le sport de compétition. Cette dernière est bien naturellement au centre de l’attention du grand public. Le bien-être du cheval dans le sport, mais aussi l’équité sportive, priment toujours en compétition sur l’ambition personnelle et sur les intérêts commerciaux.  Cela signifie également que nous devons continuer à sensibiliser nos officiels qui veillent, lors des compétitions, au respect des règlements et à la bonne condition des chevaux participants, et à encourager leur formation et leur formation continue. Nos règlements ont également été adaptés et optimisés à plusieurs reprises par le passé. Ainsi, dans le concours complet, il est désormais possible de raccourcir le parcours du cross lors de températures élevées dépassant 30 degrés. Au cours des dernières décennies, la science a permis d’aboutir à de nombreuses nouvelles connaissances concernant les performances optimales des chevaux. Cela ne concerne pas uniquement le sport équestre, mais également d’autres sports comme l’athlétisme, le football ou le hockey sur glace. La technique est entraînée de façon ciblée, l’alimentation est adaptée, etc. pour pouvoir ensuite fournir des performances de pointe au moment opportun. Il ne faut pas oublier que derrière le cheval, il y a toute une équipe, non seulement le cavalier, mais également le groom qui voit dès le matin si le cheval est en forme pour la compétition ou s’il est un peu fatigué ou particulièrement sensible ce jour-là. Cela s’applique tant pour le cheval que pour l’homme. Il donc très important d’intégrer les connaissances scientifiques par exemple en matière d’entraînement et de nutrition, afin que le cheval puisse fournir des performances optimales dans toutes les conditions.

Donc, on pourrait dire en résumé que pour toi, respectivement pour la FSSE, l’éthique signifie offrir au cheval les meilleures conditions possibles ?

Cela signifie surtout qu’on doit développer sa sensibilité afin de savoir si le cheval est en forme et si je le suis également, et afin de déterminer quelles sont les exigences que je me fixe et si je suis en mesure d’y répondre. Peut-être ne suis-je pas encore prêt à sauter un obstacle de 1,20 m. C’est pourquoi le code éthique de la FSSE comporte tant de composants et qu’il se focalise tant sur le cheval que sur l’athlète.

J’ai moi-même pu constater qu’au CC de Berne, même l’épreuve pour débutants avait été raccourcie en raison des températures. C’est un bon signe que même à ce niveau, on y porte attention.  

C’est particulièrement dans les disciplines qui connaissent actuellement un nouvel essor – et le CC en fait partie – que nous devons veiller à ce que les débutants n’exigent pas trop d’eux-mêmes et ne sollicitent pas exagérément leurs chevaux. Il faut donc tenir compte de manière ciblée des conditions extérieures.

On attend de la FSSE en tant qu’association faîtière qu’elle veille au respect des principes éthiques. Or, j’imagine que cela est difficile. Comment procédez-vous et que se passe-t-il en cas de manquement à l’éthique ?

Il convient ici de faire une distinction. Il existe des principes éthiques que nos athlètes de haut niveau s’engagent à respecter. Ainsi, la convention des cadres qu’ils doivent signer comporte également des principes éthiques. D’autre part, nos officiels, à savoir les juges sur les places de concours, gardent un œil sur la manière dont les athlètes appliquent ces principes éthiques. Si ces principes sont pas respectés, les athlètes sont avertis par les officiels, cela figure dans les rapports de jury et le fait est ainsi signalé à Berne. Si nous constatons alors une infraction importante, cela peut conduire à une dénonciation, en particulier si les manquements constatés sont liés à la protection des animaux.

Cela arrive-t-il souvent ?

Non c’est très rare. Il existe des cas isolés, mais les personnes impliquées sont directement approchées par nos officiels lors de la manifestation, et dans certains cas, elles sont directement renvoyées chez elles.  Mais là encore, on parle d’un pourcentage très faible. Donc, il convient de le rappeler ici : 98 % des sportives et des sportifs équestres font de l’excellent travail car elles/ils aiment leur animal et elles/ils savent ce que cela signifie d’assumer ses responsabilités. Cela étant, il existe quelques «brebis galeuses» qu’on doit garder à l’œil. Il faut leur montrer clairement qu’il y a des limites à ne pas dépasser sans quoi les conséquences sont impitoyables.

Le sport équestre est très particulier car on travaille avec l’animal. La FSSE fait-elle la différence entre un comportement inapproprié dirigé contre le cheval ou celui dirigé contre un humain ?  

Oui, il existe des différences. En cas de comportement inapproprié envers le cheval, ce sont les principes éthiques, respectivement la législation sur la protection des animaux qui s’appliquent.  Pour les cas de problèmes relationnels, l’Office fédéral du sport a créé le bureau d’annonce indépendant «Swiss Sport Integrity», en collaboration avec Swiss Olympic. En cas de comportement inapproprié par exemple entre un entraîneur et un athlète, on peut le signaler à ce service. Cela concerne entre autres les abus sexuels tels qu’ils ont été récemment rendus publics dans d’autres sports. Une procédure est alors lancée et elle peut déboucher, le cas échéant, sur une procédure pénale. Mais si par exemple la pression de la performance est trop grande, on peut également s’adresser à ce service d’alerte. Les incidents sont alors examinés par des spécialistes et il ne s’agit pas uniquement d’une plainte qui disparaît dans un tiroir. Les reproches sont examinés de manière ciblée. Ce bureau d’annonce existe sous cette forme depuis le début de l’année et il semble qu’il ait déjà enregistré de très nombreuses annonces – non seulement en rapport avec le sport équestre mais surtout avec d’autres disciplines sportives.

Nous devons également porter une très grande attention au domaine interpersonnel sachant que la volonté de performer et la pression ont un impact essentiel sur la capacité à fournir la performance souhaitée au bon moment.  

Là, je m’aventure sur un terrain dangereux : je pense qu’il m’est déjà arrivé d’avoir un comportement inadapté avec mon cheval. Ces moments existent et c’est humain. Cela arrive aussi parfois en cas de forte pression. Donc, si je suis en mesure de mieux me comprendre et de mieux évaluer mes capacités, cela profite également au cheval.

C’est précisément pour cette raison qu’il est important, dans notre sport, de nous intéresser non seulement aux chevaux, mais également aux athlètes qui sont soumis à une pression personnelle en matière de performances. C’est pourquoi nous proposons toujours à nos athlètes des cadres de mettre un préparateur mental à leur disposition. Celui-ci travaille alors avec l’athlète dans des situations de pression particulières et il regarde comment gérer la pression que l’athlète se met lui-même, comme par exemple la nervosité liée aux examens que nous avons probablement tous vécue. L’expérience de ces dernières années a montré que les connaissances scientifiques des préparateurs mentaux sont un atout majeur pour permettre aux athlètes d’être mentalement performants au bon moment.

J’ai l’impression qu’il existe un sacré contraste entre les chabraques roses, les chevaux malades d’être trop nourris et les boxes beaucoup trop petits pour que le cheval ne se blesse pas. Comment vois-tu les choses ?

Certains points que tu abordes sont clairement réglementés par la loi sur la protection des animaux comme par exemple la taille des boxes ou le fait que les chevaux ne doivent pas être détenus seuls.  Dans ce domaine, nous avons constaté que durant les dernières décennies les choses ont évolué dans la bonne direction.

On peut discuter des couleurs des chabraques et des casques et des brides brillantes. Je pense qu’en fin de compte, il est indispensable que l’athlète tienne compte de l’intérêt du cheval en ayant des contacts corrects et respectueux avec lui. Pour moi, c’est prioritaire. Lors des manifestations officielles, je préfère encore voir les chevaux avec une chabraque blanche, chabraque qui sera munie de la croix suisse lors des concours internationaux. Cela crée une identité et un lien et nous vibrons pour la Suisse.

C’est probablement un point de vue un peu masculin…

C’est bien possible – le rose n’est effectivement pas ma couleur préférée. Chacun est libre de choisir. Il faut aussi se rendre compte que dans d’autres sports comme le football et le cyclisme, tout est beaucoup plus réglementé y compris la taille des chaussettes. Cela n’existe pas dans le sport équestre. Mais une certaine discipline est nécessaire. Je parle délibérément de discipline, car si l’on décide de pratiquer le sport équestre, cela exige une grande autodiscipline dans la manière dont je me comporte avec moi-même et avec le cheval. Cela me permet de ressentir à quel point le cheval est prêt à s’investir. Il est évident que le cheval doit également s’habituer au cavalier afin que les deux puissent former une équipe solide. Et lorsque c’est le cas, le couple peut produire des prestations auxquelles on ne s’attendait pas au départ.

L’éthique dans le sport équestre ne s’applique pas uniquement à l’utilisation, mais également à la détention et à la gestion des chevaux.  Bien des points sont inscrits dans la législation relative à la protection des animaux et dans les règlements sportifs. En Suisse, nous sommes exemplaires dans ce domaine. Il n’en reste pas moins que chaque cheval a sa propre individualité et qu’il faut essayer de juger chaque situation en faisant abstraction de ses émotions. Est-il alors possible de régler le thème de l’éthique dans des lois et des règlements ?

Les points essentiels peuvent être réglés sur le plan éthique et moral. Pour cela, on peut se référer aux valeurs empiriques du passé.  Mais il existe aussi des facteurs subjectifs que chacun doit gérer selon son propre sens des responsabilités. Or, cela ne s’applique pas uniquement aux chevaux, mais aussi, par exemple, aux chats domestiques aux chiens. Je dois me poser la question : «De quoi cet animal a-t-il besoin pour se sentir bien et pour vivre ?» Et là, je pense que le sport équestre a des kilomètres d’avance sur les autres détenteurs d’animaux domestiques. On a pu le constater durant la pandémie de coronavirus : il ne suffit pas d’acheter un chat.  

Nous avons déjà évoqué précédemment les vents contraires auxquels le sport équestre doit faire face. Penses-tu que le sport équestre pourrait être interdit ?

Je refuse que des gens se persuadent que nous ne pourrons bientôt plus monter à cheval, car si nous pensons ainsi, cela risque d’arriver. Nous devrions plutôt avancer avec assurance en disant : «Oui, nous montons à cheval et nous respectons les principes éthiques et la législation sur la protection des animaux. S’il y a des manquements, ils doivent être dénoncés et un animal doit pouvoir être retiré à celui qui n’est pas en mesure de détenir un cheval ou tout autre animal domestique. Fin de la discussion.

En tant que fédération sportive, nous voulons que l’on puisse continuer à pratiquer le sport de compétition, mais aussi que l’on puisse continuer à monter dans les grands espaces du Jura et dans nos forêts. Cela concerne donc également les cavaliers de loisir.

Or, celui qui veut nous dicter combien de sorties un cheval doit avoir et où il peut être détenu est peut-être un excellent rédacteur, mais il n’a probablement jamais eu véritablement affaire à des chevaux, sinon il saurait que chaque cheval a son propre caractère dont il faut tenir compte individuellement. C’est pourquoi je suis convaincu que les chevaux de pointe de nos athlètes de haut niveau sont traités de manière individuelle, et ce même lorsqu’ils sont par exemple transportés à l’étranger. Aujourd’hui, les grands camions pour chevaux disposent même d’une climatisation et de systèmes de ventilation. Quand je pense qu’il y a 50 ou 60 ans, les chevaux étaient transportés dans des wagons de chemin de fer pour se rendre aux concours, alors qu’aujourd’hui, ils voyagent dans des camions remarquablement équipés, je ne permettrai à aucun défenseur des animaux de me dire que nous ne faisons rien pour le bien-être des chevaux.

