Nouvelle substance prohibée apparue au catalogue de la FEI depuis le 1er janvier 2019: la synéphrine. Il s’agit d’une substance interdite (banned substance) dont toutefois la présence, dans la plupart des cas, semble devoir être mise sur le compte d’une contamination (specified substance). S’agit-il d’un vrai problème ou d’une grande agitation autour d’une petite source de contamination?
La synéphrine est naturellement présente dans les oranges. (Photo: A. Heimgartner)
Naturellement présent notamment dans les agrumes, ce stimulant a trouvé un créneau parmi des personnes en surpoids et certains athlètes. Bien que son efficacité puisse être remise en question, elle entre dans la composition de plusieurs spécialités classées parmi les compléments alimentaires.
Intervention nécessaire en raison du risque pour la santé
Ses effets indésirables sur le système cardio-vasculaire (souvent affaibli par le surpoids, très sollicité par l’activité sportive, ou par le cumul de médicaments ingérés) sont toutefois tels que certains pays cherchent à légiférer quant à son usage: aucun dosage sûr n’est connu à ce jour, pas plus en dose unique qu’en absorption répétée et durable.
Dopage chez le cheval
La FEI a interdit la présence de cette substance dans les fluides d’un équidé qui relève dès lors du dopage!
En effet, onze cas positifs ont été détectés au Mexique (9 cas sur 4 concours) et en Espagne (2 cas sur 1 concours)! Le premier point commun réside certainement dans un climat propice à la culture et à l’ingestion des agrumes.
Une contamination est vite arrivée
Il faut cependant savoir que la synéphrine peut être détectée dans des plantes tout à fait communes, comme le jonc, le souchet, le citronnier, le mandarinier, l’oranger (orange amère de Séville), le teff (cette céréale millénaire venue d’Ethiopie), et entrerait facilement dans la composition de litières ou mieux: de compléments alimentaires pour nos athlètes équidés.
Une attention particulière s’impose donc, même si - il faut l’avouer - une contamination à l’insu de notre contrôle le plus scrupuleux ne peut être exclue.
La FEI propose toutes sortes de mesures préventives sur son site de Clean Sport, y compris le contrôle des collaborateurs pouvant recourir à titre personnel à ces compléments. Elle recommande enfin de conserver un peu de foin, d’aliments et de compléments alimentaires à fins de pouvoir y retrouver cette substance en cas de contrôle positif.
La prudence est de mise
Les dangers de telles substances spécifiées ne sont pas moindres que ceux des substances interdites. Leur présence ne doit donc pas être pris à la légère dans les sports équestres, même si les mesures disciplinaires découlant de leur détection pourraient être appliquées avec un peu plus de souplesse.
A la réflexion, deux grandes questions rémanentes se posent encore et toujours, liées à la notion de contamination: un laboratoire peut-il être plus performant qu’un autre dans la mise en évidence d’une substance particulière, c.-à-d., sommes-nous tous égaux devant les analyses? A partir de quel dosage un contaminant devient-il susceptible d’interférer sur les performances d’un équidé, c.-à-d., l’ingestion d’une feuille de mandarine le rendrait-il plus performant que tout autre?
Quoi qu’il en soit: la plus grande prudence est de mise dans le choix des compléments alimentaires, dont le descriptif ne nous met pas assurément à l’abri de toute surprise désagréable, mais dont toute personne responsable en assumera la responsabilité, justement!
Dr méd. vet. Pierre-Alain Glatt
Chef de la Commission vétérinaire