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FEI Sports Forum: accent sur le Reining et l’Endurance

14 mai 2019 10:00

Les 15 et 16 avril, les fédérations faîtières du sport équestre mondial se sont réunies à Lausanne pour le FEI Sports Forum, une conférence lors de laquelle différents thèmes autour du sport de compétition international ont été abordés. En plus des Jeux Olympiques de Tokyo de 2020 avec leurs conditions climatiques exigeantes et les modifications prévues du système légal de la FEI, un accent particulier a été mis sur les disciplines Reining et Endurance, sachant que ces derniers temps, toutes deux ont été sous les feux de critiques pour des questions de protection des animaux. Une délégation de la FSSE était également présente, elle a écouté attentivement et elle a pleinement participé aux discussions. Sven Friesecke pour la discipline Reining et Claude Nordmann pour la discipline Endurance nous ont livré un rapport sur les dessous de ce forum ainsi que sur les perspectives présentées.

Session «Reining»

Historique

Immédiatement après l’assemblée générale 2019 de la FEI, le Comité de la FEI a dénoncé la déclaration d’intention existante entre la FEI et la NRHA ainsi que l’AQHA, entre autres au motif que la mise en oeuvre par les deux associations américaines des adaptations convenues dans les domaines de la protection des animaux et du dopage n’était pas satisfaisante. De plus, la discipline Reining ne s’était pas développée dans la mesure souhaitée au niveau des chiffres.

Le comité de la FEI prévoit de décider du maintien de la discipline Reining au sein de la FEI lors de l’assemblée générale de l’automne 2019.

Le Reining Committe en tant que comité d’experts de cette discipline n’a été informé que très tard des intentions du Comité de la FEI.

Le Reining Committee de la FEI agit en fonction de l’avenir

Indépendamment des activités du Comité de la FEI, le Reining Committee de la FEI nouvellement constitué ainsi qu’un groupe de travail élargi ont élaboré un plan pluriannuel comportant plusieurs mesures destinées à contribuer à la progression de la discipline Reining.

Lors de la Reining Session au Sports Forums, le directeur juridique de la FEI a présenté, en guise d’introduction, un aperçu de l’histoire de la discipline Reining au sein de la FEI, en relevant particulièrement les manquements par omission des associations américaines. Une statistique démontant que la discipline ne s’est développée que très modestement au niveau des chiffres a ensuite été présentée.

Le Reining selon les règles de l’art: de cavalier du cadre suisse Philipp Küng. Le Reining selon les règles de l’art: de cavalier du cadre suisse Philipp Küng. Photo: D. Henzi

Sven Friesecke s’exprime lors du FEI Sports Forum 2019. Sven Friesecke s’exprime lors du FEI Sports Forum 2019. Photo: FEI

Les événements FEI sont peu appréciés

Selon le Reining Committee, la motivation principale incitant les cavaliers à participer au Reining de la FEI sont les championnats internationaux organisés par cette dernière. Par contre, les associations américaines proposent une large offre de classes bien structurées qui est très bien utilisée. Du fait du manque d’incitation pour les manifestations FEI, l’intérêt pour les cavaliers des catégories plus basses à participer aux concours internationaux de Reining de la FEI, à savoir les CRI, n’est pas très grand. Les événements FEI ont donc été dès le début utilisés surtout à des fins de qualification pour les championnats FEI. Par ailleurs, il est bien évident que l’offre de la FEI est nettement mieux utilisée en Europe qu’en Amérique. Par rapport au potentiel élevé de bons chevaux et de bons cavaliers existant aux USA, le respect des valeurs y est plus que modeste. En bref, de nombreux cavaliers estiment que l’appartenance du Reining à la FEI est particulièrement importante, entre autres à cause de la protection des animaux et de la publicité. Par contre, les incitations ne sont pas assez nombreuses pour que la participation aux manifestations FEI en vaille la peine.

Définir un agenda clair

Le Reining Committee aspire clairement à promouvoir les niveaux plus bas. Avec la création d’une coupe des nations de Reining, la participation lors des CRI 1* et 2* devrait être clairement stimulée. De plus, le système de classement pour les catégories les plus basses doit être aménagé. Enfin, il conviendra de développer une répartition plus praticable et adaptée au degré des classes.

Du fait de la communication tardive de l’intention du Comité de la FEI de décider en automne 2019 de l’avenir du Reining au sein de la FEI, le Reining Committee a été pris de court et c’est pourquoi il a déposé, lors du Sports Forum, une proposition à l’attention du Comité de la FEI consistant à fixer un agenda avec des étapes clairement définies et les objectifs de croissance qu’il convient d’atteindre pour que le Reining reste au sein de la FEI.

Durant cette période d’essai, il conviendra également de trouver des solutions pour pallier aux différences réglementaires en matière de protection des animaux et du dopage. Dans ce contexte, ce sont surtout les Américains qui sont appelés à répondre aux exigences de la FEI.

Lors de la séance du Comité de la FEI organisée directement avec le Sports Forum, ledit comité s’est déclaré prêt à concéder une telle phase finale d’essai.