Devons-nous donc, en tant que cavaliers, tenter d’être moins sur la défensive et plus proactifs et de faire remarquer que si nous pratiquons l’équitation, nous le faisons bien et au plus près de notre conscience ?

Oui absolument ! Cela signifie également que nos clubs équestres, nos associations régionales et nous-mêmes en tant que fédération faîtière, avons une grande responsabilité. Nous sommes une seule communauté, une grande famille. Cela signifie que nous devons tous éduquer les personnes qui ne grandissent plus avec des chevaux. Jusque dans les années 1970, il y avait encore la cavalerie et presque chaque famille avait un contact avec les chevaux, que ce soit par le biais de l’armée ou dans la ferme. Tous savaient que la détention des chevaux est quelque chose de naturel, qu’ils soient au pré avec les vaches ou qu’ils soient travaillés au pas, au trot ou au galop. Aujourd’hui, la situation est différente d’autant plus que pour des raisons politiques, les nouvelles installations équestres ne peuvent être construites que dans les zones industrielles et non plus dans les zones agricoles, ce qui, de mon point de vue, est une véritable aberration, sachant que le sport équestre offrirait à l’agriculture une possibilité supplémentaire de développement économique.

C’est pourquoi les clubs équestres qui organisent des manifestations devraient également inviter des personnes du monde politique et le grand public, afin de leur montrer ce que l’on peut faire avec le cheval. Faites de votre concours une fête populaire ! Pour les clubs équestres, c’est la meilleure des publicités et une excellente façon de communiquer avec la population. Et lorsqu’il s’agira à nouveau d’effectuer des investissements nécessitant un vote communal, la commune sera bien plus disposée à faire quelque chose pour le sport équestre – et pas seulement pour le club de football…  

D’un côté, il y a le sport, mais de l’autre, le cheval est également une formidable école de vie. On ne peut pas simplement ranger le cheval comme un vélo si on n’a pas envie de sortir. Les chevaux sont des créatures particulièrement sensibles, c’est pourquoi l’humain doit également faire preuve de sensibilité à leur égard. Et c’est notre cas ! Les quelques rares personnes qui ne se comportent pas comme elles le devraient doivent être très clairement remises au pas. Cela étant, je n’accepte pas que la grande famille du sport équestre soit perturbée par des personnes qui pensent savoir comment traiter les chevaux sans avoir jamais eu affaire avec eux.

Au fait : toute personne qui observe un comportement non éthique, qui en fait l’expérience ou qui en entend parler de source fiable est tenue de s’annoncer auprès bureau national d’annonce pour les manquements à l’éthique dans le sport suisse. Vous trouverez toutes les informations à ce sujet sur le site www.sportintegrity.ch

Episode 2: Sandra Wiedmer sur son travail de directrice générale

Version texte traduite en français

Bienvenue dans le nouveau format de podcasts de la Fédération Suisse des Sports Equestres. Avec mes invités, je vais donner un aperçu du quotidien de la fédération et aborder les questions importantes relatives au sport équestre suisse.   

La directrice Sandra Wiedmer parle de son quotidien à la Fédération Suisse des Sports Equestres et comment elle est arrivée à ce poste à Berne.

Bienvenue, Sandra Wiedmer. Sandra, tu es directrice et secrétaire générale de la FSSE. Vingt collaboratrices et collaborateurs travaillent sous ta direction à Berne et tu es la première femme à occuper ce poste. Comment cela est-il arrivé ?  

Je suis avocate de formation et j'ai travaillé auparavant dans une entreprise internationale à Zurich, tout en ayant toujours pratiqué l'équitation. Après avoir obtenu un MBA, mon idée était de retourner à Berne pour éventuellement me mettre à mon compte. C'est là que je suis tombée sur cette offre d'emploi. J'ai postulé, car ce poste correspondait parfaitement à ma passion et à mon métier. On cherchait un juriste avec une formation en gestion d'entreprise, une exigence à laquelle je répondais parfaitement, sauf que j'étais une femme. On cherchait clairement un homme dans l'offre d'emploi, notamment parce que l'on souhaitait une mixité au sein du secrétariat, sachant que les collaborateurs de l’époque - comme aujourd'hui d'ailleurs – étaient presque exclusivement des femmes et que mon prédécesseur masculin et son adjoint venaient de quitter l'association. Lorsque j'ai posé ma candidature, j'étais en outre convaincue que, quelles que soient mes propositions de changement, on me répondrait que ce qui a fait ses preuves fonctionne et qu'il s'agit avant tout de gérer l'existant. Or, à ce moment-là, l'association se trouvait dans une phase de changement. Par exemple, le comité était en train d'être réduit et on cherchait quelqu'un qui puisse gérer efficacement les affaires et apporter des changements ainsi qu’un nouveau souffle à l'association. Donc pas seulement une secrétaire générale vis-à-vis de la fédération internationale FEI. C'est ainsi que j'ai été recrutée et, depuis maintenant 11 ans, les collaboratrices et les collaborateurs doivent vivre avec une femme plutôt qu'avec un homme, mais je pense que cela fonctionne plutôt bien.

Comment se sont déroulés les débuts dans cette fonction, précisément en tant que femme ?  

Assumer cette fonction en tant que femme au sein du secrétariat n’a pas posé de problème. Etant donné que je venais d’une entreprise américaine, j’ai tout de suite introduit le tutoiement, ce qui, au début, n’a pas plu à tout le monde. J’ai ensuite rencontré chaque collaboratrice pour en savoir plus sur ses tâches et tout s’est bien passé. Dans les manifestations sportives suisses et internationales, les femmes sont clairement sous-représentées, mais cela ne m’a jamais posé de problème ni causé de désavantage. Aujourd’hui encore, les hommes sont majoritaires aussi bien au sein des instances nationales qu’internationales même si on constate un changement dans l’autre sens.

Est-ce que tu as toujours des chevaux et montes-tu encore à cheval ?  

Oui, je monte toujours et, en plus de mon cheval de selle actuel, j’ai encore une jument à la retraite, qui a donné naissance à un poulain qui est malheureusement trop petit pour moi et que je vais devoir vendre. L’équitation est toujours restée ma passion, sinon, je ne ferais pas ce travail. Je crois que quand on aime le sport équestre, on s’investit d’autant plus dans ce travail. Avec une bonne organisation, j’arrive aussi à trouver suffisamment de temps pour monter à cheval malgré mes nombreux rendez-vous et réunions, ce qui me permet de me ressourcer dans le sport et la nature car j’en ai besoin.

C’est certainement un avantage de pouvoir s’identifier aussi fortement avec votre profession et ce que cela implique   

Je crois qu’il est possible d’exercer ce job sans avoir l’expérience du sport équestre, mais on est si souvent présent et à tant d’occasions à des événements autour du cheval et du cavalier que cela pourrait s’avérer difficile si on n’y prend pas vraiment plaisir. En ce qui me concerne, c’est un plaisir et dans la plupart des cas, je vais volontiers à ces manifestations où l’on peut combiner l’intérêt personnel avec la profession. Sans cet intérêt et sans connaître la scène équine, avec ses propres thèmes et ses priorités, ce serait certainement difficile.

Pour toi, à quoi ressemble une journée normale de travail ?

La journée de travail normale n'existe pas vraiment dans ce sens, ce qui me plaît beaucoup. Les journées sont marquées par de nombreuses réunions et conversations téléphoniques, et bien sûr aussi par le travail de bureau normal. S'y ajoutent des réunions en soirée avec des commissions ou avec le comité, ou encore des réunions externes, aussi bien en Suisse qu'à l'étranger, lorsque je me rends à des réunions de la fédération européenne ou de la FEI.

Pour cet entretien, nous sommes assises dans ton bureau et je vois au mur toute une collection d’accréditations pour des compétitions internationales. Tu as certainement beaucoup voyagé dans le monde au cours de ces 11 dernières années ?

Oui c’est vrai, et je garde ces accréditions en souvenir de ces événements et de ces rencontres, parfois aussi de l’autre bout du monde où les points de vue sur le sport peuvent être très différents tout comme les problèmes, sachant que certains problèmes sont les mêmes. On entre en contact avec des gens de cheval très différents, mais également avec des disciplines très diverse. C’est passionnant et cela nous oblige à regarder plus loin que le bout de son nez.

Du point de vue d’une cavalière, dirais-tu de ton travail qu’il s’agit d’un job de rêve ?   

Je dis toujours : «oui, j’ai l’emploi de mes rêves.» Je ne sais pas combien de temps cela va durer, mais jusqu’à présent, tout roule. C’est merveilleux de pouvoir combiner le hobby avec le travail. Mais il y a aussi des risques, et il faut savoir se fixer des limites et faire aussi des choses qui n’ont parfois rien à voir avec les chevaux.

Comme nous l’avons mentionné en début d’entretien, tu es également secrétaire générale de la fédération. Qu’est-ce que cela signifie ?

En tant que directrice, je dirige les affaires de la fédération sportive et je suis donc inscrite en tant que telle au registre du commerce. Je suis secrétaire générale par rapport à la FEI. Chaque pays nomme un ou une secrétaire générale. C’est en cette qualité que je représente la Suisse aux assemblées générales de la FEI, je suis celle qui signe les sélections pour les championnats internationaux avec le président, et je suis invitée à ces événements. Mais pour le comité, le titre de «directrice» était important étant donné qu’on attend de moi que je dirige les affaires, que j’apporte mes propres idées et que je participe activement au développement du secrétariat et de ses prestations de service. 

Y a-t-il des choses que tu aimes particulièrement faire ?

Les choses que j’aime faire sont nombreuses, et mes points forts sont certainement la résolution de problèmes, ce qui ne consiste pas simplement à «administrer». C’est pourquoi j’aime les défis et les choses que je peux développer. A partir du moment où il n’y aurait plus assez de suspens, je ne serais alors plus la bonne personne pour le job. Mais au cours de dix dernières années, il y a toujours eu de nouveaux chantiers que nous avons abordés. La fédération a énormément évolué, et je suis sûre qu’elle continuera à la faire au cours des dix prochaines années.

Quels sont actuellement les chantiers et les défis ?  

