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Quarantaine, vol long-courrier et foin américain: les préparatifs de voyage pour Tokyo 2020

21 juin 2021 09:00

Les voyages outre-mer avec des chevaux représentent toujours un grand défi. Et lorsqu’une pandémie vient brouiller les cartes et qu’une délégation complète composée de quatre disciplines doit arriver en bonne santé, en bonne condition, à temps au bon endroit, la logistique s’apparente à un exercice périlleux.

De retour sur la terre ferme! Aussi dans l’avion, les chevaux ne sont pas isolés, mais restent en contact avec d’autres compagnons de voyage à quatre sabots. (Photo: Peden Bloodstock GmbH) De retour sur la terre ferme! Aussi dans l’avion, les chevaux ne sont pas isolés, mais restent en contact avec d’autres compagnons de voyage à quatre sabots. (Photo: Peden Bloodstock GmbH)

Nous tous sommes impatients de pouvoir suivre, sur nos écrans, les premières compétitions olympiques en direct de Tokyo. Or pour que cela puisse se faire, les jours, les semaines et les mois jusqu’au jour J sont planifiés dans les moindres détails. Pourtant, la pandémie actuelle nous rappelle constamment que ce qui était valable hier n’est plus absolument d’actualité aujourd’hui. Ainsi, les préparatifs de voyage pour les bipèdes et les quadrupèdes de la délégation requièrent une grande souplesse et des nerfs d’acier.

Rien n’est comme avant

En fait, les Jeux Olympiques auraient dû avoir lieu il y a une année, mais ils ont été reportés à 2021 pour cause de coronavirus. Donc, pour les préparatifs de voyage, il suffit de ressortir les documents de l’an passé du tiroir. Ou pas? «Malheureusement pas!», explique Evelyne Niklaus, directrice sportive, responsable de la logistique olympique à la FSSE qui accompagnera la délégation au Japon. «De nombreuses exigences changent à très court terme. Certains formulaires doivent être remplis à nouveau pratiquement chaque jour, ils doivent être signés et envoyés au Japon. Les organisateurs et les autorités à Tokyo exercent une forte pression afin que les délais souvent très courts soient respectés.»

Si les vols des athlètes suisses ainsi que de leur entourage - fortement réduit en raison du COVID - sont réservés par Swiss Olympic, les dates de voyage doivent être indiquées par Evelyne Niklaus. Ces plans de vol avaient déjà été calculés pour 2020, mais la situation était alors totalement différente: «A l’époque, Swiss proposait des vols quotidiens vers la capitale japonaise, mais aujourd’hui, il n’y a plus que trois ou quatre vols par semaine», explique la cheffe de la délégation.

Prêt pour l’embarquement: de tels box de transport sont finalement rangés dans la soute de l’avion-cargo. (Photo: Peden Bloodstock GmbH) Prêt pour l’embarquement: de tels box de transport sont finalement rangés dans la soute de l’avion-cargo. (Photo: Peden Bloodstock GmbH)

Un timing minutieux

A leur arrivée à Tokyo, les passagers «olympiques» doivent tout d’abord passer un test COVID-19 et attendre le résultat pendant trois heures en quarantaine. Ce n’est qu’ensuite qu’ils sont autorisés à se rendre au village olympique. Il faut également savoir que les délégations étrangères ne sont pas autorisées à avoir des contacts avec la population indigène afin de limiter au maximum le risque d’une vague d’infections. Donc pas de visite touristique, à part le fait de regarder par la fenêtre des navettes mises spécialement à disposition des athlètes car les transports publics sont également tabous pour les étrangers dans le pays.