Les prochaines semaines nous démontreront si la communauté internationale de Reining est consciente du sérieux de la situation. Afin d’assurer à long terme le Reining FEI, les cavaliers de Reining et les organisateurs doivent être prêts à participer activement à ce qui se passe au sein de la FEI. Ou en d’autres termes: le Reining Committee doit créer un cadre plus attractif pour une communauté plus large de cavaliers, sachant néanmoins que tout cela restera lettre morte si en fin de compte, les cavaliers n’utilisent pas cette plateforme.

Sven Friesecke
Chairman du FEI Reining Committee
Chef de la discipline Reining FSSE

Session «Future of Endurance»

Autres pays, autres moeurs

Depuis bien huit ans, le sport d’endurance enregistre une évolution problématique. Le boom soudain que cette discipline a eu alors au Moyen-Orient et qui ne s’est jamais démenti s’est accompagné d’un déclin des valeurs morales de cette discipline sportive riche en traditions. En particulier dans les Emirats arabes unis (EAU), ces raids ont très vite été fort appréciés. Alors qu’en Europe la sensibilisation en matière de protection des animaux s’imposait de plus en plus fortement, celle-ci semblait totalement absente dans cette autre partie du monde.

Et c’est bien trop tard que la FEI a constaté que ses règlements étaient foulés au pied dans ces nouveaux bastions du sport d’endurance. Là où on peut gagner des courses internationales pratiquement sans formation équestre avec des chevaux de pointe achetés très chers, les accidents, la corruption et le dopage ne sont pas loin.

La Suisse attire l’attention sur ces dysfonctionnements

Il y a déjà huit ans, la FSSE était intervenue auprès de la FEI avec des délégations d’autres pays, notamment de la Hollande, pour exiger un changement de cap - malheureusement avec un succès plus que mitigé. On a encore et toujours tenté d’obtenir que les règlements de la FEI - dans une large mesure très satisfaisants - soient également appliqués au Moyen-Orient. Or, au sein d’une culture où la corruption et le dopage font partie du sport et où des immenses sommes d’argent sont en jeu, il s’agissait pratiquement d’un combat perdu d’avance.

Départ de la course d’Endurance aux JEM de Tryon (USA) qui a finalement été arrêtée. Départ de la course d’Endurance aux JEM de Tryon (USA) qui a finalement été arrêtée. Photo: FEI

Désaccord en Europe

Pour la première fois dans l’histoire du Sports Forum, le 16 avril 2016, une journée entière était dédiée à un seul thème: l’avenir de la discipline Endurance. Durant trois sessions, l’Endurance Temporary Committee (ETC) donnait un aperçu de l’état d’avancement de ses travaux depuis sa mise en place en octobre 2018.

Il convient de relever un point particulièrement positif, à savoir le fait que c’est la toute première fois que les dysfonctionnements dans le sport d’endurance ont été reconnus clairement par la FEI. Or, il est intéressant de constater que les conclusions de l’ETC ont été enjolivées par certains pays européens qui ont tenté de calmer le jeu. La question se pose donc une nouvelle fois au sujet de l’éventuelle partialité des pays comme l’Espagne, la France, et dans une certaine mesure également la Belgique, avec leurs élevages prospères de chevaux d’endurance qui s’arrachent au Proche-Orient par des clients particulièrement nantis.

Le président de la FEI défend l’Endurance

Le président de la FEI, Ingmar de Vos, s’est clairement exprimé en faveur du maintien de l’Endurance au sein de la FEI, et ce malgré le fait qu’en 2015, il avait prouvé qu’il prenait la problématique des raids d’Endurance au Proche-Orient très au sérieux en excluant provisoirement la Fédération nationale des EAU de la FEI. Il ne faut pas oublier qu’au niveau du nombre de cavaliers, l’Endurance est la deuxième discipline FEI en importance après le Saut d’obstacles.

Prochaines démarches

D’ici à la fin mai, l’ETC rédigera son rapport final comportant des mesures concrètes pour améliorer la situation. Celles-ci serviront de base pour adapter les règlements FEI d’Endurance qui seront soumis aux fédérations équestres nationales cet été pour prise de position.

Ces mesures d’optimisation touchent plusieurs axes d’action: les courses doivent de nouveau devenir plus techniques et ne plus être montées comme des courses de plat où seule la vitesse compte, des contrôles plus nombreux doivent avoir lieu et les infractions contre le règlement FEI doivent être sanctionnées de façon correcte. Enfin, la formation des officiels, mais également celle des cavaliers, doit bénéficier d’une meilleure attention. Par ailleurs, l’ETC propose des procédures de qualification plus sévères qui, entre autres, prennent plus en compte les résultats du binôme cheval et cavalier, mesure que prône la FSSE depuis plusieurs années.

Personnellement, je reste sceptique quant à la réussite de cette réorientation de l’Endurance. Plus de contrôles de dopage et de santé et plus de formation pour les cavaliers et les officiels vont toujours de pair avec des coûts plus élevés. Et d’où doit venir cet argent si ce n’est du Moyen-Orient… ? On sait en effet que les sponsors de cette discipline sont très peu nombreux en Europe. Il sera intéressant de voir ce qui sera décidé en novembre, lors de l’assemblée générale de la FEI à Moscou.

Claude Nordmann
Responsable du domaine International FSSE 2011-2019

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