Nous avons un nouveau président et nous sommes en train de mettre en place une nouvelle stratégie, que nous préparons intensivement depuis certainement trois ans. L'objectif est de rendre l'association encore plus professionnelle et moderne, non pas comme une fin en soi, mais pour qu'elle fonctionne vraiment bien. Nous voulons fournir des prestations de qualité et pouvoir assumer nos tâches, respectivement définir quelles sont nos tâches. Car l'environnement - notamment avec les associations de protection des animaux - devient de plus en plus difficile, et nous devons également nous positionner davantage sur le plan politique. Pour l'élaboration de la stratégie, toutes les associations membres, les commissions et les directoires ont été invités à se prononcer lors de la Journée de l'avenir il y a un an, à savoir nous donner leur avis sur les tâches de l'association à l'avenir et sur les priorités à fixer. Sur cette base, nous avons élaboré une stratégie avec le comité, stratégie qui prévoir par exemple de renforcer le secrétariat de façon modérée par deux postes supplémentaires, afin de pouvoir encore mieux décharger les organes bénévoles. Cela signifie que nous assumons davantage de tâches au sein du secrétariat et que nous les structurons de manière plus professionnelle. Cela implique quelques changements, également au niveau de la collaboration avec les commissions. Tout cela dans le but d’encore mieux soutenir le sport – et de mieux accomplir toutes les tâches qui nous incombent en tant que fédération. 

Quelles seront les répercussions de la stratégie 2023 de la fédération faîtière pour quelqu’un comme moi, une personne de l’extérieur qui se considère plutôt comme une sportive de base au niveau amateur ?  

J'espère que tu es satisfaite des services que nous pouvons te proposer et je ne pense pas que tu doives être informé en détail de toute la stratégie. J'espère que la fédération continuera d'être perçue de manière positive à l'avenir. Mais c'est justement dans le domaine du sport de masse que nous avons, comme Swiss Olympic, des objectifs concrets, en particulier pour inclure les nombreux sportifs non organisés, c'est-à-dire les sportifs sans appartenance à un club - dont bien sûr les sportifs équestres. On estime qu'en Suisse, environ 200'000 personnes s'occupent de chevaux. Environ 60'000 d'entre elles sont représentées dans nos associations membres. Cela signifie aussi que 140'000 nous sont inconnues. Mais c'est justement pour les thèmes politiques qu'il serait important d'avoir un large lobby, de sorte que l'on puisse s'engage de manière unie pour le cheval, par exemple pour pouvoir encore utiliser les zones de détente de proximité à l’avenir. Un autre point est l'aménagement du territoire et le fait que nous puissions continuer à détenir des chevaux dans la zone agricole et pas seulement dans les zones industrielles. Mais il est difficile pour nous d'approcher ces personnes non organisées. Nous essayons par exemple de savoir, grâce à un sondage en ligne que nous venons de lancer, ce qui intéresse ces personnes et quels services leur seraient utiles. Nous ne voulons pas gagner ces personnes en tant que cavaliers sportifs, mais nous aimerions mieux comprendre quels sont leurs besoins. Il est important pour nous d'avoir ces personnes à nos côtés dans le domaine de la formation et pour la cohésion générale.

La Suisse est un petit pays par rapport à l’Europe. Tu as beaucoup de contacts avec les secrétaires généraux de toute l’Europe et du monde entier. Comment la Suisse est-elle perçue ?

Il y a quelques années, au tout début de mon activité de secrétaire générale, j'ai été invitée en Allemagne par la FN allemande pour un échange et pour m'orienter sur la manière dont les autres FN sont organisées. Le responsable du sport de l'époque m'avait alors dit qu'ils préféraient m'écouter et savoir comment nous étions organisés en tant que fédération beaucoup plus petite avec des résultats tout aussi bons dans le sport, en particulier dans le saut d'obstacles. Et c'est vrai : la FEE a récemment publié des statistiques où l'on voit que la Suisse, petit pays, a beaucoup de succès en comparaison. Nous avons également une bonne densité de concours pour notre pays. Mais toutes les fédérations d'Europe occidentale ont aussi des problèmes similaires. C'est pourquoi l'échange entre nous est si important, pour nous éviter de toujours réinventer la roue et pour pouvoir échanger des idées et discuter des solutions possibles ainsi que des problèmes. C'est pourquoi j'ai régulièrement des contacts avec mes collègues de l'étranger. Entre-temps, on se connaît si bien qu'on décroche spontanément le téléphone pour demander conseil.

Peux-tu m’en dire un peu plus sur la structure de la fédération ? Ou mieux : comment expliques-tu aux non-cavaliers ce que tu fais dans la vie et comment la fédération est structurée ?  

Eh bien, je dis généralement que je suis directrice de la fédération de "sport" équestre et que nous nous occupons de sport. C'est-à-dire de toute l'administration du sport et des règlements. Dans ce contexte, nous nous occupons de huit disciplines qui sont également réglementées par la Fédération équestre internationale (FEI), dont trois disciplines olympiques. Nous sommes responsables de toutes les sélections, des formations continues et de bien d'autres choses encore. Nous avons également de très nombreuses associations membres qui sont affiliées pour des raisons politiques, comme par exemple, les Islandais, l’Association suisse des amazones, la Fédération des courses de chevaux et d’autres associations. Elles ne sont pas membre chez nous pour que nous administrions leur discipline, mais bien parce que pour nous, le sport équestre regroupe toute les activité avec le cheval et que des thèmes très différents sont traités chez nous comme par exemple les procédures de consultations et les objets politiques. Grâce à leur affiliation, ces associations sont intégrées chez nous dans les processus de décision, ce qui nous permet de transmettre des prises de position communes lors des consultations. Nous pouvons ainsi obtenir ensemble des résultats pour le cheval, ce qui est très important.

La FSSE est une association. Comme dans toute association, l’assemblée des membres est l’organe suprême qui élit le comité ainsi que la Commission des sanctions et le Tribunal de la fédération, car ces organes doivent être indépendants du comité. Le comité désigne la direction qui engage à son tour les employé-e-s du secrétariat. En outre, nous avons les commissions et les directoires, dont les membres bénévoles sont élus par le comité pour un mandat de quatre ans. La manager du sport et son équipe travaillent en étroite collaboration avec ces commissions et avec les directoires de chaque discipline, qui s'appelleront à l'avenir "comités techniques". Pour ma part, j'ai par exemple beaucoup à faire avec la commission vétérinaire, la commission des sanctions ou le comité. Nous avons également une commission de formation de base et d’autres commissions qui figurent sur notre site Internet, et que je ne vais donc pas toutes énumérer. En fin de compte, il s’agit d’une collaboration entre les bénévoles et un secrétariat professionnel dont l’organisation suit les objectifs de l’association.  

Est-ce que tu changerais quelque chose à cette structure si c’était possible ?

Nous avons subi de nombreux changements depuis que je suis là et même avant mon arrivée. Par exemple, le comité a été réduit, puis nous avons doté toutes les commissions de formation de base d’une nouvelle structure, et actuellement, nous transformons les directoires en comités techniques. Il est nécessaire d'adapter les structures au fil du temps. Actuellement, nous discutons pour savoir s'il faut une commission d'éthique ou si cela relève du comité et doit y être traité. L'éthique et la protection des animaux sont des thèmes qui prennent de plus en plus d'importance et qui influencent fortement notre sport. Nous devons y être préparés.

Quels sont tes projets pour les 11 prochaines années de ton mandat ?

Chaque année, je me demande si j'ai encore du plaisir à faire mon travail, ce qui me permet de décider si je reste ou non. Jusqu'à présent, j'y prends toujours autant de plaisir. C'est aussi un plaisir de développer et d'entreprendre des projets avec la nouvelle équipe. Mais comme je l'ai déjà dit, il est important pour moi que nous soyons bien positionnés pour avancer pas à pas dans la bonne direction et pour nous adapter à l'environnement. Depuis que je suis ici, l'environnement a déjà incroyablement changé, ou même depuis que je monte à cheval. Lorsque j'ai commencé à monter à cheval, les chevaux étaient encore gardés dans des stalles, cela ne dérangeait personne et ne serait plus acceptable aujourd'hui. Là ou je montais à cheval, il n’y avait pas de pré. Les vêtements aussi ont changé : La mode proposée à l’époque dans le catalogue d’ «Horseland» était totalement différente, aujourd'hui ce sont des produits très fonctionnels. Ou encore les engagements en ligne : avant, on s'inscrivait sur la place du concours et on y payait en espèces les 25 francs ou moins pour l'épreuve. Aujourd'hui, tout est en ligne. Le monde tourne et il faut s'adapter. L'une de nos ambitions est donc de rester en phase avec notre temps.

Episode 3: Evelyne Niklaus, s’exprime sur le sport de compétition

Version texte traduite en français

Evelyne Niklaus est manager du sport auprès de la Fédération Suisse des Sports Equestres. C’est elle qui se charge de tous les préparatifs pour les grands championnats de la délégation suisse des sports équestres. Obtenir l’accréditation pour tous les athlètes, les grooms, les officiels et les autres personnes impliquées fait, par exemple, partie de ses tâches. Elle doit donc coordonner qui a accès, quand et où, qui doit être où et que faire s’il arrive quelque chose. Elle est en charge de la logistique, elle gère le calendrier des dates et lors de la compétition, elle assure des déroulements sans heurts afin que les athlètes puissent se concentrer sur leur tâche principale.

 

Evelyne Niklaus, bienvenue à la maison ! Tu viens de revenir des championnats du monde de Herning. Comment était-ce ? Es-tu satisfaite ?  

La manifestation était en fait très bien organisée et bien des choses ont parfaitement fonctionné. Après les Jeux équestres mondiaux de Tryon il y a quatre ans, nous étions tous un peu tendus dans l’attente de savoir comment cela allait se passer et la manière dont le CO gèrerait tout cela. Et je dois dire que l’organisation était super. Déjà pendant les préparatifs, nous étions très bien encadrés. A cet égard, je suis donc très satisfaite.

Par contre, sur le plan sportif, eh bien… nous n’étions pas vraiment mauvais, mais nous n’avons pas non plus été là où nous aurions aimé être. Je ne peux donc par vraiment dire que nous ne sommes pas satisfaits ou que nous sommes très satisfaits. Je crois que partout, il nous a manqué un zeste de chance.

La notion de «manager sportif» nous permet d’imaginer tout et rien. En quoi consiste exactement ton travail ?  

Avec quatre collaboratrices, je suis responsable de l’encadrement de toutes les disciplines de la FSSE, à savoir le dressage, le saut, le concours complet, l’attelage, la voltige, l’endurance, le para-dressage, le tétrathlon et encore actuellement le reining – une discipline qui fait l’objet de nombreuses discussions en matière de politique de la fédération.  Nous encadrons les directoires bénévoles, nous avons des séances avec eux, nous révisons des documents et des directives, nous publions des news, nous organisons des événements ou des séminaires pour eux – par exemple en fin de saison, ou des réunions de cadres. Bien entendu, nous organisation également de grands championnats, tous les quatre ans les Jeux équestres mondiaux ou les Jeux olympiques, les championnats du monde, etc. Nous travaillons en étroite collaboration avec Swiss Olympic – un interlocuteur particulièrement important pour nous. De plus, nous collaborons avec la Fédération équestre internationale FEI ou avec d’autres fédérations de sport équestre à l’étranger, mais également avec d’autres fédérations sportives suisses. C’est un mixe très coloré et très passionnant.

Cela semble être une tâche énorme. Comment arrives-tu à concilier tout cela ?  