Pour ce qui est des dates de vol, il faut tenir compte d’un certain nombre d’éléments comme le souligne Evelyne Niklaus: «Les grooms voyagent avant les chevaux et les cavalières et cavaliers plutôt après. Comme les avions de ligne atterrissent tard dans la soirée alors que les avions de transport des chevaux arrivent aux premières heures du matin, les grooms doivent arriver un ou deux jours plus tôt compte tenu de la période de quarantaine due au test COVID-19, des délais d’attente pour les accréditations, etc.» Tout cela doit être pris en compte dans la planification - un travail de titan.

Des chevaux dans l’avion-cargo

Pour que les athlètes à quatre pattes arrivent à Tokyo en pleine santé et prêts à fournir des performances de haut niveau, ils doivent subir une quarantaine stricte avant leur départ. Pour cela, les chevaux suisses de CC, de Dressage et de Para-Dressage seront logés dans une écurie de quarantaine centralisée à Aix-la-Chapelle où les chevaux olympiques de plusieurs délégations européennes seront regroupés. Durant la quarantaine de 7×24 heures, les chevaux subiront des contrôles sanitaires réguliers qui seront soigneusement documentés. Seul un nombre très limité de personnes aura accès à l’écurie de quarantaine qui sera protégée par un dispositif de sécurité très sophistiqué. Quant aux chevaux suisses de saut d’obstacles, ils effectueront leur quarantaine dans une installation appropriée en Suisse. S’il s’avère au cours de la quarantaine qu’un des chevaux n’est pas en bonne santé, il ne sera pas autorisé à voyager. C’est pourquoi les montures de réserve seront également mises en quarantaine.

A la fin de leur quarantaine, les chevaux sélectionnés - au maximum quatre par équipe - seront transportés en camion à l’aéroport de Liège (BEL) où ils seront transbordés dans des boxes de transport mobiles qui seront ensuite chargées l’une après l’autre dans le ventre des gros avions-cargos. Jusqu’à 40 chevaux par avion voyageront ainsi durant 18 heures en direction de Tokyo - avec une petite escale à Dubaï pour faire le plein. A 2 h du matin, les chevaux pourront à nouveau fouler la terre ferme et après les formalités d’importation, ils pourront rejoindre leurs écuries dans le parc équestre de Tokyo.

Et qui s’occupera du bien-être des chevaux? «Un groom est autorisé sur le vol pour quatre chevaux et il y a également un vétérinaire à bord», informe Evelyne Niklaus. Les accompagnateurs ne seront pas obligés de dormir sur la paille car ils disposeront d’une petite cabine avec des sièges.

Le voyage des chevaux est coordonné et organisé par la société allemande Peden Bloodstock, qui assure le transport aérien de chevaux du monde entier depuis plus de 70 ans.

Pas de transport de matériel par voie maritime

Normalement, le transport de matériel pour les Jeux Olympiques est coordonné par Swiss Olympic et il aurait dû être effectué dans des conteneurs de fret maritime pour Tokyo 2020. Or, sachant que la voie maritime est beaucoup plus longue que la voie aérienne, ces conteneurs auraient déjà dû partir au mois d’avril. Cependant, en avril, au vu de la situation sanitaire, on ne savait pas si les Jeux Olympiques pourraient avoir lieu, c’est pourquoi les plans ont été modifiés.

Le matériel sera donc transporté par avion avec les chevaux. De cette façon, on est sûr d’avoir ce dont nous avons réellement besoin et non pas, par exemple, des aliments pour des chevaux qui en fin de compte ne seront pas sélectionnés.

Des échantillons de foin des Etats-Unis. Ce genre de foin sera distribué aux chevaux pendant les JO de Tokyo 2020. La FSSE en a commandé un chargement afin que les chevaux avec leur estomac sensible puissent s’y accoutumer en Suisse déjà. (Photo: FSSE/Cornelia Heimgartner) Des échantillons de foin des Etats-Unis. Ce genre de foin sera distribué aux chevaux pendant les JO de Tokyo 2020. La FSSE en a commandé un chargement afin que les chevaux avec leur estomac sensible puissent s’y accoutumer en Suisse déjà. (Photo: FSSE/Cornelia Heimgartner)