Le fait que je sois là depuis longtemps et que le sport équestre m’intéresse beaucoup aide certainement. On ne peut évidemment pas se contenter de dire : «Je m’intéresse à l’attelage ou à une autre discipline», car il faut avoir un intérêt fondamental pour le sport équestre et le cheval.

Il est bien clair que c’est plus facile si on est bien organisé et qu’on a une vue d’ensemble. Mais en réalité, il y a beaucoup d’imprévus. Il faut donc être très flexible et réagir sur le moment.  

Pratiques-tu aussi l’équitation en privé ?

Oui, j’ai un cheval que j’ai élevé moi-même. Je monte régulièrement à cheval et je participe également à des concours, mais je le fais uniquement pour mon plaisir. Si je devais gagner ma vie avec les concours de saut, je serais morte de faim depuis longtemps. Je suis certainement moins douée pour l’équitation que pour l’organisation. Mais je pense que si le sport est très présent dans son travail, l’intérêt pour le sport doit être présent – et cela vient aussi du contexte privé.

Est-ce que l’organisation est plus simple quand on connaît aussi le sport de l’intérieur ?

Absolument. Et aussi le fait que j’ai gagné ma vie en tant que palefrenière auprès d’un cavalier de saut d’obstacles international durant mes études. Ainsi, je sais ce que l’on fait dans les écuries et ce que les grooms accomplissent chaque jour, du matin tôt à tard le soir, lors des concours. Je sais ce que cela signifie de devoir transporter chaque jour d’innombrables seaux d’eau sur 100 mètres pour quatre chevaux. C’est pourquoi j’apprécie tant le travail des grooms car je sais en quoi cela consiste.  

Tu as dit que tu avais fait des études. Quel a été ton parcours de formation et comment en es-tu arrivée à ton job actuel ?  

J’ai étudié les sciences des médias, l’histoire et le droit public à l’université de Berne. J’ai ensuite travaillé dans le domaine du marketing et de l’événementiel. En 2006, j’ai vu une annonce dans le «Bulletin» et j’ai pensé «c’est pour moi !». J’ai donc postulé et j’ai finalement obtenu le poste. Au début, la communication faisait partie de mes tâches. Mais au fil des années, on s’est rendu compte que ce domaine avait tellement évolué qu’à un moment donné, il n’était plus possible de concilier les deux. J’ai dû donc choisir entre la communication et le sport de compétition, et j’ai choisi ce dernier.  

J’ai alors suivi une formation continue en management de sport et j’ai fait un master (IMBA) en management général qui m’a certainement été très profitable, notamment dans les domaines des finances et du controlling.

La logistique, en particulier des chevaux, de ces grands championnats est assez impressionnante. Peux-tu expliquer cela plus en détail ? Le voyage à Herning, ou mieux encore à Tokyo, a certainement été un défi. Comment organises-tu cela ?

Pour ce genre de grands événements, l’organisateur désigne généralement un "agent d'expédition" officiel. Ces dernières années, c'était toujours la société Peden, qui a beaucoup d'expérience dans ce domaine. Elle s'occupe de tous les vols. Nous décidons alors que nous souhaitons réserver le vol Y à la date X. Nous ne devons donc pas organiser les vols nous-mêmes. Ils sont proposés par l’organisateur. Mais bien sûr : il faut savoir quel cheval vole avec quel autre, comment ils arrivent à l’aéroport, etc.

Pour Tokyo, les chevaux devaient en outre être placés en quarantaine avant leur départ. Pour les chevaux de dressage, de para-dressage et de concours complet, nous avons utilisé la quarantaine centrale d’Aix-la-Chapelle. Pour les chevaux de saut d’obstacles, nous avons organisé notre propre quarantaine en Suisse, ce qui a encore compliqué l’organisation avec toutes les clarifications, les vétérinaires, les nombreux tests sanguins demandés, etc.  Tout cela doit être exactement planifié et exécuté dans les délais impartis. Par exemple, pour Tokyo, nous avons parfois fait passer le sang par la frontière pour nous assurer que l’envoi du sang au laboratoire ne resterait pas bloqué à la douane au risque de manquer un délai. Il y avait aussi des directives précises quant au laboratoire à mandater. C’est pourquoi nous avons fait appel à des personnes qui ont fait passer le sang par la frontière pour l’envoyer depuis là-bas afin qu’il arrive à temps au laboratoire allemand compétent.  

C’est certainement à chaque fois une période éprouvante pour les nerfs…  

C’est bien le problème. Ce sont les préparatifs qui sont laborieux. Tout doit être prêt à temps. Le voyage des chevaux en lui-même est encore le moindre des défis. Les chevaux supportent tous très bien le voyage en avion et nous n’avons que très peu de problèmes. Ils n’ont pas besoin d’être sédatés ou de prendre quoi que ce soit d’autre. La plupart d’entre eux voyagent de manière totalement détendue. Les avions transportant des chevaux décollent et atterrissent de façon moins abrupte que ceux transportant des humains. C’est pourquoi ce n’est pas du tout stressant pour les chevaux. Il n’y a pas non plus de virages comme sur les routes où ils doivent déplacer leur poids. En règle générale, ils sont donc très calmes lors des vols.

As-tu déjà volé avec des chevaux ?  

Avant, lorsque j’étais palefrenière, je voyageais avec les chevaux, par exemple aux Etats-Unis ou au Canada. Mais à l’époque, c’était totalement différent. Quand je vois avec quel professionnalisme les chevaux sont chargés aujourd’hui avec les conteneurs et tout le reste… Lors de mon premier vol avec des chevaux, ceux-ci devaient encore monter dans l’avion par une rampe étroite. Si l’un d’entre eux avait décidé de faire demi-tour, je n’ose imaginer ce qui serait arrivé… On se retrouvait alors au bout de la rampe en haut vers l’avion, à environ dix mètres au-dessus du sol ! Mais c’était il y a 20, 25 ans. Cela n’existe plus aujourd’hui car tout est très professionnel et très bien organisé. Les chevaux placés dans des conteneurs sont hissés proprement avec des machines. Ce n’est donc pas du tout stressant pour les chevaux.

As-tu encore constaté d’autres changements et tendances dans le domaine du transport de chevaux et de la logistique ?

Les camions utilisés aujourd’hui pour le transport des chevaux n’ont rien à voir avec ceux d’autrefois. Ils sont tous climatisés et dotés de suspensions pneumatiques, on peut allonger la rampe de chargement et de déchargement pour qu’elle soit moins raide et tout est beaucoup plus professionnel. De manière générale, le sport de compétition dans son ensemble – et je ne parle pas uniquement du sport équestre – est aujourd’hui beaucoup plus professionnel. On laisse moins de place au hasard car tout est mieux planifié. Pourtant, il y a toujours des imprévus et il faut alors trouver des solutions.  

Le fait d’avoir réussi à faire traverser la mer à toute une équipe doit être une sensation de ouf ?

Oui, c’est le cas. A Tryon, j’étais extrêmement fière car avant cela, en Suisse, on me disait : «Pas besoin de prévoir autant de temps de réserve.» Mais j’ai insisté et j’ai tenu bon. Et voilà que justement le conteneur avec le matériel est resté bloqué à la douane – ce qui peut arriver. Mais il est quand-même arrivé en même temps que le meneur Jérôme Voutaz. En revanche, les Français, qui avaient expédié leur conteneur une semaine plus tard, ont vraiment eu un problème.

Je suis quelqu’un qui aime avoir une certaine marge de sécurité. Et cela a fait ses preuves jusqu’à présent.  

Ces tâches ne t’ont-elles jamais fait peur ?

Si bien sûr ! Si je prends l’exemple des Jeux olympique de Rio, nous devions dresser la liste de toutes les marchandises que nous importions. Chaque punaise, chaque stylo à bille dans le matériel de bureau, etc. devait être documenté. Et nous savions qu’ils seraient extrêmement stricts à la douane. Ce fut un véritable soulagement quand tout le matériel a passé la douane et qu’il est arrivé à bon port.  

Aujourd’hui, c’est le transport de chevaux qui me fait le moins peur car je sais que l’entreprise Peden est un partenaire qui s’en occupe de manière professionnelle depuis de nombreuses années et ça fonctionne. 

Prenons alors l’exemple de Tokyo durant la pandémie de coronavirus. Les règles changeaient chaque semaine et ce, quatre mois déjà avant l’ouverture des Jeux olympiques. Il y avait toujours des mises à jour sur ce qui devait être fait, sur les tests supplémentaires, sur le fait que les tests du Covid ne pouvaient être envoyés que dans certains laboratoires, etc.  Ce genre de choses m’a fait mal au ventre en vue de Tokyo. On sait aussi que des gens sont restés bloqués à la frontière où qu’ils n'ont pas été autorisés à monter dans l’avion parce qu’ils n’avaient pas tous les documents requis ou pas les documents corrects ou alors parce qu’ils ne s’étaient pas inscrits en ligne. En tant que fédération, nous pouvons préparer beaucoup de choses, mais au final, ce sont les athlètes, les officiels, etc. qui doivent se charger de certaines choses. Nous ne pouvons pas nous tenir derrière chaque membre de la délégation pour contrôler si tout a été fait.  

Arrives-tu à lâcher prise à la fin de la journée ? En particulier à l’approche d’une compétition, ce n’est pas vraiment un travail de 9h à 17h ou bien ?

Non, ce n’est clairement pas un travail avec des horaires normaux. Mais je pense qu’il faut simplement aimer ce travail, indépendamment des heures de bureau, car c’est aussi ce qui le rend passionnant. Avant Tokyo, je me réveillais le plus souvent à 4 heures et c’est alors que les pensées commençaient à tourner dans ma tête – et je ne parvenais plus à dormir. Heureusement, le soir j’arrivais toujours à m’endormir, ce qui était bien car on a tout simplement besoin d’un peu de sommeil. Mais bien sûr, si nous prenons l’exemple de Tokyo, lorsque je quittais le bureau le soir, je continuais à recevoir des courriels et des appels téléphoniques. C’est normal car les cavaliers sont généralement en route à cheval pendant la journée. Et lorsqu’ils s’occupaient de l’administratif le soir, le temps était trop juste pour se dire «j’appellerai demain.» Donc on s’en occupe le soir, mais cela fait partie du job.  

Donc, il faut avoir un intérêt très personnel, à savoir le facteur cheval, pour accepter tout cela ?

C’est évident ! Il faut s’identifier avec le sport équestre, il faut aimer les chevaux et le sport, sinon on ne le ferait pas.  

Nous échangeons une blague avec les propriétaires de chevaux lorsque nos nerfs sont une fois de plus mis à rude épreuve lors des championnats. Nous nous demandons alors pourquoi ne pas plutôt ranger les rayons chez un grand distributeur pour tout laisser en plan à la fin de la journée et simplement rentrer chez soi.  

J’ai moi-même vécu quelques rares fois ce que cela signifie de se rendre à un concours international avec son propre cheval et cela m’a suffi. C’est un véritable défi. C’est donc d’autant plus impressionnant de voir tout ce que tu accomplis !