Du foin d’Amérique

Lors d’un tel événement, le fourrage des chevaux représente un défi très particulier. Seule une liste limitée et définitive de concentrés a été approuvée pour l’importation. Toutes les fédérations nationales ont pu faire des propositions concernant les aliments devant figurer sur cette liste mais toutes n’ont de loin pas pu être prises en compte. Le foin ne peut pas non plus être importé au Japon. Et comme le Japon ne dispose pas de réserves de foin suffisantes pour couvrir les besoins des chevaux olympiques, du foin a été importé des Etats-Unis. Or, la composition de ce foin diffère sensiblement de celle du foin européen. Afin que cela ne devienne pas un problème, la FSSE a pris ses précautions. «Avec d’autres pays européens, nous nous ferons livrer un chargement de ce foin à l’avance afin que les chevaux olympiques suisses puissent s’adapter lentement à ce nouveau fourrage», assure Evelyne Niklaus. Les Jeux Olympiques de Tokyo sont donc aussi une véritable aventure en termes de logistique! Les préparatifs battent leur plein afin que les athlètes bipèdes et quadrupèdes puissent voyager sans souci pour réaliser leur meilleure performance au bon moment. On croise déjà les doigts!

Cornelia Heimgartner

Voilà comment les chevaux ont été chargés pour voyager à Tokyo en avion en 1964. (Photo: Alban Poudret) Voilà comment les chevaux ont été chargés pour voyager à Tokyo en avion en 1964. (Photo: Alban Poudret)

Souvenirs des Jeux Olympiques de Tokyo 1964

par Marianne Fankhauser-Gossweiler

Avant les Championnats d’Europe et du monde ainsi qu’avant les Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, j’ai été convoquée par la FSSE avec «Stephan» pour un entraînement avec Henri Chammartin et Gustav Fischer à Berne, au DFCA. En ce temps-là, l’aide sportive n’existait pas et on n’avait pas de sponsors. Le boxe ainsi que le fourrage de mon cheval au DFCA ainsi que ma chambre dans le petit hôtel «Schweizergarten» à la Papiermühlestrasse ont été payés par mon père.

Pour les Jeux Olympiques 1964, j’ai reçu la tenue officielle, ou plutôt une partie de la tenue. Une jupe de couleur crème et un blazer rouge avec un chapeau de paille clair prévus pour l’entrée des athlètes lors de l’ouverture des jeux et pour la cérémonie de clôture, ainsi qu’une tenue «pour tous les jours», à savoir une jupe grise et un blazer bleu avec un chapeau bleu. Par contre, j’ai dû moi-même acheter les blouses blanches faisant partie de la tenue ainsi que les chaussures. Une paire de chaussures claires pour aller avec le blazer rouge et une paire noire pour le blazer bleu étaient prescrites par le comité olympique.

Le 7 octobre 1964, j’ai pris le même avion que nos chevaux pour Tokyo. Nous avons dû atterrir à cinq reprises pour faire le plein du DC-6. De plus, nous avons subi une panne plus longue à Rangoon et nous avons dû attendre très longtemps sur le tout petit aéroport. L’un des moteurs avait pris feu et il y avait de terribles détonations. Le service du feu arrivé en renfort, une petite voiture rouge avec un équipage de trois hommes et un tuyau d’eau, ne fut pas d’une grande aide. En effet, les hommes ont pris le large avant que le tuyau d’eau fonctionne. Voyant cela, le pilote a poussé les hélices à fond et le puissant courant d’air a éteint les flammes. Mais il a fallu commander les pièces de rechange pour l’avion. La cérémonie d’ouverture du 10 octobre dans le grand stade était terminée lorsque nous sommes arrivés à Tokyo avec les chevaux, après un voyage de 60 heures.

Extrait du livre anniversaire de la FSSE
«120 ans de sport équestre en Suisse »

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