Oui mais c’est aussi un immense plaisir ! J’ai déjà vécu de nombreux championnats, et cela aide à prendre les choses avec un peu plus de sérénité. Cela étant, il ne faut jamais sous-estimer ou oublier quelque chose parce qu’on l’a déjà si souvent fait. Il faut toujours être concentré à fond. Chaque comité d’organisation et chaque pays a ses particularités. Pour Herning, tout a été relativement simple et nous espérons pouvoir bientôt planifier les Jeux olympiques 2024 à Paris si nous obtenons les places de quota correspondantes. Ce sera certainement plus facile que pour Rio ou Tokyo, mais ce sera aussi moins stimulant.

Comme annoncé, la fédération va procéder à une transformation dans le domaine du sport de compétition. A partir de l’automne 2023, les directoires seront remplacés par des comités techniques. Pourquoi ce changement et qu’est-ce que cela signifie pour nous ?  

Ces dernières années, il est devenu de plus en plus difficile de pourvoir correctement toutes les fonctions bénévoles qui existent dans notre fédération. Et ceux qui s’engagent malgré tout dans le bénévolat se retrouvent souvent coincés entre le travail qu’ils effectuent pour gagner leur vie et leurs tâches au sein de la fédération. C’était certainement l’une des raisons qui ont poussé la fédération a se demander «Et maintenant que faire?» D’un autre côté, nous ne pouvons pas simplement dire que nous allons maintenant nous occuper de tout au secrétariat en engageant dix personnes de plus. D’une part, nous n’aurions pas les finances nécessaires pour cela, et d’autre part, on ne peut pas «acheter» tout le savoir-faire que ces bénévoles apportent. C’est pourquoi nous voulons utiliser à l’avenir le savoir-faire et les connaissances spécifiques des bénévoles là où ils sont vraiment nécessaires. Pour cela, nous souhaitons décharger les bénévoles des tâches administratives afin de leur permettre de se concentrer sur les domaines où leurs connaissances sont irremplaçables. Nous devons clairement être conscients du fait que sans les bénévoles, rien n’est possible !

Concrètement, comment cette transformation sera-elle abordée ?  

Actuellement les «profils de fonction» des différents membres des comités techniques sont en cours d’élaboration. Cela entraînera également des adaptations pour les collaboratrices et collaborateurs du secrétariat. D’une part, la direction sera élargie avec un nouveau membre pour le domaine de la formation et du sport de masse, et d’autre part, le secrétariat sera chargé de tâches supplémentaires en raison de la transformation des directoires en comités techniques. Il s’agit maintenant de finaliser la manière dont les tâches seront organisées et réparties.

Que souhaites-tu pour l’avenir du sport de compétition ?  

C’est une question difficile. Je souhaite que l’on s’accepte mutuellement, y compris entre les différentes disciplines entre elles, et que l’on se soutienne mutuellement. J’espère que nous trouverons une bonne solution pour pouvoir continuer à pratiquer le sport équestre dans 10 ou 20 ans, et ce pas seulement dans le domaine du sport de compétition, mais de manière générale. C’est mon plus grand souhait. 

Si nous sommes unis en tant que communauté équestre, cela facilitera probablement aussi ton travail n’est-ce-pas ?

Oui, c’est certain. Et cela ne s’applique pas uniquement au sport de compétition, car il faut vraiment que toute la filière équine se soutienne mutuell

Episode 4: Franz Häfliger, membre du comité de la FSSE, parle de son activité en tant que bénévole

Version texte traduite en français

Dans cet épisode de podcast, Franz Häfliger, membre du comité de la FSSE, parle de son activité en tant que bénévole.   

La FSSE encadre en Suisse les sept disciplines FEI, à savoir le dressage, le saut, le concours complet, l’attelage, l’endurance, la voltige et le para-equestrian ainsi que le reining et le tétrathlon, deux disciplines non FEI. Le «sport de compétition» ne peut pas être mesuré uniquement à l’aune des médailles et des résultats, mais il doit également évoluer avec son temps grâce et par le biais des activités de la fédération. Lors de sa réunion à huis clos des 14 et 15 juillet, le comité de la FSSE a finalisé la stratégie «FSSE 2030» qui prévoit d’adapter l’organisation et la répartition des tâches au sein du comité et du secrétariat afin de répondre aux exigences actuelles et aux objectifs fixés.  

Désormais, le comité endossera encore plus le rôle d’organe stratégique. Cela signifie notamment que les domaines au sein du comité seront supprimés. Franz Häfliger, qui était jusqu’alors responsable du domaine «Sport de compétition», se consacrera désormais à de nouveaux projets spécifiques et ponctuels qu’il accompagnera en tant que représentant du comité.  

Franz Häfliger, en plus de ta fonction honorifique, tu es cavalier de dressage actif et juge, et tu as été durant des années président du CO du concours de Lenzbourg et vice-président de la ZKV. Qu’est-ce qui te motive à te consacrer autant aux chevaux ?  
Cette motivation remonte à mon enfance. Enfant déjà, j’aimais les chevaux. Mes parents devaient s’arrêter dans chaque écurie où il y avait des chevaux afin que je puisse les voir. Lorsque j’ai atteint l’âge scolaire, j’ai eu pour la première fois l’occasion de prendre des leçons à la longe. C’est ainsi que cela s’est développé. J’ai ensuite rejoint le Reitverein Lenzburg qui organisait aussi diverses manifestations comme des épreuves de dressage, de saut, et, à l’époque, de military. J’ai accepté peu à peu l’un ou l’autre travail, j’ai pu prendre des responsabilités et participer à l’organisation des événements. C’est ainsi que les choses ont évolué.   

Je viens aussi de Lenzbourg : où as-tu commencé à pratiquer l’équitation ?  
A l’écurie Schneiter, qui se trouvait à l’endroit où la police régionale est aujourd’hui domiciliée. C’était il y a 45 ans ! Schneiter était un cavalier de saut qui avait des chevaux S à l’écurie. A cette époque, la cavalerie était encore à la caserne d’Aarau et il y avait toujours un adjudant sous-officier sur place pour longer les chevaux ainsi qu’un capitaine qui montait les chevaux de monsieur Schneiter. C’est l’adjudant Moser qui m’a donné mes premières leçons à la longe. Je tombais à chaque fois mais je remontais toujours à cheval. Cela m’a permis de faire mes premières expériences en matière d’équitation. Je n’avais pas le droit de monter seul car il s’agissait de chevaux S et on ne confiait pas de tels chevaux à un jeune garçon. Mais plus tard, une opportunité s’est présentée à Lenzbourg. La ville disposait alors d’une grange qui n’existe plus aujourd’hui. Un collaborateur du service de l’urbanisme possédait un cheval juste en face de la maison de mes parents. Dès lors, il était évident que je me rende chaque jour sur place pour aider à nettoyer et à nourrir le cheval et plus tard pour le monter.

Est-ce à partir de ce moment que tu t’es orienté vers le dressage ?  
Cela s’est fait petit à petit. Pour un jeune garçon, le dressage n’est pas très intéressant. Le Reitverein Lenzburg donnait également des cours de saut d’obstacles et c’est là que j’ai eu l’occasion de monter le cheval relativement bon d’un homme plus âgé – je dois faire attention à ce que je dis car entre-temps j’ai le même âge ! Le cheval sautait 1m10 ou 1m20, mais son propriétaire ne savait pas bien monter. S’il était dans la société d’équitation, c’était surtout pour profiter de la vie associative sociale et conviviale. Ainsi, il s’est donc tourné de plus en plus vers la cantine de la société en me laissant le cheval pour les cours d’équitation. A l’époque, je montais aussi des épreuves de military – bien sûr à un niveau peu élevé. Etant donné que le propriétaire du cheval l’inscrivait toujours pour des épreuves mais qu’il perdait courage peu avant le départ, je devais toujours souvent le remplacer. 

Et plus tard, tu t’es intéressé à la fonction de juge ?
Cela s’est fait assez tard. Au début, je me suis surtout consacré à l’équitation. A la société hippique de Lenzbourg, nous avions un juge de dressage bien connu, Erich Hediger, qui était également le responsable du dressage au sein de la ZKV. Il m’a toujours accompagné et j’ai également pu suivre des cours de dressage chez lui. Il pensait que je devais en faire plus et en demander plus à mon cheval, et c’est ainsi que j’ai pu participer au tour de qualification des championnats suisses R que j’ai remportés à ma grande surprise et à la surprise de tous, lors de ma première participation en 1995 à Münsingen. C’est ainsi que je me suis davantage tourné vers le dressage. Je n’étais pas non plus un cavalier de saut particulièrement talentueux, et au-delà de 1,20 m, 1,25 m, c’était fini pour moi, non pas forcément à cause d’un cheval peu doué mais du fait de mes propres limites. Donc, nous n’avions pas beaucoup de succès en saut d’obstacles et nous nous sommes donc tournés vers le dressage.  C’était il y a 25 ans et ce n’est pas comparable avec le dressage d’aujourd’hui, même au niveau R. Lorsqu’un cheval marchait à la rêne, on était déjà presque satisfait, ce qui ne suffirait évidemment plus aujourd’hui, tout comme les chevaux. En fait, je ne juge pas depuis longtemps – laisse-moi réfléchir – environ depuis 2013, donc depuis neuf, dix ans.

J’ai toujours été intéressée par la manière dont on devient juge. S’agit-il d’une formation et doit-on suivre des cours ?  
La formation est clairement réglementée par la discipline Dressage. Si l’on veut devenir juge de dressage, on commence par devenir candidat-juge. Cela signifie que l’on assiste et que l’on doit tout d’abord s’imprégner de tout. A l’époque, il fallait aussi les signatures des juges de dressage concernés, c’est-à-dire, la confirmation que l’on savait un peu de quoi il s’agit et que l’on disposait des connaissances de base relatives au dressage et à la façon de juger.  Ensuite, on pouvait œuvrer en tant que juge-assistant lors d’une épreuve. Non pas encore comme juge actif dont les notations comptent, mais en tant que juge-assistant dont les notes étaient comparées à celles des juges de dressage officiels. En tant que candidat-juge, on jugeait officiellement durant trois ans, d’abord en tant que juge FB, puis en tant que juge de ligne, avant de pouvoir juger en L et d’officier en tant juge C. Après avoir passé un autre examen théorique, on devenait enfin juge L.

Et comment es-tu arrivé à ta fonction bénévole au sein de la Fédération Suisse des Sports Equestres ?  
Ce sont les circonstances. J’étais vice-président de la ZKV, ce qui m’a permis de faire la connaissance de nombreuses personnes. De plus, mon prédécesseur au comité, Peter Christen, avait également été président de la ZKV pendant de nombreuses années. Il était responsable du sport de compétition au sein du comité FSSE. Nous nous connaissions très bien et il m’a donc demandé si cela ne pourrait pas être une tâche pour moi. J’ai pris le temps d’y réfléchir et de me renseigner sur ce que cela signifiait au niveau du temps à investir – un aspect qu’il ne faut certainement pas négliger. J’ai ensuite été élu à ce poste par l’assemblée des membres.

Aujourd’hui, une transformation est prévue au sein du comité. Les membres du comité doivent devenir ce que l’on appelle des consultants, c’est-à-dire qu’ils peuvent être sollicités pour des projets en fonction de leur savoir-faire. Quels sont tes points forts ? 
En principe, mes points forts restent le domaine du sport de compétition, mais en tant que directeur de profession, je suis également en mesure d’interpréter les données financières et je pourrais donc apporter ma contribution dans ce domaine sachant néanmoins que ma collègue du comité, Gisela Marty, travaille dans la finance et qu’elle en a bien sûr une vision encore plus approfondie. Le domaine sportif est certainement mon point fort car je pratique encore activement le dressage, ce qui me permet de voir les choses avec l’œil du participant et du sportif. De plus, je suis relativement proche de l’organisation de compétitions et, en tant qu’officiel, je connais aussi leurs besoins.

Comment décrirais-tu le domaine des compétitions en Suisse ? Où en sommes-nous ?  
Je pense que notre système est fondamentalement bon. Bien sûr, il y a toujours des choses qui doivent être adaptées, que ce soit au niveau des règlements ou des concurrents, surtout en ce qui concerne les niveaux de performances : qui peut ou doit sauter quelle hauteur d’obstacles. Nous connaissons le système de sommes de points qui se réfère généralement au cheval et non pas en premier lieu au cavalier. Il y a aussi les points de couples que l’on peut utiliser, mais normalement, on limite les sommes de points au cheval afin que le cavalier doive concourir dans une catégorie supérieure. On s’intéresse donc moins au cavalier. Actuellement, une discussion est en cours pour savoir comment faire en sorte que les sommes de points des couples comptent également. Exemple : lorsqu’un jeune cavalier fraîchement licencié prend le départ avec un bon cheval, supposons qu’il s’agisse d’un cheval avec des classements sur 1m20 ou 1m25, le jeune cavalier inexpérimenté doit se lancer dans des épreuves de cette hauteur. Il n’a pas la possibilité d’acquérir progressivement l’expérience et la pratique nécessaires et d’évoluer progressivement avec le cheval pour atteindre cette hauteur.  En revanche, cela serait possible avec les points de couple. Cela existe par exemple déjà en dressage où seules les sommes de points par couple comptent. 

Comme je ne participe pas, moi-même, à des épreuves de dressage, je suis étonnée. Je pensais que cela était réglé de manière plus uniforme entre les disciplines.  
Non, les disciplines peuvent décider elles-mêmes. Les règlements, soit les règlements de compétition de chaque discipline, sont établis par celles-ci et non par le comité. Les changements de règlement sont toujours discutés avec les associations régionales et ils sont adoptés par la Commission des règlements de la FSSSE.  

J’aimerais revenir sur le bénévolat. Au début, tu as dit que cela prend beaucoup de temps, ce qu’on a tendance à oublier. Qu’en est-il pour toi de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ?
Je dois dire que j’ai un bon employeur qui a accepté que j’assume les activités du comité FSSE en particulier parce que la fonction exige un certain temps pendant la journée. Il est donc indispensable de planifier clairement sa journée, ce qui me convient parfaitement. Tout ce que je fais en dehors du travail – y compris les activités du comité, mon travail de juge ou le fait de monter moi-même à cheval – fait partie pour moi de la vie privée. Et même si par exemple le fait de juger est fatigant pour l’esprit car il s’agit d’évaluer correctement les montures, ce n’est pas la même chose que de travailler ou d’effectuer des activités pour le comité. Bien entendu, l’équitation est encore une fois très différente. Même lorsque je m’entraîne, c’est une autre tension, une autre forme de concentration. Lorsque je travaille avec le cheval ou que je le monte, je dois me concentrer et me focaliser sur le cheval et sur ses mouvements afin de maintenir le lien. Je pense que c’est un avantage que l’équitation a par rapport à d’autres sports. On a un partenaire qui a des attentes positives, et qui, pour que l’on s’occupe bien de lui, nous oblige à communiquer de manière non verbale ou verbale avec lui.

Je me réjouis chaque fois que je vais à l’écurie et que mes trois chevaux tournent la tête vers moi, que l’un ou l’autre hennit doucement pour me saluer simplement parce qu’ils ont déjà reconnu mon pas. Bien entendu, ils reçoivent toujours une friandise en guise de salutation. Mais lorsque je prépare l’un des chevaux pour l’entraînement, les deux autres se manifestent comme pour me dire : «Ne m’oublie pas, moi aussi je veux sortir !».  Pour moi, c’est une magnifique réaction et quelqu’un qui ne travaille pas avec des chevaux ou des animaux ne peut pas le comprendre. Cela nous amène également au thème de la protection des animaux : pour la FSSE, il est très important que les animaux soient traités correctement. Ces dernières années – déjà avant mon entrée en fonction – on accordait une grande importance à cet aspect et nous entretenons des échanges réguliers avec la Protection suisse des animaux. Cela nous permet d’aborder ensemble les mauvais exemples. Si les officiels ne sont pas intervenus, ce n’est pas bon car ils ont pour mission d’intervenir en cas d’infraction et ils sont sensibilisés en permanence à ce sujet. Désormais, sur toutes les places de concours, des officiels sont aussi présents sur le paddock pour surveiller l’échauffement des chevaux et pour intervenir si quelque chose n’est pas conforme aux besoins des chevaux ou à la protection des animaux.  

En tant que juge, as-tu souvent dû intervenir ?
Non, et même si j’avais voulu être tatillon. Les cavaliers savent déjà, avec la présence d’un officiel sur place, qu’ils sont sous surveillance. Les interventions de mes collègues sont également plutôt rares. Il y a bien sûr toujours un potentiel de conflit lorsque quelqu’un pense faire ce qu’il faut et que l’officiel voit les choses différemment. Mais dans un tel cas, il s’agit de dire au cavalier ce qui ne va pas et la manière dont il doit modifier son comportement. Je pense que la manière est également importante : «C’est le ton qui fait la musique». Donc, il faut appeler gentiment le cavalier pour lui faire part de ce que l’on a constaté et justifier sa remarque. 

Y a-t-il une étape importante ou un moment fort de ton mandat dont tu te souviendras toujours ?
Nous allons poser un jalon avec la stratégie 2030 pour mettre ces changements en œuvre. Il s’agit d’une stratégie que nous avons élaboré en collaboration avec les associations membres et les officiels. Je pense que c’est une des étapes les plus importantes que j’ai accompagnée jusqu’à présent. Actuellement, je suis encore responsable du sport de compétition, mais cela changera au cours des 12 prochains mois. En tant que membres du comité, nous deviendrons des consultants et les membres des directoires seront déchargés de certaines tâches. Comme on le dit si bien : c’est avec un mélange de joie et de tristesse que j’aborde ce changement sachant que je n’aurai plus vraiment la possibilité de suivre les affaires courantes des disciplines. En revanche, il y aura d’autres tâches à accomplir, le quotidien change, il faut se tourner vers l’avenir et réfléchir à la manière dont on veut le façonner. Et je me réjouis d’accomplir cette tâche.

Tout le monde peut-il se porter candidat à un poste bénévole ?  
Oui, toute personne intéressée peut postuler. Il faut envoyer une lettre de motivation, comme pour un emploi classique, en énumérant ses capacités personnelles et ses expériences, mais également en formulant des idées relatives à la fonction. Cette candidature est ensuite examinée afin de voir si ce profil correspond au poste bénévole concerné. L’élection à la fonction honorifique n’est pas effectuée par le comité mais par l’assemblée des membres, qui élit finalement le nouveau membre s’il s’agit d’une fonction au sein du comité. Lorsqu’il s’agit d’une fonction bénévole dans une discipline, c’est différent. Les candidatures sont envoyées au bureau du comité compétent en la matière qui les évalue et émet une recommandation à l’attention du comité qui procède ensuite à l’élection.

Les personnes sont-elles nombreuses à postuler ?
C’est précisément le sujet. Selon le type de fonction bénévole, cela exige beaucoup de temps, souvent durant la journée, et pour de nombreuses personnes, l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée déjà évoqué, devient de plus en plus important.  

Selon toi, quel est le pourcentage de temps consacré à ta fonction bénévole ?
C’est très variable. Il y des moments où l’investissement est faible, et s’il y a le feu quelque part, l’engagement est plus important.  En gros, je dirais qu’il s’agit de 20 à 25 % d’une semaine de travail normale.

Donc, il s’agit de lancer un appel à tous ceux qui ont envie de s’engager et qui répondent aux exigences ? 
Y a-t-il des conditions-cadres supplémentaires que tu souhaites pour l’avenir du sport équestre, respectivement du sport de compétitions ?

En principe, nous accordons une grande importance à la formation, l’objectif étant que le cavalier comprenne comment il doit guider un cheval tout au long de sa formation pour atteindre des performances de pointe. Cela doit aller de pair avec une approche adaptée aux chevaux et aux animaux. Nous avons de bons moniteurs d’équitation et nous devons renforcer leurs rangs sans oublier pourtant les jeunes moniteurs d’équitation et les formateurs. L’une des choses les plus importantes est que l’équitation classique – et je ne parle pas du dressage sachant que le dressage est la base de toute discipline – soit absolument conservée. De bons résultats en compétition suivront. Tout le reste est insignifiant. Si la formation équestre et sportive n’existe pas, nous n’obtiendrons pas de bons résultats.

Dans mes précédents entretiens et maintenant aussi avec toi, le thème du bien-être des chevaux et de l’éthique dans le sport équestre revient toujours sur le tapis…  
Cela a énormément changé au cours des vingt ou trente dernières années et la conscience des sportifs équestre a également évolué. Auparavant, on considérait le cheval comme un «outil» qui devait travailler. Mais le cheval est passé du statut d’animal de travail à celui de partenaire sportif. Et je crois que les sommités internationales et les leaders d’opinion que nous avons dans le sport de haut niveau - quelle que soit la discipline - montrent également que la voie empruntée et la bonne, pour autant que l’on entretienne une relation de partenariat avec le cheval.   

Episode 5: Gisela Marty, membre du comité de la FSSE, parle sur les chiffres et les faits dans les sports équestres et pourquoi les clubs équestres devraient proposer des offres attrayantes à tous leurs membres.

Version texte

Dans cet épisode de notre podcast, la responsable des finances de la FSSE, Gisela Marty, nous parle des chiffres et des faits dans le sport équestre et de la raison pour laquelle les clubs devraient proposer des offres attrayantes à tous les membres.

Chère Gisela, je suis très heureuse que nous fassions connaissance aujourd'hui. Veux-tu te présenter brièvement à nos auditrices et auditeurs ?
Avec plaisir ! Je m'appelle Gisela Marty, j'ai fait un apprentissage de commerce il y a longtemps et j'ai toujours été fascinée par les chiffres. J'ai longtemps travaillé dans le domaine de la comptabilité et j'ai ensuite obtenu un brevet professionnel en formation professionnelle. À la fin de ma carrière, j'étais assistante administrative dans une école professionnelle du canton de Fribourg. Les chiffres ont toujours été importants pour moi et je me suis beaucoup investie dans ce domaine. Lorsque la Fédération Suisse des Sports Equestres m'a demandé si je voulais être responsable du département des finances, j'ai tout de suite dit oui.

Pour rester dans le domaine des chiffres : Pourrais-tu m'expliquer comment la FSSE est financée ?
Premièrement, la Fédération Suisse des Sports Equestres est bien sûr financée par les cavaliers qui paient des taxes de licence ou de brevet. La FSSE reçoit également de l'argent de Swiss Olympic. En outre, il y a des sponsors privés. Mais l'objectif est que cet argent soit réinjecté dans des offres pour les cavaliers et pour le maintien du sport.

Comment es-tu arrivée à la fédération ?
J'étais à l'époque membre du comité de la Fédération fribourgeoise des sports équestres, puis on m'a directement demandé si cela m'intéressait. C'était très intéressant et j'ai vraiment appris beaucoup de choses. On apprend toujours quelque chose en s'engageant pour une cause.

Que signifie l'équitation pour toi en général ?
Nous avons toujours eu des chevaux à la maison et j'ai donc grandi avec eux. Je n'ai jamais fait d'équitation à un haut niveau, mais j'aimais les promenades à cheval et les choses quotidiennes liées au sport équestre. Mais j'ai maintenant arrêté l'équitation - il y a un âge pour tout. J'aime néanmoins participer à des compétitions et aider à l'organisation d'événements. Mon fils est un cavalier actif, tout comme sa femme et ses enfants. J'aime beaucoup les accompagner. 

En tant que mère, tu dois être très fière qu'il monte à cheval !
Oui, c'est vrai. Mais l'équitation n'a jamais été une nécessité à mes yeux, je l'ai toujours considérée comme une récréation. Mon mari et moi travaillions la journée, et le soir, nous allions voir les chevaux. Même si, avec les animaux, c'est bien sûr du travail, si chacun y met du sien, cela se passe plutôt bien.

Le sport équestre est considéré comme un sport de riches. Quelle est ta position à ce sujet?
Il serait faux de dire que c'est un sport pour les pauvres. Cela dépend toujours de la manière dont on pratique le sport. Par exemple, si on a le cheval à la maison ou dans une pension, si on a des sponsors ou si on doit tout payer soi-même. Quand je pense à ceux qui prennent l’avion deux fois par an pour aller passer leurs vacances à l’étranger – je constate que ce n’est pas toujours envisageable pour nous. Il y toujours quelque chose à faire avec les chevaux toujours quelque chose à faire avec les chevaux et nous n'avons parfois même pas le temps de dépenser de l'argent ou de toujours manger à l'extérieur. L'argent que nous avons, nous le dépensons autrement. Mais bien sûr, il y a des riches qui montent à cheval, mais il y a aussi ceux qui n'ont pas de chevaux. Ce que l'on ne peut pas nier, c'est que les chevaux coûtent un certain prix.

Oui, je dis aussi toujours que le fait de posséder un cheval est un luxe.
C'est vrai, c'est un luxe. Lorsque nous avons acheté le cheval pour notre fils, nous avons également dû faire les fonds de tiroir. Mais il était passionné par les chevaux et cela lui a peut-être évité de faire d'autres bêtises.

Exactement, quand on monte à cheval, on n'a vraiment pas le temps de faire d'autres bêtises. J'ai aussi lu que tu es le membre le plus ancien du comité directeur du club hippique de Buecha ?
C'est exact ! Je suis membre depuis 22 ans et j'ai bien sûr réfléchi plusieurs fois à l'avenir. Nous sommes un club formidable et dynamique, qui fait beaucoup pour ses membres. Mais il n'est pas facile de trouver de nouvelles personnes, et surtout des jeunes. En revanche, nous trouvons sans problème des bénévoles pour les journées hippiques. Je pense que nous devrions pouvoir recruter des jeunes dès l'âge de 12 ans et réussir à les rendre fiers de faire partie de l'association.

Qu'est-ce qui t'a poussé à rester aussi longtemps dans la même association ?
Oh ! j'aime les gens, nous sommes une super équipe ! Je ne vois vraiment pas pourquoi je devrais changer quoi que ce soit. Mon mari est également membre de l'association, tout comme mon fils.

En discutant avec Damian Müller, le président de notre association, j'ai compris qu'il y a beaucoup de cavaliers en Suisse qui ne sont pas membres de l'association. Et je me suis demandée : que pourrait-on faire pour motiver davantage de cavaliers à adhérer à un club ?
C'est assez difficile et je pense que la recette n'a pas encore été trouvée. Souvent, les clubs comptent surtout des cavaliers de compétition, car ils ont l'obligation de s'inscrire dans un club. Ils sont bien sûr aussi plus au courant des réglementations existantes ou des nouveautés. Je ne veux pas dire que les cavaliers de pur loisir ne savent pas comment se comporter. Mais il faut par exemple leur enseigner le respect de la nature ou comment se comporter en selle lors d'une randonnée. Dans une association, outre l'échange collégial, on essaie aussi d'investir dans la formation des membres. Ainsi, on sait ce que l'on peut faire et ce que l'on ne peut pas faire. L'équitation a une mauvaise image, c'est très dommage. C'est pourquoi il est d'autant plus important de trouver un consensus entre nous. Les clubs sont là pour ça. Ici, on peut aussi s'entraider si quelqu'un a un problème.

Que penses-tu que les clubs pourraient faire eux-mêmes pour devenir plus attractifs ?
C'est une bonne question. Notre club d'équitation organise par exemple régulièrement des réunions d'information où l'on en apprend plus sur le cheval. Pas seulement : il a quatre pieds et une queue, mais aussi : comment reconnaître un mal de dos ? Ou encore : que faire en hiver ? En outre, il ne faut pas oublier les membres qui ne pratiquent plus activement l'équitation, mais qui sont tout de même engagés. Ou les jeunes en âge scolaire. Il faut aussi organiser quelque chose pour eux.

Tout est clair, il y a donc encore beaucoup à faire dans ce domaine.
Absolument, et nous n'avons pas encore trouvé la recette miracle.

Tu habites à Fribourg, n'est-ce pas ?
Exactement, c'est-à-dire que je vis exactement à la frontière linguistique.

J'ai souvent entendu dire qu'il y avait des différences entre les cavaliers de Suisse romande et ceux de Suisse alémanique. Comment vois-tu cela ?
A mon avis, il n'y a pas de différences perceptibles. Il y a des différences entre les cavalières et les cavaliers, mais ce n'est pas la langue qui fait la différence. Nous voulons tous pratiquer le même sport et, si possible, en profiter dans un bon environnement. A la fin de la journée, nous sommes tous des cavaliers et des cavalières animés par la même passion. Et bien sûr, il y a parfois des blagues entre les cantons, mais c'est peut-être aussi à cause de ma personne. Je n'aime pas la provocation.

Après tout, ce sont nos différences qui rendent la Suisse si unique !
Absolument !

Chère Gisela, c'était très passionnant de te parler. Merci beaucoup pour cet entretien !

Episode 6: Thomas Järmann, membre du comité de la FSSE

Version texte traduite en français

Jusqu'à récemment, Thomas Järmann dirigeait le département de la formation et de la formation continue ainsi que de la promotion de la relève de la Fédération Suisse des Sports Equestres. Désormais, il est également consultant et soutient la FSSE avec sa riche expérience. Dans la vraie vie, Thomas est écuyer de formation et dirige son propre centre équestre à Gwatt près de Thoune. Thomas, qu'est-ce qui t'a amené à l'équitation ? ​
Mon père avait une ferme et était un dragon actif. Nous avons toujours eu des chevaux à la maison et c'est ainsi que je suis venu à l'équitation à l'époque. Plus tard, j'ai opté pour un apprentissage d'écuyer.       

À l'époque, j'étais fascinée par le saut d'obstacles : monter contre le temps et en compétition avec d'autres couples me passionne toujours autant. Mon objectif a toujours été de créer ma propre entreprise. Le centre équestre est donc un rêve qui s'est réalisé. Surtout maintenant, avec ma propre famille et mon fils. Même s'il ne s'oriente pas plus tard vers une filière agricole, il appréciera certainement d'avoir grandi ainsi. 

Quelle est la taille de ton entreprise ? 
Nous avons de la place pour 34 chevaux et possédons une super infrastructure. Dans le cadre de la nouvelle construction, nous avons seulement agrandi les boxes existants et n'avons pas construit de boxes supplémentaires. Nous avons beaucoup d'élèves d'équitation, mais nous ne sommes pas une école d'équitation classique, car nous ne mettons pas de chevaux d'école à disposition. La plupart des cavaliers viennent avec leurs propres chevaux. Notre principale source de revenus sont les chevaux en pension.

On dirait qu'il se passe toujours quelque chose !
C'est vrai, mais cela a toujours été clair pour moi. Lorsque j'ai repris le Gwatt en 2010 en tant que chef d'exploitation, j'ai encore suivi une formation de spécialiste de la filière équine. C'est une formation formidable et instructive, que je recommande à tout le monde. J'y ai également appris que la gestion d'une exploitation n'est pas toujours "un rêve".

Au sein du comité directeur de l'association, tu étais responsable du département de la formation et du perfectionnement ainsi que de la promotion de la relève. Comment cela s'est-il passé pour toi ?
En fait, le thème de la formation du cheval et du cavalier me préoccupe depuis que j'ai fait mon apprentissage. C'est pourquoi je me suis tout de suite enthousiasmée pour ce domaine et j'ai accepté le rôle avec plaisir lorsqu'on me l'a proposé. Comme je l'ai dit, je m'en occupe de toute façon tous les jours et j'ai souvent des idées qui me viennent à l'esprit pendant la journée.

Je dois toujours les écrire et parfois les tester, car tout ne fonctionne pas sur papier. Je n'ai pas fait de grands changements au cours de mon année de mandat, mais c'est normal. Le brevet vient d'être remanié.

Est-ce que la formation du cheval et du cavalier était-elle meilleure à l’epoque ? 
Je ne pense pas que tout était mieux avant. Au sein de la fédération, on essaie d'adapter le sport équestre à la modernisation de la société. D'une manière générale, je pense que nous sommes sur la bonne voie. Aujourd'hui, le rapport est également différent, peut-être qu'avant on se contentait de moins ou qu'on travaillait avec ce qu'on avait. Aujourd'hui, on a besoin d'un plus beau casque d'équitation et de meilleurs pantalons. 

L'image extérieure prend de plus en plus d'importance. 
Exactement, c'est vrai. Nous avons aussi un restaurant dans le manège et j'entends souvent les gens dire : "Non, je ne peux pas monter aujourd'hui, c'est lui ou elle qui est à l'étage". Bien sûr, j'essaie aussi de faire un effort quand les autres regardent, mais le fait que des gens regardent ne me pose pas de problème. 

Je sais ce que tu veux dire, j'entends souvent cela de la part de mes amies. C'est une question de comparaison, surtout quand on fait du sport. J'ose dire que nous, les cavaliers, ne sommes pas les gens les plus faciles - il y a beaucoup d'expertes et d'experts à la barre qui sont prompts à juger des choses sur lesquelles ils n'ont aucune idée. Même en compétition. 
Cela a aussi un rapport avec les médias. Parfois, tu es à l'arrivée et les gens sur Internet connaissent ton résultat plus vite que toi. Donc c'est bien, je n'ai rien contre, mais on est beaucoup plus exposé au public. 

Es-tu aussi actif dans le sport ? 
Oui, mais depuis que j'ai repris l'entreprise, j'ai un peu arrêté le sport et je me déplace aujourd'hui surtout au niveau régional. Actuellement, je constate que le sport me manque. J'ai quelques bons chevaux pour lesquels j'ai des espoirs et je pense qu'il est possible de faire encore mieux. Mon plus grand succès a été Schaffhouse en 2011, lorsque j'ai pu participer au championnat suisse élite. C'était très spécial, car j'ai pu monter contre les meilleurs de Suisse. 

Tu n'as jamais envisagé de faire autre chose qu'avec les chevaux ?  
Si, plusieurs fois. Mais je n'ai jamais vraiment franchi le pas. J'aime "raccommoder" et transformer les choses. Dans l'idéal, j'aimerais être sur le chantier du matin au soir. Le fait d'avoir ma propre entreprise me permet d'exprimer ma fibre artisanale. La construction est mon équilibre par rapport à l'équitation, c'est en quelque sorte un hobby. 

Tu es aussi entraîneur - qu'est-ce que tu donnes le plus aux élèves ?​           
Il me tient à cœur de faire en sorte que l'élève sorte du terrain avec un bon sentiment. Surtout maintenant, pendant la saison des tournois, je veux qu'ils sortent et se disent : je suis prêt pour le week-end. Ce n'est pas toujours facile. Et en premier lieu, je m'adapte toujours au couple cheval-cavalier pour qu'il ne se passe rien. 

Sais-tu ce que tes élèves disent de toi ? 
Il y a certainement des deux côtés, c'est pourquoi je pense que tout ne sera pas mauvais dans mon entraînement. Il y a des gens qui viennent chez moi depuis 20 ans et d'autres pour qui l'alchimie ne fonctionne pas, et c'est très bien ainsi. J'espère que mes élèves apprécient la variété que j'essaie d'introduire dans l'entraînement. Et j'attache beaucoup d'importance à la ponctualité. Mes élèves le savent aussi. 

Y a-t-il quelque chose que tu changerais dans l'offre de formation en CH ?
Il s'agit beaucoup de la situation financière et je vois parfois des talents cachés qui, dans une autre situation de départ, seraient tout à fait ailleurs, mais qui doivent se débrouiller avec leur cheval et les moyens existants. De manière générale, je pense qu'il devrait à nouveau être davantage question de l'animal et moins du prestige. 

Episode 7 avec Nayla Stössel, membre du comité de la FSSE

Version texte traduite en français

Nayla Stössel était responsable des affaires internationales au sein du comité de la Fédération Suisse des Sports Equestres et en devient désormais la consultante. Elle est en outre membre du comité directeur de la Fédération équestre européenne et présidente du CSIO de Saint-Gall depuis 2012.

Bienvenue, Nayla ! Pourrais-tu me raconter en deux minutes l'histoire de ta vie de la manière la plus détaillée possible ?

C'est un véritable défi ! J'ai grandi en Suisse orientale et j'y suis toujours domiciliée. Mais je voyage aussi beaucoup et je m'intéresse à des sujets internationaux. À l'origine, j'ai fait des études de sciences politiques, à Lausanne et à Florence. Le cheval a toujours été une constante dans ma vie et j'ai eu la chance de pouvoir grandir avec, car nous avons un élevage de pur-sang arabes à la maison. Je ne suis donc pas cavalière de saut d'obstacles et pourtant j'organise le CSIO de Saint-Gall, ce qui en étonne plus d'un. Mais je dis toujours : la base en tant que "Cavaliers" nous relie tous.

Qu'est-ce qui s'est passé après les études ?

Je suis resté un peu dans le domaine politique et j'ai fait un stage au Conseil de l'Europe. Le supranational m'a toujours intéressé. Après le chapitre à Strasbourg, je suis revenu en Suisse et j'ai pu m'initier brièvement au polo dans l'Oberland bernois, ce qui a été une expérience formidable. Je suis ensuite revenu à Saint-Gall, où j'ai travaillé dans le conseil aux entreprises avant d'accepter la présidence du CSIO de Saint-Gall. 

Cela semble très idéaliste ! As-tu une vision de ce que devraient être les choses ?

J'ai toujours été un généraliste et je pense donc que la communication est extrêmement importante. Qu'il s'agisse de gestion d'entreprise ou de politique, une bonne communication est un lubrifiant, un moyen de parvenir à ses fins, pour ainsi dire. Il faut savoir communiquer correctement si l'on veut obtenir quelque chose. Mais comme je l'ai dit, j'aime aussi transmettre, les langues, et j'aime jeter des ponts pour que les choses ou les gens qui conviennent se rencontrent.

Au sein de la FSSE, tu étais également responsable des affaires internationales. Cela correspondait parfaitement.

Oui, la fédération fait partie de la fédération internationale, donc de la FEI. J'étais déjà en contact avec de nombreuses parties prenantes et, grâce à ma fonction de présidente du CSIO, je disposais du réseau et des compétences nécessaires à cette tâche.

Tu as mentionné que tu venais de la scène arabe. Quel est ton background ici ?

Ma mère a perdu son cœur pour le cheval arabe. Je n'avais pour ainsi dire pas le choix - j'ai grandi avec les chevaux arabes et je suis familière avec leurs caractéristiques particulières. Ces chevaux ne peuvent certes pas rivaliser dans les grands concours de saut d'obstacles, mais ils peuvent être utilisés comme améliorateurs ou lorsqu'il s'agit de sport de compétition. Dans des disciplines comme l'endurance ou le CC, ils sont très forts. Je suis toujours enthousiaste pour les chevaux arabes ! Ce sont tout simplement des chevaux formidables, proches de l'homme !

As-tu encore tes propres chevaux ?

Actuellement, mes deux jeunes enfants m'occupent et l'équitation a malheureusement dû être mise de côté. Mais je suis très confiante pour l'avenir et j'espère me remettre bientôt plus souvent en selle. Actuellement, nous avons à nouveau beaucoup de chevaux à la maison, en Suisse. L'élevage est en Espagne.

Peux-tu me parler encore du CSIO de Saint-Gall ? Comment en es-tu arrivée à devenir présidente ?

Mon père a occupé cette fonction pendant 25 ans avant moi et il m'a toujours dit qu'une tâche n'est pas accomplie tant que l'on n'a pas assuré une succession équivalente ou meilleure. Lorsque mon père m'a proposé son poste, j'ai bien réfléchi et j'ai fini par accepter. Cette tâche comporte de nombreux aspects passionnants. Pendant deux ans (2011 et 2012), nous avons travaillé en coprésidence, puis j'ai pu prendre officiellement le relais. 

Quels sont tes objectifs avec le CSIO ?

J'aimerais offrir plus d'espace au CSIO en termes d'infrastructure. Le Gründenmoos n'est pas un stade purement équestre et nous faisons toujours la queue parce que nous sommes exposés aux intempéries. Ce serait génial d'avoir une installation fixe. Ne serait-ce que pour certaines parties de la manifestation, comme par exemple les épreuves pour jeunes chevaux. C'est pourquoi je m'engage en ce moment pour la construction d'un centre équestre national à Saint-Gall. C'est l'un des objectifs les plus ambitieux. Pour le reste, le CSIO doit rester attractif et bien sûr rentable.

Dans ce cas, ton activité au sein du comité de la FSSE et la présidence du CSIO de Saint-Gall se sont en fait plutôt bien complétées.

D'une certaine manière, c'était déjà un avantage. Mais il faut bien se gérer soi-même et être toujours conscient de la "casquette" que l'on porte. Du fait de mes différentes fonctions, je vois automatiquement les choses sous différents angles : en tant qu'organisatrice, en tant que cavalière ou du point de vue d'une directrice. L'important, c'est de pouvoir faire passer les intérêts individuels au second plan. Le travail en réseau constitue une très grande partie de ces deux postes. Mais cela prend du temps et j'insiste toujours sur le fait qu'il faut une ou deux années d'apprentissage, au cours desquelles on doit observer et apprendre. Mais une fois que l'on est arrivé, le monde semble à nouveau petit. C'est un soulagement considérable de connaître le "who's who".

Je reviens brièvement sur les affaires internationales de l'association - quel est le souvenir le plus marquant de ton passage à la tête de l'association ?

Il est difficile d'isoler une chose en particulier. Il y a toujours eu des sujets brûlants et les discussions correspondantes restent bien sûr dans les mémoires. C'est là que l'on se rend compte que les règlements et le sport en lui-même sont compris de différentes manières. Et quand on examine quelque chose dans un contexte international, on est extrêmement frappé par les nombreuses facettes qu'il y a. Pour moi, c'est toujours instructif de voir où je me situe moi-même dans le contexte et à quel point les perspectives peuvent changer en fonction du sujet.

Je me demande justement, en ce qui concerne le contexte international, dans quelle mesure le cheval est au centre de l'attention et dans quelle mesure la politique l'est aussi.

C'est une question légitime ! Je pense que nous sommes devenus de plus en plus conscients, ces dernières années, que nous devons nous considérer comme une grande famille du sport équestre. Nous aimons le cheval et apprécions les performances de l'animal et de l'homme. Et c'est l'essence même, le cheval doit toujours être au centre de nos préoccupations.

En comparaison internationale, n'y a-t-il pas d'autres pays, d'autres mœurs ?

Bien sûr, et pourtant, dans le contexte international, on essaie d'établir une politique uniforme. La discussion dans ce sens est très précieuse et c'est pour moi personnellement très passionnant d'assister à toutes les évolutions positives de ces dernières années. Même si d'autres points de vue et réalités s'affrontent, nous avons un objectif et c'est de pouvoir pratiquer les sports équestres de manière correcte et internationale.

Tu as certainement déjà rencontré de nombreuses personnalités inspirantes. Selon toi, laquelle devrais-je absolument rencontrer ?

Il y en a quelques-unes ! Mais je pense que Sabrina Ibáñez, la secrétaire générale de la FEI, serait une excellente interlocutrice. C'est une femme impressionnante qui est à la tête de la fédération internationale et qui la dirige avec beaucoup de tact et de compétence. Elle a beaucoup de savoir-faire et de fortes compétences en management pour faire bouger et avancer des groupes hétérogènes.    

Quel a été ton plus grand succès jusqu'à présent ?

J'aimerais beaucoup parler de l'association européenne - l'EEF. L'organisation est très jeune et, au début, c'était un club de gentlemen, mais aujourd'hui, je parlerais plutôt d'un groupe d'idéalistes et de visionnaires. L'EF n'est pas bureaucratique, c'est donc au final un petit espace d'hommes de cheval qui souhaitent échanger et renforcer l'Europe dans le contexte mondial. Je suis vraiment très heureuse d'en faire partie et de continuer à développer l'EEF.

Informations sur vos données
Des cookies sont utilisés sur ce site web pour améliorer la fonctionnalité et les comportements des prestations ainsi qu'à des fins statistiques. En cliquant sur le bouton Accepter, vous acceptez l'utilisation de cookies sur ce site web.